Chapitre 9.

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« L'amitié est la similitude des âmes. » - Alcuin.

J'avais passé le reste de la pause-déjeuner à discuter avec Louis. Enfin, j'avais plus parlé que lui pour être honnête. Avec le temps, j'étais persuadé qu'il allait réussir à se confier, à parler aux autres, à me parler. Une bonne partie de la conversation était au sujet de la mort de mes parents, même si j'avais réussi à en faire le deuil et que, contrairement à Louis, j'en avais déjà beaucoup parlé, avec beaucoup de personnes, ça m'avait fait du bien. Je n'osais jamais réellement en parler avec ma tante. Je n'avais pas envie qu'elle se remémore ce genre de souvenirs et je crois surtout qu'avec elle je ne m'en sentais pas capable. Parfois, parler avec quelqu'un que l'on connaît peu, c'est plus facile.

- Alors, raconte-nous ce qui s'est passé avec Louis. - énonça Aksel tout en plaçant son bras autour de mes épaules.

- Tu sais, il n'y a pas grand-chose à dire. On a parlé, enfin surtout moi, et on a marché, rien de plus.

- Vous avez parlé de quoi ?

- Des affaires personnelles. - dis-je en riant.

- Et, vous êtes amis ? - questionna Yulia.

- C'est une bonne question. On discute ensemble, simplement.

- Fais attention à toi Harry, Louis ne m'aspire pas confiance. - ajouta mon amie.

C'est surtout qu'elle voulait absolument que je me remette avec Alberto qui était, selon elle, je cite, « l'homme idéal pour moi ». Yulia était le genre de personne à s'inquiéter, s'inquiéter beaucoup trop. Son inquiétude serait encore plus grande si elle savait que je devais revoir Louis demain matin. Pour éviter de contrarier Yulia et de créer une minuscule dispute, j'avais préféré ne rien dire sur Louis. Contrairement à elle, je n'avais pas de mauvais pressentiment, après tout, on verra bien ce qui se passera.

***

Notre après-midi de cours s'était déroulée très rapidement, presque en un battement de cils.

- Ça vous dit que l'on passe quelques heures ensemble ? - interrogea Yulia.

- Franchement, je n'ai absolument pas envie de revoir mon père. Alors, plus je serai loin de lui longtemps, mieux ça sera. Harry ?

- Je n'ai pas d'obligations. - dis-je, riant légèrement.

Rapidement, nous nous étions dirigés vers les grilles de l'université. Tandis que nous étions en route pour le parc, je ne pouvais arrêter de cogiter. Durant une grande partie de la journée, je n'avais pu m'empêcher de repenser à ce qui était arrivé à Aksel. Mon amitié avec Yulia remontait à de nombreuses années et je l'avais sans cesse charrié sur son inquiétude qui était, depuis toujours, surdimensionnée. Cependant, là, j'avais aussi un mauvais pressentiment surtout en pensant au fait que, dès ce soir, Aksel allait retourner auprès de son père. Je me doutais bien qu'il devrait, dans tous les cas, y revenir tôt ou tard, mais le plus tard serait le mieux.

- Tu sais Aksel, quand je t'ai dit que tu pouvais rester aussi longtemps que tu le voulais chez moi, j'étais sérieux. Tu peux y rester encore ce soir, même jusqu'à ce que tu te sentes prêt à rentrer chez toi.

- Merci Harry, je...

- Il n'ira nulle part. - ajouta une voix, coupant au passage Aksel dans sa phrase.

Cette voix, je la connaissais, et je n'étais pas le seul. Simultanément nous nous retournions pour apercevoir le père d'Aksel. Il s'approcha de nous de plusieurs pas, rendant la distance qui nous séparait plus courte, beaucoup trop courte à mon goût.

Le serveur. [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant