LOVE(LESS) - TOME 2

FIFTEEN (1)

Mes mains se mirent à trembler autant que ses lèvres tremblent en prononçant mon nom.

Encore et encore.

Non.

Je regardai celle qui avait si longtemps fait souffrir mon père et qui, pour moi, avait accepté de lui donner maintes et maintes chances de se reprendre. Et tout ce que ces chances avaient données étaient des erreurs bien pires que les premières. Pendant un instant, j'admirai la patience que mon père avait, sa tolérance. Parce que tout ce que j'avais envie de faire en ce moment, était de la jeter par la fenêtre juste derrière elle, refusant d'entendre un mot de sa bouche.

Mes yeux se brouillèrent de larmes et je tanguai un court instant avant que le visage inquiet de Mya occupe mon champ de vision.

— Pourquoi tu ne l'as pas faite partir ? Articulai-je difficilement en détaillant avec dégout la femme qui sanglotait silencieusement en voyant mon expression.

Oh ce n'était pas une simple femme.

C'était ma mère.

Et c'était ce qui m'énervait le plus.

Je ne voulais pas être l'enfant de ce monstre.

Plus jamais.

— Pourquoi ? Fis-je plus fort.

— Parce que, Elly...

— Non ! La coupai-je brusquement. Non, il n'y a pas de parce que. Sors.

Toute la fureur accumulée pendant tant d'année refit surface, me fit suffoquer de douleur pendant qu'un flot de larmes interminable se déversait sur ses joues. Elle avança encore vers moi, une main devant elle.

— Je...

— Sors.

— Non, Ellya... Il faut que tu m'écoutes.

— Il n'y a rien a dire. Pars.

— Ellya, murmura Mya dans mon oreille, la panique lui crispant le visage.

Je secouai la tête, me dégageant violemment de la prise de Mya sur mon bras et me dirigeais à pas fermes vers la porte de mon bureau, l'ouvrant à la volée. Elle claqua durement sur le mur alors que je serrais les poings pour masquer les tremblements dans mes mains.

— Pars ! Hurlai-je. Je ne veux pas parler avec toi ! Je ne veux pas te voir !

— Ellya, ne me fais pas ça, s'il te plait...

— Tu as tué papa ! Continuai-je sur le même ton. Tu as été égoïste, menteuse, traitresse, narcissique, radine, hautaine, même avec ta propre fille !

— Je n'ai pas tué Matthew, chuchota-t-elle entre deux sanglots.

Je me sentais devenir rouge de rage. Mes ongles s'enfoncèrent profondément dans mes paumes, laissèrent des traces ensanglantées dans celles-ci.

— Il n'aurait pas commencé à fumer en s'inquiétant pour toi alors que tu allais te prostituer dans les bars, hein !

— Je ne me prostituais pas ! S'écria-t-elle, une grimace horrifiée lui déformant la bouche.

— Je m'en fous ! Hurlai-je à m'en écorcher la gorge. Tu m'utilisais pour parvenir à tes fins  ! "Dors à minuit", OK, je dormais à minuit ! Mais pour quoi faire ?  Pour que tu puisse emmener des bites dans la maison pour remplir ton  sale trou ! Tu es partie, tu m'as laissée, moi et papa pour partir avec ton salop ! Dis-moi ce qu'il avait que nous n'avions pas, hein ?! Dis-moi ! 

Je perdais le contrôle de moi-même.

Les tremblements se propageaient dans tout mon corps, mes ongles avaient blessé mes mains.