Chapitre XV

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Attablés, nous attendions que John parle, il passa sa main dans ses cheveux blonds puis souffla un coup avant de prendre la parole :

- Vous avez sûrement dû entendre parler du "Nouvel Ordre".

- Le groupe de rebelles avec leur avis de recherche dans toute la ville pour certains ? Demanda Gwen pour être sûr qu'on parle tous de la même chose.

- Oui, cette organisation a fait de nombreuses choses pour les pauvres que l'Empire cache comme défendre quelqu'un qui se faisait agresser par un riche ou faire sortir des innocents de prison et encore plein d'autres choses. Ils veulent changer le monde, nos vies, en mieux ! Et ils ont entendu parler de cette injustice qui te touche Rima, toi et les autres filles, et ils veulent nous aider.

- Comment tu sais tout ça, John ? 

Après la question de notre amie posée, un silence s'installa. Pendant plusieurs secondes. John sembla réfléchir à sa réponse puis un air de résignation apparu sur son visage.

- Je n'étais pas censé vous le dire mais tant pis, vous êtes mes amies et vous avez le droit de savoir, ça fait trop longtemps que je porte ce secret. Je...Je fais parti du Nouvel Ordre depuis mes quinze ans.

Je ne réalisais pas, mon meilleur ami faisait parti d'une organisation rebelle depuis le début de notre amitié et il a gardé ceci secret pendant quatre ans. je me sentais un peu blessé qu'il ne me l'ai pas dit, comme s'il ne me faisait pas assez confiance. Et si cette histoire n'aurait pas eu lieu, m'en aurait-il parlé ? Je m'en voulais d'être aussi égoïste, après tout, il essaye d'améliorer nos conditions de vie et il pouvait se faire blesser, voir tuer. Mon cœur s'accéléra à cette idée là. 

- Et c'est eux qui vont nous aider, déclara-t-il d'une voix déterminée. 

- Peut-on leur faire confiance, John ? Je veux dire, il y a-t-il aucun risque que ça empire la chose ?

- Tu penses vraiment que l'on peut faire empirer la chose ?

Je restais silencieuse, les laissant dans leur débat. Le cerveau à plein régime, je réfléchissais  puis une pensée s'imposa en moi. Quand j'attendais qu'ils se taisent mais les voyant encore prêt à débattre pendant des heures, je les interrompis.

- Amaury fait parti du Nouvel Ordre. 

John m'approuva puis il nous expliqua un peu qu'ils avaient trois espions importants dans les différentes zones de l'Empire, soit une soubrette dans le château, un garde et un membre du Conseil. 

- Le Conseil, hors dehors de prendre des décisions pour l'Empire et ses habitants, c'est aussi un lieu important de renseignement pour nous. On sait qui ils soupçonnent d'être de notre Ordre, à qui ils donnent des pots-de-vins, qui ils comptent détruire. Sans notre espion, je pense que notre Ordre aurait disparu depuis longtemps. L'année dernière, quand il y a eu la fausse "exécution" d'une jeune fille de huit ans parce qu'elle avait soi-disant volé un bijoux d'une riche, sans notre espion, on aurait été la secourir sans hésiter jusqu'à qu'il nous apprenne que c'était un piège et que la petite fille était juste une fille de riche payait pour jouer son rôle de la " fille pauvre qui vole pour nourrir sa famille". 

- On pourra rencontrer les autres membres ? Demandais-je.

- Ce soir, on se réunit pour savoir comment on va agir, je pense que vous pouvez venir, je viendrai vous chercher à une heure du matin. Mettez des vêtements noirs, attachez vous les cheveux, faîtes vous les plus discrètes possibles. Je dois y aller, j'ai laissé le café à Cassis beaucoup trop longtemps. Salut les filles.

Il se leva et repartit rapidement, la mine légèrement sombre. Gwen poussa un gros soupir avant de m'offrir un grand sourire.

- On nage en plein délire là, John, membre du Nouvel Ordre, qui l'aurait cru ? Moi qui pensait que c'était un gars qui cherchait à avoir une vie simple et sans problème. Je suis encore choquée.

- Et moi donc...

Je nous revoyais quand nous avions quinze ans, les gardes faisant une descente une nuit dans les quartiers pauvres qui frappés et tués des hommes, violés et violentés des femmes et torturés les enfants. Je revoyais John s'interposant entre un garde et sa petite sœur de six ans, mon père partit l'aider, prendre les coups à sa place, le sang jaillissant. Son corps tombait, ma mère me retenant d'y aller tandis que je criais et me débattais... Je secouai la tête, je préférais ne pas me souvenir de tout ça. 

Après trente minutes, nous allions finalement au parc, le garde de la dernière fois nous lança un regard mauvais quand nous passions à côté de lui, je voyais au loin Damien écoutant une dame âgée vêtue de tellement de bijoux que je m'étonnais qu'elle ne s'écroula pas sous leur poids. Une chose que John a dit me revint en mémoire, il y a un garde espion pour le Nouvel Ordre. Au fond de moi, j'étais persuadé que c'était lui. Je jetai un dernier coup d'œil en arrière et vis qu'il nous fixa. 

Au parc, nous nous dirigeâmes instinctivement vers le kiosque qui était heureusement vide, il n'y avait pas vraiment de gens qui venait ici, à part quelques familles avec de  jeunes enfants ou des couples de personnes âgées assis sur une couverture sous l'ombre d'un arbre. Un silence s'installa, je sentais que je devais dire quelque chose mais rien ne venait. Je savourais le calme et le silence du lieu. Gwenaëlle prit la parole :

- Je sais que tu as l'habitude de tout garder pour toi, que se soit tes sentiments ou tes problèmes mais tu as été là pour moi et je veux être là pour toi mais pour ça, il faut que tu me parles, je dois savoir ce dont tu as besoin, de quel genre de soutien je dois t'apporter et pour ça, tu dois exprimer ce que tu ressens.

Je soupirai profondément, je voulais bien lui dire mais moi-même je ne saivait pas ce que je ressens, j'avais toujours appris à tout refouler que se soit ma colère, ma tristesse, ma peur et je n'avais plus les mots pour exprimer mes sentiments.

- Je vais bien, je crois, dis-je d'une voix qui craqua vers la fin, je fondis en larmes, hoquetant et respirant difficilement. Je ne sais même pas pourquoi je pleure, articulais-je péniblement, je ne sais pas mettre des mots sur tout ça.

- Oh, Rima...

Gwen me prit dans ses bras, me caressa le dos et chuchota des mots pour me calmer. Quand nous repartîmes, le soleil était haut dans le ciel, midi passée sûrement. Nous retournions à la maison lentement, l'air frais nous faisant un grand bien. Une fois arrivées, nous mangions puis attendions tout simplement que la nuit arrive pour la rencontre qui nous excitées et effrayées à la fois.



Le Nouvel Ordre tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant