EIGHTEEN - D. (2)

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J'allais passer la porte, mais elle me retint, elle aussi.

— Écoute, cette fille n'est pas faite pour toi...

Elle se leva de son siège sur mon lit et s'avança vers moi en se triturant les doigts. Son air était profondément inquiet, son front était plissé alors qu'elle faisait les cent pas devant moine sachant par où commencer.

Et pourtant, moi, je savais clairement ce que j'avais à lui dire.

Une bulle de colère mélangée à toute la fatigue de la soirée rompit ma dernière réserve avant l'explosion.

— Et qu'est-ce que tu en sais, d'elle, hein ?!

Ses yeux prirent d'abord une expression surprise avant qu'elle ne les plisse avec avertissement.

— Daniel...

— Non, pas de Daniel tout de suite. Là, je pars et tu n'auras pas ton mot à dire là-dessus.

— Elle est trop brisée pour que tu puisses y faire quelque chose.

— Je l'avais réparée avant que tu ne me fasses ça ! M'écriai-je, hors de moi.

Sa bouche s'entrouvrit de surprise, mais ses lèvres bougèrent sans émettre un seul son. Je sentis la veine sur ma tempe palpiter furieusement alors que la gueule de bois reprenait de plus belle. Je fis de nouveau face à ma mère dont les yeux s'étaient remplis de larmes.

— Tu... m'as présenté à cet homme avec une idée bien claire derrière la tête en sachant qu'Ellya venait. Tu l'as laissé me droguer, abuser de moi, de mon argent...

— Non, Daniel...

— Non, c'est bon, c'est fini, c'est clair. J'suis un grand garçon, maman. Un grand garçon de vingt-neuf ans, pas dix-neuf. Tu peux garder tes opinions pour toi et me laisser vivre ma vie comme je l'entends, pas comme toi tu le veux. J'aime Ellya et je veux la garder dans ma vie aussi longtemps que possible. Et je ne t'attendrai pas pour que tu gâches ma vie, lâchai-je d'une traite.

Des larmes coulèrent sur ses joues pendant qu'elle enfouissait les mains dans les poches arrières de son jean et baissait les yeux sur ses bottes à talons noirs. Toujours sur son trente et un, peu importe la situation. J'étais même certain que si je mourrais, elle allait s'habiller classe et allait oublier ma mort du jour au lendemain comme si rien n'était arrivé.

Je débouchai dans le couloir, ne trouvant rien d'autre à ajouter.

— Je ne veux juste pas que tu partes comme ton père.

Je me figeai.

Les seules fois où elle parlait de mon père, c'était soit pour me reprocher ou me comparer à lui. Et là, je sentais seulement que je me faisais insulter.

Je lui refis face. Elle se tenait contre la chambranle de la porte en tambourinant sur celle-ci avec ses ongles.

— Je ne suis pas papa, Cat. Je ne vais pas partir. Mais en essayant de tout contrôler dans ma vie comme tu le fais maintenant, crois moi, je vais vite me lasser.

Je la plantai là et appuyai maintes fois sur le bouton de l'ascenseur en fermant les yeux pour déjouer les vertiges qui faisaient danser mes yeux. Je me frottai le visage de la paume, lorsque l'ascenseur tarda. Je ne savais absolument pas si elle était encore la ou pas, mais une chose était sûre, il allait falloir que je rame pour la récupérer. Et ramer très fort.

— April est revenue en ville.

Au début, sa voix ne me vint que comme un murmure. Mon cerveau n'eut pas le temps d'analyser ce qu'elle avait dit que l'ascenseur s'ouvrait devant moi. Comme une invitation. L'ignorer ou pas ? Partir ou pas ?

LOVE(LESS) - TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant