Toulaye
« Je pleure depuis des secondes, des heures, des jours, des semaines pour mes bébés. Comment ai-je pu être aussi naïve pour ne pas mettre rendu compte de ma grossesse alors que tous les symptômes étaient présents ; les vomissements, les nausées, ma poitrine qui a augmenté de volume mais je n'ai rien vu, nada. Je n'arrête pas de culpabiliser depuis que Naby m'a rejeté la faute et Dieu sait que j'essaie d'y faire abstraction...
Ce matin encore comme tous les matins, je me suis réveillée avec un énorme sentiment de vide, un vide qui me fait souffrir parce que mes bébés sont partis. J'aurais tant aimé me réveiller avec mes bébés dans mon ventre et aux côtés de mon mari, j'aurais tant aimé connaître les joies et les peines de la grossesse... »Sans m'en rendre compte mes larmes inondent mes joues, je laisse ma peine et mes douleurs refaire surface et dire que je me sentais mieux ses derniers jours. Je pensais finir avec ma phase de dépression, j'essuie mes joues avec mon mouchoir, je regarde le docteur Diop assis en face de moi en train de gribouiller des notes sur son calepin comme toujours d'ailleurs.
Lui : c'est bien Toulaye. Il faut que tu acceptes cette perte pour aller de l'avant, accepte de revoir ton mari aussi pour régler votre situation car tu l'aimes.
Moi : docteur Diop mon mari m'a accusé d'être responsable de ma fausse couche alors que c'est ma belle-mère qui m'a poussé des escaliers et pour couronner le tout il m'a giflé. Si c'est ce qu'on appelle ''amour'' alors moi je ne veux plus de son amour.
Lui : vous êtes en colère et c'est tout à fait normal mais vous devriez passer au-dessus de ça. La colère ne mène nulle part Ramatoulaye, pardonnez et avancez. Vous allez risquer votre ménage juste pour votre fierté et vous allez donner raison à votre belle-mère.
Moi : il m'a accusé d'avoir tué mes propres bébés. Il n'a pas eu confiance en moi alors notre couple est voué à l'échec dis-je en essuyant rageusement mes larmes.
Lui : il l'a fait oui mais vous avez aussi votre part de responsabilité. Je ne dis pas que la fausse couche est de votre faute mais nous savons que quand vous êtes en colère, vous devenez hystérique et incontrôlable. Apprenez à vous maîtriser lorsque vous êtes en colère.
Je ne devais pas inclure votre mari car mes séances avec lui sont tenues confidentielles. Je vais vous parler en t'en qu'ami et non t'en que docteur ; votre mari s'en veut énormément et il n'arrête pas de me répéter à quel point il vous aime. Il regrette car il a découvert la vérité sur sa mère. Il s'en veut terriblement de ne pas t'avoir cru alors à la fin de cette séance allez le retrouver me dit-il.
Il commence à m'énerver à vouloir nous réconcilier. La dernière séance que j'ai partagée avec Naby était une catastrophe car Souleymane était assis tranquillement à m'attendre et quand Naby l'a vu, il a pété un câble. J'ai dû demander à Souleymane de partir pour ne pas empirer la situation entre eux deux et depuis lors Naby vient s'assurer que Souleymane ne m'accompagne plus à mes séances à croire qu'il peut m'interdire de le voir.
Je suis sûre que Naby est assis dehors à m'attendre en prenant un visage peiné. Je dois avouer qu'il me fait un peu pitié. J'ai envie de me jeter dans ses bras, de l'embrasser à chaque fois que je le vois et de lui dire que je l'aime sans limites et que je lui redonne une seconde chance mais j'ai peur, peur qu'il lève de nouveau la main sur moi et m'accuser à tort et travers.
Moi : je vais y réfléchir docteur Diop dis-je en rangeant mes affaires.
Je le remercie et sort du bureau.Je tombe sur Naby assis à la salle d'attente la tête entre les mains. Je reste des secondes à le fixer, même avec des cernes sous les yeux il est beau et sa barbe lui donne plus de virilité qu'il a en déjà, une pure tentation et un régal pour mes pauvres petits yeux.
VOUS LISEZ
RAMATOULAYE [TERMINÉ]
General FictionCruelle a été la vie avec elle en lui arrachant son père et sa mère qui tombe malade peu de temps après ça. Elle est obligée de travailler comme bonne pour payer le traitement de sa mère. Sa vie tournera au cauchemar le jour où il a posé les yeux s...