Chapitre 14 Kinae

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Même si ça fait un petit bout de temps que je suis dans ce lycée, mon emploi du temps me perturbe toujours autant. Ma classe est assez nombreuses ; nous sommes 30. Donc pour, par exemple, le cours de sport du mardi, qui dure une heure c'est en demi classe mais par contre, pour celui du vendredi, qui dure une heure aussi, nous sommes en classe entière parce que les profs donnent des cours dans d'autres institutions aussi.
Mais je n'arrive pas à m'y faire. Il faut tout le temps que je demande à Gaby avec qui on a cours.
Aujourd'hui, on est vendredi et il me reste sept minutes pour finir de ranger mes affaires dans mon casier, prendre mon sac de sport, aller aux vestiaires, me changer et entrer dans le gymnase.
Je vais me faire décapiter par le prof. Pourtant je l'aime bien le Mr Adsin. Il est foncièrement gentil et pas trop trop stricte, au contraire de Mr Foster. Bon j'ai une légère impression que ce n'est pas réciproque, mais passons.
Je me dépêche d'aller aux vestiaires, enfiler mon leggings noir à pois blancs et mon t-shirt noir, et c'est avec mes basquettes à la main, les cheveux limite en pétard et dix secondes d'avance que j'entre dans la salle. Je remarque qu'il manque encore deux trois personnes et ça me soulage. Je ne suis pas dernière.
Il nous explique qu'on va commencer une période de basketball. Ça ne me dérange pas plus que ça. Je suis même heureuse que ça n'ait pas été du volley ou du hockey.
Puis le moment détesté arrive : l'échauffement. 5 tours de terrain, 7 pompes et 15 rameurs.
Il nous explique ensuite les règles de base, puis nous divise en 4 équipes. Toutes les équipes jouent contre les 3 autres.
Nous commençons à jouer et mon équipe gagne tous les matchs sauf celui contre l'équipe où se trouvent Annéas et Gabrielle.
Je trouve d'ailleurs que les deux se rapprochent beaucoup ces derniers temps. Avant, je ne les avait jamais vu se parler mais la, depuis une semaine environ, ils se parlent tout le temps. Je ne comprends pas. C'était comme s'ils étaient devenus plus que juste amis en si peu de temps.
D'ailleurs je me souviens du fait qu'Anneas m'a dit qu'il faisait de l'endurance, raison pour laquelle il n'est absolument pas essoufflé alors que moi, ce genre de sport m'épuise.
La danse me garde en forme même si je suis loin d'être une pro. Je trouve que le pire moment par lequel tout sportif doit passer, c'est l'échauffement. Au contraire, l'étirement ne me pose aucun problème, je suis même plutôt souple.
Du coup quand la fin du cours arrive, c'est le soulagement, parce que les poumons sont sur le point de lâcher.
Le prof, qui n'a rien fait de tout le cours à part nous corriger, s'amuse à essayer de nous faire souffrir.
- Et vous essayez de mettre votre buste à 90° par rapport à vos jambes.
Un nooooon collectif me fait marrer.
- Et on se penche en avant en gardant le dos droit.
Tranquille.... pour moi et moi seulement apparemment parce que le grognement émit par la classe en unison me laisse penser que c'est de la torture pour eux.
- OK on se redresse.
Un Yes collectif résonne.
- Vous vous étirez seuls de telle façon à ce que dans cinq minutes, vous ayez votre grand écart.
Ok là j'avoue, c'est sadique. Mais bon de nouveau, je m'en fous..
Je descend lentement en grand écart et regarde autour de moi. Ils souffrent tous. A part Gabrielle qui y est presque. Le cirque doit aider.
Anneas tire une gueule à mourir de rire.
Felix est tombé sur le côté en tenant ses bijoux de famille et en se plaignant que ça fait trop mal.
Sylvie, la fille d'une prof, me regarde avec des yeux exorbitants. Il faut dire qu'elle aurait bien besoin d'encore un peu d'étirements...
Au bout des cinq minutes, le prof constate qu'il n'y a que Gabrielle et moi qui l'avons.
Il souffle et me demande si j'arrive l'autre aussi.
- OK vu que Gabrielle a l'air d'être sur le point de s'évanouir de douleur, je vous demande de tous regarder Kinae. Ça, dit-il en pointant mes jambes du doit, c'est votre objectif à tous pour la fin de l'année scolaire.
Il me regarde, tu as le deuxième aussi ?
Je descend lentement et lui montre que oui. Il y a un grand silence dans la salle, c'est un peu gênant.
- Et le troisième aussi ?
Celui là je ne sais pas. Ça fait au moins un mois que je ne l'ai pas essayé.
Donc je descend encore plus lentement que pour les autres et quand je sens mon entre jambe toucher par terre, je relève la tête. Tout le monde me regarde bouche bée. Je pique un fard. C'est gênant ! Je n'ai jamais vraiment aimé attirer l'attention vers moi comme ça.

En partant manger le déjeuner avec Gabrielle, Anneas nous rejoint et me félicite à propos des grands écarts. Je rougis comme une débutante. Dans la fille d'attente, je suis un peu dans le vague quand j'entends deux garçons de ma classe parler de moi.
- Putain j'ai envie de tuer le prof. Il m'a détruit les couilles ce con !
Je rigole.
- Eh mais t'a vu l'autre meuf avec le nom chelou, comment elle est souple ! Eh ça fait peur, frère !
Dans ma tête : la meuf avec le nom chelou t'emmerde connard !
- Ouais trop ! Mais bon ça peut être pratique au pieu !
Oh, il a pas osé ! Mais je vais le taper!
Mes yeux sortent du vague sans lequel ils étaient plongés et je croise le regard de Gabrielle. Elle me regarde en souriant et me commenté sur le fait d'être ailleurs. Puis je regarde Anneas.
Il a les yeux noirs de colère et a le regard fixé sur les deux bouffons. Il a tout entendu, c'est évident.
Je lui tapote l'épaule.
- Forget it, they're assholes.
- Oublie, ce sont des cons.
- Yes they are. You did hear what they said?
- Oui très cons. T'a entendu ce qu'ils ont dit ?
- yup and I'll go hit them if they ever say that again.
- Ouais et si ils redisent ça, c' est mon poing dans la gueule.
Il me souris. Je fais pareil.
On prend notre bouffe, on mange et on retourne en cours pour finir la journée.

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