Si proche de toi...

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-À ce train-là, s'inquiéta Élis, il vous faudra dix ans pour fouiller le royaume.

-J'ai dit que je le retrouverai. Alors je le retrouverai.

Le chambellan soupira. Parfois, iel avait l'impression qu'une entité maléfique s'ingéniait à leur compliquer la tâche. Il devait pourtant bien être quelque part, cet incroyable jeune homme !

-On pourrait peut-être s'arrêter pour se reposer ? tenta-t-iel Je crois que votre suite vous suis mal. Ce qui, pour une suite, est plutôt problématique...

-C'est eu qui ont tenu à venir, rétorqua Alexandre. Ils n'ont qu'à tenir le rythme, ou être abandonné au bord de la route.

Élis haussa un sourcil.

-D'accord, d'accord, soupira Alexandre, qui ne savait décidément pas se montrer cruel. Nous nous arrêterons au prochain village.

Le prochain village n'était, en fait, qu'un modeste agglomérat de maisonnées. Comme partout sur leur passage, tout le monde était sorti pour les accueillir, vêtus de leurs plus beaux habits.

Élis attrapa le cône métallique accroché à sa selle et l'utilisa comme porte-voix.

-QUE TOUS LES PRÉTENDANT.ES FASSENT LA QUEUE. DANS L'ORDRE ET LE CALME.

À la surprise de la cour, personne ne bougea.

Le roi s'avança. Lae chef.fe du village fut poussé.e en avant par ses braves concitoyen.nes.

-Alors ? Fit le roi.

L'autre fit une profonde révérence, intimidé.e par le personnage, et commença à bafouiller :

-Nous... Euh... Votre Majesté... Nous avons décidé... euh... d'un commun accord, de ne pas nous présenter... Parce que nous savons qu'aucun de nous n'est la personne que vous recherchez.

Les nobles ouvrirent des yeux stupéfaits (ils avaient tous essayé l'anneau un par un). Les villageois se crispèrent, dans l'attente du jugement royal.

Alexandre sourit de toutes ses dents.

-Comment s'appelle ce village ? Demanda le roi.

-Baikerstrit, votre Altesse, bafouilla lae chef.fe, destabilisé.e.

-Habitants de Baikerstrit, proclama le roi, je vous remercie pour votre honnêteté. Je suis fier de trouver parmi mes sujets des personnes assez honnêtes pour résister à l'appât du gain et du pouvoir. Comment t'appelles-tu ?

-Je... Je m'appelle Maestra. Je suis une femme.

-Maestra, dit solennellement Alexandre, je te fais dès aujourd'hui Grand du royaume. Tu auras, si tu le désires, une place à la cour.

-Je... Je... repris Maestra, complètement dépassée par les évènements, en s'agenouillant. Je vous remercie, votre altesse, mais si vous êtes d'accords... Je préférerais rester ici.

Alexandre eut un sourire éblouissant et lui tendit la main pour la relever.

-Ainsi soit-il, Maestra de Bakerstrit. Une preuve de plus de votre sagesse, ajouta-t-il un peu plus bas avec un clin d'œil.

Le village se fendit soudains en vagues d'applaudissements, qui résonnèrent haut et fort sous les vivas et les bravos.

Élis songea que la nouvelle ne mettrait que quelques jours à parcourir le royaume. Et que jamais un roi n'aura été aussi aimé de ses sujets qu'Alexandre.

-Votre Altesse, intervint soudain Maestra avec un petit sourire, vous devriez monter au manoir Trémaine.

Élis remarqua les sourires complices échangés dans la foule. Se pourrait-il que...

Cendre (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant