Chapitre VII

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J'avais l'impression que les journées étaient passés lentement, très lentement. Gwenaëlle allait de mieux en mieux chaque jour et quand mercredi était enfin arrivé, le stress m'avait envahi dès le réveil. J'avais passé la matinée à tourner en rond, à regarder l'horloge toutes les deux minutes, ma colocataire essayait de me distraire mais rien ne marcher. J'avais l'impression d'être une adolescente qui allait à son premier rendez-vous. C'était le cas.

Je partis une heure en avance et regardais ma tenue à chaque vitrine que je voyais, elle n'était pas exceptionnelle mais je ne pouvais pas m'en plaindre, c'est un quasi-miracle d'avoir un pantalon et un t-shirt en bonne état. Leblanc de celui-ci faisait ressortir ma pâleur naturelle. Je ne savais pas quelle heure il était quand j'arrivais chez lui mais je m'en fichais un peu, je sonnais à la porte, inquiète et excitée en même temps.

- Bonsoir Rima, t'es en avance, dit Grégory en m'ouvrant la porte avec grand sourire.

- Salut.

Ma voix me paraissait bizarre, mal assurée, j'étais gênée. Il m'invite à rentrer avec une petite révérence qui me fis sourire. A droite de l'entrée il y avait un escalier et deux portes, de l'autre côté, une pièce d'où se dégageait une délicieuse odeur qui me fis saliver. La cuisine. Nous passions devant pour rejoindre, de ce que j'ai pu entrevoir,tout ce qu'il y avait été dès plus moderne.

Gregory m'invita à m'asseoir sur un canapé noir, en face, deux fauteuils assortis et au milieu de ces meubles une table basse en bois vernis

- Le repas sera prêt dans un quart d'heure, tu veux boire quelque chose en attendant ?

- Pourquoi pas.

Il s'en alla chercher les boissons, j'en ai profité pour examiner plus attentivement le lieu. Les murs étaient rouges, sous mes pieds, un plancher noir. Par delà les sièges, une cheminée, un feu crépité, une lampe de sol à côté.Le mur de gauche est couvert entièrement d'une gigantesque bibliothèque tandis que le côté droit est plutôt vide, une plante dans un coin, un petit meuble avec une chaîne hi-fi et trois tableaux de paysages.

Mon hôte revient avec une bouteille et deux verres.

- Je n'ai que du whisky pour l'apéritif, je n'ai pas pensé à faire des courses. Ça te convient ?

- Je n'en ai jamais goûté.

- Ça va être l'occasion alors !

Il déposa les récipients sur la table basse et nous servit. Une odeur fruité assaillis mes narines avec une légère touche de café qui me rappela le travail.

- Celui-ci n'est pas très fort en goût, me précisa Gregory en me tendant ma boisson.

- Merci.

Je regardais le liquide ambré,j'avais déjà vu des gens en boire pour se tenir chaud en hiver ou juste pour le plaisir mais la plupart terminés ivre. Je n'avais jamais bu d'alcool auparavant. Je bois une gorgée, un goût floral et citronné en premier, ensuite cela se termine par de la poire et du caramel. Ma gorge me brûlait mais s'était supportable.

- Alors ? Tu aimes bien ?

- C'est pas un truc que je boirai tous les jours. C'est assez...fort.

Il me sourit puis me dit qu'il va voir le plat. J'en profitai pour me lever et faire quelques pas, mes jambes me paraissait peser des tonnes tellement j'étais nerveuse. Je me stoppais devant la cheminée, le crépitement du feu me calmait, j'inspirais profondément.

Soudainement, un voile noir se déposa sur mes yeux.

- C'est pour l'effet de surprise, me précisait-il.

Il prit ma main et lentement, il m'entraîna à sa suite. Il posa une main sur ma hanche en me précisant de faire attention et nous montions les escaliers. Nous marchions encore quelques secondes puis nous nous arrêtions.J'entendis une porte s'ouvrir et il me fit entrer. Je le laissais me guider, pour je ne sais quelle raison, je lui faisais confiance, je le connaissais pas tant que ça mais je lui faisais confiance.

Bruit de coulissement, légère brise d'air sur mes bras nus, quelques pas, une chaise que l'on recule et il me fit m'asseoir.

- Je t'enlève le bandeau dans trois,deux, un...

Je recouvris la vue et restais stupéfaite. Nous étions sur un balcon avec un magnifique panorama sur l'Empire, le contraste entre les rues éclairées et mouvementées des quartiers riches et l'obscurité de ceux des pauvres est hallucinant de cette hauteur, au loin le château de l'Empereur qui surplombé le tout paraissait terrifiant.

J'étais attablée à une table recouverte d'une nappe blanche immaculée, des roses coupées décorées celle-ci une bouteille de vin rouge trônait au milieu,des petites bougies donnaient une atmosphère romantique. Devant moi,une assiette recouverte d'une cloche métallique. Il s'installe devant moi, un sourire sur nos visages. J'étais heureuse.

- Dégustons ce plat ! S'exclame-t-il en levant sa cloche.

Je le suis et découvre un pavé de saumon avec des petits légumes, le tout présenté gastronomiquement. L'odeur qui s'en échappa fit crier mon estomac de faim bruyamment. Je rougissais de honte tandis que Grégory, galant comme il était, fit mine de rien. Le repas se passa avec une bonne ambiance qui remplissait mon cœur d'euphorie. Le plat principal était d'une simplicité, une simple assiette de riz avec de la ratatouille avec du veau pourtant mes papilles se régalaient.

- C'est toi qui a cuisiné ? Demandais-je entre deux bouchées.

- Oui, j'ai appris avec un des cuisiniers​ qu'employé mon père, un homme qui m'était cher.

Quand nous terminâmes nos plats,Grégory se leva avec grâce et ramena les assiettes, j'en profitais pour souffler un peu, j'étais un peu plus détendue qu'au début,particulièrement après le whisky de tout à l'heure et aux deux ou trois coupes de vin.  Il revint quelques minutes après.

- Le temps commence à se rafraîchir, je t'invite donc à rentre te mettre au chaud pour le dessert.

- Avec plaisir.

Nous descendîmes les escaliers puis arrivions dans la cuisine où une douce odeur s'échappait, une odeur comme celle de la boulangerie des quartiers riches où ma mère m'avait une fois acheté un gâteau pour mon anniversaire.

- Rima, pourquoi pleures-tu ?

Sa voix me ramena à la réalité, je n'avais même pas senti les larmes couler sur mes joues, je les essuyais du revers de la main. Ces souvenirs étaient encore trop douloureux.

- C'est rien, t'inquiète.

Ses yeux s'attardèrent un peu sur moi avant de me sourire et de me pousser ne chaise qui est devant la table en bois vernie où deux couverts étaient installés. Je m'installais et contemplais ce qui m'entourais, les murs étaient blancs tout simplement, les meubles étaient en bois pour la grande majorité, il y avait une deux portes supplémentaires dans la pièce hors dehors de celle par laquelle on rentre. Du coin de l'œil, je voyais Grégory ouvrir le frigo et sortir une cloche métallisée comme celle qui recouvrée nos plats à la terrasse. Il y avait une petite fenêtre au dessus du four, la nuit était noire, je ne savais pas depuis combien j'étais là.

- Il est quelle heure, s'il te plaît ? Demandais-je en espérant ne pas paraître impolie.

- Et voilà, le dessert !

Il ignora complètement ma question. Il mit devant moi une part d'un gâteau recouvert de crème avec une petite rose violette de sucre dessus. Je fis impasse sur ma demande précédente et profitais juste de lui et de sa cuisine. Au cours d'une discussion où il me parla de son enfance, la sonnette de la porte nous interrompit.

- Ah enfin, il a pris son temps !

Il ? Je le regardais perplexe mais il partit ouvrir la porte sans m'accorder un regard. J'entendis une voix d'homme qui m'était inconnu. Je vis Grégory passait mais le deuxième homme m'était caché, ils se dirigèrent vers le salon. Dois-je partir ?

- Rima, tu peux venir, j'aimerais te présenter quelqu'un, m'appela Grégory du salon.

Je me levais mécaniquement, un mauvais pressentiment s'empara de moi.









Le Nouvel Ordre tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant