LOVE(LESS) - TOME 2

BONUS : That boy

— Ellya, tu sais ce que j'aime le plus en toi ?

Elle leva les yeux au ciel en le devançant d'un pas rapide.

— Quoi donc, Daniel ?

— Ton gros cul de vache magnifique.

Elle s'arrêta brusquement avant de pivoter, si vivement qu'elle atterrit contre sa poitrine. Le bel homme sourit effrontément en conservant ses mains aux doigts fins contre son veston noir. Il pencha la tête sur le côté pour capturer ses lèvres, mais elle se fit plus rusée, s'échappant de son emprise en tournoyant dans sa jolie robe en tailleur blanche. Sa femme se mit à mimer ses mots en exagérant ses expressions faciales, trahissant évidemment sa désapprobation.

— T'es con, Danny Dan.

— T'es belle, Elly Elle.

La maman tourna les talons, un sourire aux lèvres. Il trouvait toujours le moyen de la faire sourire, n'importe où, n'importe quand.

C'est bien comme ça qu'il m'a charmée, se dit-elle en se remémorant leurs premiers émois.

Jamais en dix-sept ans de mariage elle ne regretta son choix. Dix-sept ans. Ça paraissait loin pour certains, mais tout frais dans la mémoire de ce couple que les épreuves avaient rendu solide. Leurs filles de seize ans et leur fils de douze ans étaient venus compléter le tout.

Daniel marcha plus vite en tentant de rattraper sa femme qui se perdit évidemment dans les différentes salles de la prestigieuse école secondaire, Eleanor Roosevelt High School. Eden et Naomi présentaient le théâtre de Roméo et Juliette avec quelques-uns de leurs camarades. Les deux jeunes adolescentes parfaitement identiques pouvaient échanger leurs places au courant de la prestation si jamais il y avait un problème.

— Attends, Ellya, la salle 2324 c'est ici.

La brune se stoppa dans son élan et rejoignit son mari. Tentant de lire l'invitation par-dessus son épaule, elle se hissa sur la pointe de ses bottines à talons hauts.

— Bon OK, tu pousses la porte.

— Pourquoi moi ?

— Parce ce qu'on est en retard et c'est toi qui aura l'air d'un con, pas moi.

Il plissa les yeux dans sa direction.

Elle gloussa, une main sur sa bouche.

Soupirant de découragement, talonné par sa femme, il poussa la porte, et pénétra dans la noirceur du théâtre. La première scène se jouait déjà entre Roméo et Benvolio

— Bah ! Je me suis perdu moi-même ; je ne suis plus ici ; ce n'est pas Roméo que tu vois, il est ailleurs.

— Dites moi sérieusement qui vous aimez.

Les parents se faufilèrent entre les bancs jusqu'à leur fils qui leur gardait des places proche de l'avant de la salle. Ellya embrassa son garçon sur le front avant de prendre place à sa gauche, Daniel, à sa droite.

— C'est qui le gars qui joue Roméo ? chuchota Daniel à l'oreille de son fils, Loan.

— Je sais pas p'pa. Mais je sais qu'Éden le connait.

Il fronça les sourcils. Quoi qu'il en était, personne n'allait embrasser sa fille sur cette scène. Il reporta son attention sur la pièce de théâtre en soufflant.

— Dis donc à un malade de faire sérieusement son testament ! Ah ! ta demande s'adresse mal à qui est si mal ! Sérieusement, cousin, j'aime une femme, déclare ledit Roméo.