A chacun ses raisons.

14 1 0
                                    

Pdv Monster.

J'essuie la vaisselle que Jin vient seulement de laver et je finis par exploser mentalement de tout ce silence.

- Écoute Jin.. Je suis désolé d'avoir profité de ta gentillesse..

- Tu t'excuses toujours à tes victimes ?

Me dit-il en riant.. Mais ce mec il est vraiment singulier ma parole ! A chaque fois il me surprend, impossible de savoir ce qu'il pense dans son crâne !

- Que je sache, je ne t'ai rien fais..

Je ronchonne tel un gamin mécontent et je le fais de nouveau rire. Il prend un autre linge pour m'aider à essuyer.

- Si, je me suis faits attaqué par du riz.. Si on peut encore identifier cela ainsi..

- C'est bon, je les ai pas non plus irradié tu sais !

Dis-je de manière faussement vexé. Il me sourit heureux et je finis par observer la boite à moitié essuyée que je tiens dans ma main et la pause sur le rebord de l'évier.

- Jin.. Comment fais-tu pour pouvoir rire avec moi alors que de base j'étais sensé te tuer ?

- Parce que tu étais seulement censé. Et puis.. Je n'arrive pas à avoir peur de quelqu'un qui a un regard aussi triste. Tout comme tes deux acolytes. Vous semblez tellement atteint. Je sais que vous n'êtes pas mauvais, que vous avez vos raisons comme moi j'ai les miennes pour avoir créé cette structure.

Je n'arrive même pas à le regarder. Je garde ma tête baissée vers cette boîte que je ressers dans ma main. Comme si forcer dans mes poings allait retenir mes larmes.

- On dit que ceux qui voient les douleurs des autres ont eux-mêmes souffert.

Ma voix est légèrement tremblante, je hais quand on lit en moi, qu'on sache mes émotions, et rien que là je hais cette eau salée dans mes yeux, si amer pour ma fierté.

Il dépose sa main dans mon dos et je finis par tourner mon attention visuelle vers lui. Son état est similaire au mieux sauf qu'en plus de ces quelques gouttes coulant sur son visage, il essaye de me sourire.

- J'ai raison.. Toi-même tu as souffert.

Il baisse la tête à son tour, se souvenant surement de ses malheurs et un hockey de pleur lui échappe m'arrachant quelques larmes de plus. Je lâche une deuxième fois ma boîte et le prends dans mes bras donnant une image de deux idiots pleurant dans une cuisine mal éclairée.

On est tous deux assis sur nos lits à fixer le mur face à nous. On attend que l'un de nous brise le silence mais nous ne savons pas quoi dire.

- Joon. Tu peux me raconter pourquoi tu es parti de chez toi ?

Un sourire de façade s'anime sur mon visage.

- Je n'étais pas vraiment chez moi.. Ma petite sœur est partie en même temps que ma mère laissant mon père et moi ensemble. On ne nous a jamais donné une quelconque raison. On échangeait peu, il n'était pas vraiment bavard et il préférait travailler que se soucier de moi. Il me disait assez intelligent et mature pour me débrouiller sans son aide. Je me suis toujours senti seul, j'avais toujours un manque en moi. Mais au fond, qui est vraiment accompagné ? Qui ne s'est jamais senti seul ? La vie se résume à la crainte et à la solitude. Il n'y a pas de contraire à solitude. Rien, aucun mot pour désigner son inverse. Mais.. J'avais une personne qui était avec moi, ma sœur. On avait réussi à garder contact, on essayait de se voir au maximum, rester une vraie famille. Et puis.. Elle a fini par ne plus me répondre, me laisser dans le froid et ensuite, partout où j'allais et que quelqu'un la connaissait, des rumeurs se dissipaient, comme quoi j'étais un monstre. J'ai appris grâce à cette rumeur que je n'étais pas le fils de sa mère. Que j'étais déjà né quand mon père avait rencontré la mère de "ma sœur" et que je ressemblais beaucoup trop à l'ex de mon père et que par cette ressemblance il ne l'avait jamais oublié. Elle est morte en prison, c'était une prostituée qui avait beaucoup de dettes et qui a fini par tuer ceux à qui elle devait de l'argent. En rentrant j'ai demandé à mon père si c'était vrai.. Sa rage et son dégoût que j'ai pu enfin remarquer ont confirmé mes craintes. Je n'avais jamais eu d'ami, je n'avais jamais cherché à m'intégrer, tous ceux qui connaissaient mon passé me regardaient avec pitié ou dégoût. Et j'ai préféré partir de chez l'homme avec qui je vivais.

- Et c'est pour ça que tu es ici ?

Je lui souris misérablement, lui faisant comprendre que cette histoire n'était que le début des raisons de la noirceur de mes actes de maintenant. Il baisse la tête et finit par lui-même parler sans que je n'aie à lui poser ma question sur son passé. Comme si, quand lui m'avait fait sa demande, un pacte avait été signé pour que lui aussi à son tour m'en fasse part.

- J'avais une meilleure amie depuis ma tendre enfance. Quelqu'un de pur et qui ne m'a jamais menti, jamais trahi, qui savait être là quand ma famille ne l'était pas. On a grandi ensemble et nous n'avons jamais cherché à se mélanger à d'autres personnes car nous étions toujours ensemble. Un jour, elle a eu un accident à cause de deux hommes qui lui sont tombés dessus. Elle s'est fracassée la boîte crânienne contre le béton et elle a eu une amnésie. Elle avait tout oublié de son passé. Ca m'a prit plus de cinq ans pour combler se vide et que tout revienne comme avant. Elle était ma seule famille car je n'étais proche que d'elle. Et.. le soir de son anniversaire, je me suis pressé comme un fou pour la rejoindre après son cours du soir. J'en avait oublié mon portable, Je l'ai vu de l'autre côté de la route, elle a voulu me rejoindre et juste en face de moi, un camion est passé. Elle a giclé comme un jouet.. Et l'homme.. au lieu d'appeler les secours.. il a accéléré pour rouler sur son corps et s'enfuir.

Je suis foudroyé d'un dégout infâme de l'acte de barbarie que Jin vient de me faire part. Par cet acte inexplicable qu'un être humain peut faire.

- L'homme n'a jamais été trouvé car la police ne l'a jamais cherché. Elle était trop occupé par d'autre incidents, des actes humains. Je me répète encore et encore que chacun à ses raisons, mais j'ai beau me retourner dans l'esprit cet acte, je n'en trouve aucune.. A part que cette personne cherchait à la tuer dès le départ.. Car même un tueur aurait été surprit de faucher un être humain qu'il ne connaissait pas.. non ??

Je prends cette âme brisée dans mes bras et lui murmure à l'oreille quelque chose qui m'échappe, comme si je n'étais pas une de ces personnes..

- Nous ne pouvons pas comprendre ce que nous ne sommes pas..

Mes paroles ne le choquent pas, comme si il ne voyait pas en moi un tueur.. Pourquoi voit-il quelque chose en moi que moi-même je n'arrive pas à voir ?

Tueurs à gage.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant