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Voilà deux bonnes heures qu'Emma contemplait le paysage de sa planète, deux heures qu'elle et Michael ne s'étaient pas adressés un mot, ne sachant pas quoi se dire. Michael était resté dans la chambre, il était dans ses songes. Mais il pensait soudain à l'extérieur, il se demandait si maintenant il avait le droit d'y aller.

Il se levait un sourire aux lèvres, enthousiasmé par l'idée de découvrir le monde extérieur pour la première fois. Il vit Emma devant la fenêtre et s'approchait vivement.

- Emma ? C'est quand qu'on pourra aller dehors ? Lui demandait-il soudainement.

Un éclair retentit soudain au loin, faisant sursauter Michael. Emma se tournait vers lui, sans afficher d'émotion.

- Pas maintenant. Lui disait-elle.

- Alors quand ? Insistait-il.

- Je ne sais pas. Répondait-elle en insistant sur chaque mot.

- Pourquoi est-ce que tu t'énerves ? Lui demandait-il craintif.

Elle se tournait dos à lui pour se soustraire à son regard, et commençait alors à pleurer silencieusement. Au fond, elle devenait à présent si froide pour une bonne raison. Elle se souvenait de ce son, qui avait fait si mal à Michael.
Il vint refermer ses bras autour d'elle, en embrassant le haut de sa tête.

- Pourquoi tu pleures ? Lui chuchotait-il compatissant.

- Pour rien, excuse-moi. Séchait-elle ses larmes.

Il la força brusquement à se tourner vers lui, et rencontra son regard avec dureté.

- Je sais que je suis arrivé dans ce monde il y a peu de temps, mais ça ne veut pas dire que je suis idiot tu sais. Ça fait même pas mal de temps que j'y pense, tu m'avais dit que ta planète était dans un sale état parce que tu avais été terriblement triste, tu m'as subtilement dit que j'étais ta seule compagnie depuis un certain temps, alors maintenant dis-moi ce qui ne va pas.

Pour la première fois depuis que Michael existait, il faisait se manifester son autorité qu'Emma n'était même plus sûre de lui avoir donnée. Elle ne savait que dire, lui confessait son chagrin, sa peine, c'était totalement inutile.

- Je sais que tu n'es pas stupide Michael, mais ça ne veut pas dire que tu pourras comprendre.

Michael montrait une mine désespérée face à ses mots. Si elle refusait de lui parler, il allait devoir chercher lui-même. Il s'en alla sans répliquer autre mot, et se dirigea discrètement vers le bureau de la demoiselle. Il contemplait les différents titres, cherchant les mots clés, évocateurs ornant sa vaste bibliothèque.

[Amour pour la mort]

[Je serais là 1 - face au mur]

[Je serais là 2 - face au destin]

[Un ange pour mon sourire]

[ Gardien de lune - la guerre des monstres]

[Toujours Clean - cache-cache émotionel]

[Sa nouvelle génération]

Intrigué par le nom étrange de ce dernier livre, il le fit glisser entre les livres voisins, et le pris en main pour en lire le dos de couverture. Immédiatement, des fois de larmes commencèrent à couler sur ses joues maintenant irritées, son cœur venait de se briser, comme ses muscles perdaient de leur force.

Il se posait alors en position fœtale contre la bibliothèque et commençait à pleurer, parce qu'il savait de la manière dont c'était écrit, que le texte sur le dos de couverture de ce livre était vrai. Aussi réel que la torture que devait vivre Emma.

Elle d'ailleurs, se dirigeait vers la sortie du palais, allant à l'extérieur. Elle n'avait ressenti qu'une fois de la colère dans l'intégralité de sa vie, habituellement, c'était seulement de la peine, et le souvenir que Michael lui avait rappelé, lui permis de se souvenir qu'en réalité, elle n'avait pas toujours été seule, pas toujours, à un court moment.

Comme c'est arrivé il y a des millions d'années, des centaines de millions d'années, elle revivait exactement la même chose, ressentait exactement la même colère qui avait détruit sa planète. Une grande colère, contre elle-même.

Les nuages dans le ciel de la Weyter commencèrent à tourner et à s'assombrir. La pluie s'abattait maintenant sur sa terre, une pluie torrentielle. Les nuages s'empilaient, et masquaient le paysage tandis que son œil restait presque intact. Le cyclone.

Plus de lumière, et plus de chaleur, juste de la foudre qui brulait maintenant les arbres aux quatre coins du globe rose.

Michael cessait alors de pleurer, et tendait l'oreille. Il entendit le tonnerre gronder au loin, comme les dragons de Dieu, et même le son résonnant de la pluie dans le palais de cristal.
Il se levait, attisé par la curiosité, et s'approcha à petits pas de la fenêtre fermée du bureau. Il y vit beaucoup d'eau, beaucoup trop, qui rampait en rivière vers l'horizon.

Il quitta immédiatement la fenêtre et accourra vers l'escalier qu'il descendit à une vitesse fulgurante. Se précipitant vers la sortie du palais, il jugea bon pour cette fois d'oublier les conseils d'Emma, et de plutôt aller la chercher.

- EMMA ! L'appelait-il dans la tempête, traversant difficilement le souffle du vent.

Il ne voyait que peu sa silhouette au milieu du temps. Elle avait l'air si normale, les mains dans ses poches, regardant le ciel de ses yeux couleurs neige à présent.

Michael restait à distante, il pensait y arriver, il le fallait. Il se concentrait, pourquoi pas faire comme la dernière fois, ça avait bien marché pourtant. Un rayon de lumière sortit de sa poitrine, et se mouvait à travers le vent jusqu'à elle. Mais...

D'une main qu'elle sortit de sa poche, elle stoppa le rayon, tournant son regard blanc vers Michael, qui, trop concentré, ne la regardait pas à son tour. Emma se contentait de le regarder quelques instants, son visage montrait bien qu'il mettait du cœur à l'ouvrage, qu'il voulait l'aider, cet air d'innocence qu'elle regrettait de ne pas laisser plein pouvoir. Elle s'en excusait elle-même sans permettre au rayon de l'atteindre. Elle refusait d'être contenue comme une bombe à retardement.
C'était ainsi.

Elle commença à traverser le vent dont elle était l'auteur, en direction de Michael. Elle prit sa main dans la sienne, et continua à marcher à travers le vent, ce qui était une tâche bien difficile. Proche du palais, elle tirait Michael en haut des marches, et pénétrait dans le palais.

La WeyterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant