« Alea jacta est. ». - locution latine attribuée à Jules César.
Deux semaines.
Cela faisait maintenant deux semaines que je n'avais pas adressé la parole à Louis. Rien. Pas un mot, pas un appel, pas un message, pas même un mail. Et ce matin, pour la première fois depuis deux semaines je l'ai croisé. Depuis la soirée chez Aiden, je n'avais quasiment pas vu Louis à l'université. Deux possibilités trottaient dans mon esprit. Soit il m'évitait, soit il ne venait plus en cours, simplement. Cependant, maintenant, je n'avais plus besoin de penser à ça puisque là, juste là, à quelques mètres de moi, il était assis sur un banc. Il portait des écouteurs et avait les yeux rivés sur son téléphone portable. Il n'avait même pas remarqué que je le fixais depuis quelques instants déjà, ou alors il n'avait pas envie de me remarquer.
C'était totalement idiot comme démarche. C'était idiot de penser à Louis tout en sachant que ça avait été ma décision de mettre un terme à notre relation. Ça serait plutôt à lui d'avoir ce genre de pensées, pas à moi. Après tout, peut-être que c'était le cas. Peut-être qu'il y pensait aussi souvent et aussi intensément que moi.
Peut-être.
Ces mots résonnaient dans ma tête comme si c'était les seuls mots que je connaissais, les seuls que j'arrivais encore à comprendre.
- Harry, heureux de te revoir.
Je sursautais. Dave était à présent à côté de moi, son bras autour de mes épaules. Qu'est-ce qu'il fichait là ? Nous n'étions pas amis et, depuis les derniers événements, nous ne risquons pas de l'être. De plus, maintenant que je n'avais plus de rapports avec Louis, il n'avait plus aucune raison de venir me voir. D'un geste brusque, je me dégageais de son « accolade » avant de me placer face à lui.
- Qu'est-ce que tu veux Dave ? – questionnais-je.
- Comment va Yulia depuis la dernière fois.
Je serrais les dents. Il essayait de m'énerver et nous savions tous les deux qu'il était sur la bonne voie.
- Dave, je vais être très clair avec toi. Éloigne-toi de Yulia. Éloigne-toi de nous tous.
À cet instant, même si j'avais du mal à me l'avouer, je pensais à Louis. J'y pensais tellement fort que j'aurais clairement pu le nommer dans cette conversation si mon orgueil n'avait pas été si grand. Je pensais si fort à lui et à toute cette histoire que, là, à cet instant précis, j'aurais pu sauter sur Dave, et le frapper, de toutes mes forces, jusqu'à ce que mes poings me fassent trop mal pour continuer.
- Détends-toi Harry, je plaisante. – il dit, en riant.
Tandis que son rire se propageait dans l'atmosphère son poing vint se coller gentiment contre mon épaule.
Enlève tes sales pattes de mon corps. Maintenant.
- Ne me touche pas. – terminais-je par dire.
- Si l'on ne peut même plus rire avec ses vieux amis...
Amis. Amis. Pardon ? J'espère qu'il n'est pas sérieux. Je pris une grande inspiration et luttais contre moi-même pour ne pas m'énerver et l'égorger ici, là, maintenant, tout de suite. Cependant, avant que je n'aie le temps de lâcher une réplique sanglante, une main vint se poser sur l'épaule de Dave.
Louis.
Je déglutis avec difficulté. Brusquement, mon souffle se coupa et mon cœur se mit à battre plus vite.
- J'ai besoin d'informations Dave, maintenant. C'est urgent.
Puis, sans rien ajouter et il recula de quelques mètres, s'appuya sur un mur en attendant Dave. Il ne m'avait pas regardé, pas une fois. Ça me bouffait de l'intérieur de voir Louis faire ami, ami avec Dave. Je ne comprenais même pas comment s'était arrivé. Quelques jours encore avant cette surprenante amitié, Louis avait toujours Dave en horreur. Il avait même été jusqu'à se battre avec lui.
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Le serveur. [Terminée]
RomanceHaruki Murakami a dit "Même les rencontres de hasard sont dues à des liens noués dans des vies antérieures... tout est déterminé par le karma. Même pour des choses insignifiantes, le hasard n'existe pas." C'est donc grâce à ce karma que Harry fit, d...