EIGHT (1)

5.1K 458 41
                                    

Je sortis de chez lui quelques minutes après son départ, le temps de me remettre du choc provoqué par son attitude inexplicable. Le vent froid de fin octobre me cingla le visage alors que je mettais le pied dehors, uniquement vêtue de ce putain de short et de débardeur que Mya m'avait obligée à mettre. Tout le monde, absolument tout le monde dans l'appartement m'avait toisée comme si j'étais une prostituée. Et voilà que je devais prendre le bus ou marcher jusqu'à chez moi étant donné que je n'avais pas de voiture.

Putain de merde.

Je marchai sur le trottoir en resserrant mes bras autour de moi, frigorifiée. Mes cheveux volèrent partout alors que je marchais en sens contraire du vent. Je m'arrêtai devant la porte d'un restaurant ou j''ouvris mon portefeuille a la recherche de sous pour pouvoir au moins rentrer en bus.

Deux dollars cinquante.

Putain, il me manque vingt-cinq sous et je n'ai que des billets.

J'eus envie de hurler pendant un long, très long moment.

Je fis le tour de moi-même en me mordillant la lèvre et en regardant les gens passer, refusant de mendier pour un vingt-cinq sous. Je rangeai rageusement la monnaie dans la poche du short avant de reprendre la route pour chez moi... à pieds.

J'essayai de marcher plus ou moins vite pour ne pas avoir froid trop longtemps, mais c'était mort. De toute façon, je n'allais pas arriver chez moi avant onze heures.

Il était neuf heures. Deux heures de plaisir.

Youpi.

Mes talons claquèrent sur le béton alors que je contournais tous les travailleurs qui se rendaient à leurs entreprises, les touristes et les vendeurs sur le trottoir. Les bruits de taxis se confondaient avec la profonde détresse qui agitait mon être.

Pourquoi ?

Qu'est-ce que j'ai fait de mal pour qu'il me traite de la sorte ?

Une brise glaciale me fila tout un tas de frissons alors que je m'abritai sous un arrêt de bus fermé. Tremblante, je m'assis sur un banc, attendant qu'un bus arrive en recomptant mes sous. Il fallait que j'aie le montant exact, ce n'était pas juste.

Deux dollars cinquante. Encore.

Et mon cellulaire était déchargé.

Et si je prenais un taxi, il faudrait que je paie au moins soixante dollars. Je n'en avais que cinquante.

Je fermai les yeux en m'appuyant contre le mur derrière moi. J'étais dans la pire et la plus profonde des merdes. Les larmes me montèrent aux yeux alors que je rejouais la scène de ce matin mentalement. Alors c'était ça ? Il m'avait mise dans son lit et basta ?

Je le savais. Putain, je le savais tellement.

Je me pris la tête entre les mains. Encore un autre salopard à ajouter sur la liste.

Il m'avait traitée comme une pute. Il aurait pu au moins me payer.

J'aurais au moins eu ce mérite.

Je ravalai mes sanglots en penchant la tête vers la gauche pour surveiller l'arrivée d'un bus. Rien à l'horizon.

Sauf une Lexus noire qui se gara en trombe juste devant moi. La vitre se baissa du côté passager laissant entrevoir un homme aux cheveux terriblement bouclés et longs, des lunettes de soleil sur le nez.

J'eus le réflexe de lever la tête vers le ciel qui n'arborait pas de nuage.

Ce mec, je l'avais déjà vu quelque part...

LOVE(LESS) - TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant