La vie de château

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(Vous pensiez que l'histoire était terminée, et que désormais tout allait bien se passer pour nos deux amoureux ? Mais c'eut été bien trop simple ! Muahahahaha!)

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Alexandre sortit de la grande salle fatigué et frustré. Apparemment, l'Ennemi avait pris quelques nouveaux bastions, et ses généraux lui avaient presque littéralement sauté dessus dès qu'il avait posé le pied dans l'enceinte du château. Et encore, il le guettait avant.

Il espéra, avec un soupir las, que les mesures qu'il venait de prendre avait évité le pire.

Son poing frappa le mur. À chaque fois qu'il trouvait une distraction à la noirceur de ses responsabilités, elles revenaient plus fortes, plus envahissantes, plus douloureuses.

Une distraction.

Il sourit. Certes, mais quelle distraction...

Il n'avait pas cessé de penser à lui, depuis qu'il avait été obligé de le laisser avec un regard d'excuse. Son image flottait à l'arrière de son esprit comme si elle faisait partie de sa construction même, et qu'il faille – au moins – le tuer pour l'en débarrasser.

Que pouvait bien faire le jeune homme, à présent ? Le pauvre avait été abandonné, seul, dans un endroit qu'il ne connaissait pas... Même Élis, concentré sur la réunion, n'avait pu prendre soin de lui. Avec inquiétude, il espéra qu'il aurait tout de même eu droit à un bain et des habits de rechange...

Quant à l'endroit où il se trouvait à présent, il avait comme une petite idée sur la question.

Il marcha le long des couloirs sombres, jusqu'à la porte de l'antique bibliothèque.

Il était bien là.

Alexandre resta un instant immobile, nourrissant ses yeux du tableau que formait Cendre, propre et bien habillé, penché sur un énorme livre poussiéreux, le visage partagé entre la concentration et l'émerveillement.

Alexandre fut pris d'un désir irraisonné de le contourner silencieusement, puis de passer sa main dans ses cheveux, et même, peut-être, de poser ses lèvres sur la peau si pâle de son cou...

Cette simple pensée le fit rougir furieusement.

Il fit un pas en avant.

Son geste ne fit quasiment aucun bruit, mais Cendre, habitué à surveiller sans cesse son environnement, sursauta et fit le geste de cacher son livre dans son dos, avant de se souvenir d'où il était. Alexandre lui jeta un regard mi-triste mi-interrogateur. C'est vrai qu'il ne savait rien du jeune homme, de son histoire, de son quotidien, de son caractère. Rien d'autre qu'une danse partagée.

Fallait-il qu'il soit fou d'être tombé amoureux pour si peu.

Le Cendre qui lui faisait face était moins sûr de lui qu'au bal. Ses yeux pleins de curiosité se posaient sur les choses avec une certaine retenue, comme s'il n'était pas très sûr d'y avoir droit, et sa posture, la plupart du temps, était légèrement voûtée, comme s'il n'osait croiser le regard de personne. Alexandre décida qu'il aimait bien cette fragilité. Et qu'il ferait tout pour que le Cendre du bal, celui qui semblait heureux et n'avait peur de rien, ressurgisse à la surface.

-Pardon, dit l'objet de ses pensées. Je n'ai pas l'habitude de lire devant des gens.

Alexandre s'approcha jusqu'à se trouver près – tout près – du jeune homme assit, qui levait sur lui son regard d'azur. Il mourrait d'envie de se pencher et de l'embrasser. Mais il n'osait pas. Où était son audace quand il en avait besoin ?

Cendre (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant