La Weyter

17

Marchant prudemment dans la nuit, Michael se rapprochait à grand pas de ce qu'il avait l'intention de découvrir. Voilà bien une demi-heure qu'il marchait, mais rien ne le démotivait. Qu'il était en colère au fond de lui, qu'il était ignorant sûrement plus encore.
Il n'avait plus foi en celle qu'il aimait, et pensait à tort ou à raison qu'elle était impossible à soigner. Sa presque mort dans la piscine lui aurait-elle fait voir un tunnel de lumière bien sombre ?

Michael escalada sans grande difficulté une colline, se précipitant à son sommet. Lorsqu'il y fut, il resta bouche bée face au spectacle qui lui était offert. En effet, le vaisseau enflammé brûlait encore, et avait déjà été bien consumé.

- Maître vous êtes la plus grande protection du monde, ô merci à vous. Entendait dire Michael plus loin à environ cinquante mètres du vaisseau.

Il plissa légèrement les yeux, et vit bien une petite troupe de personne regroupée autour d'une autre personne. Ce fut tout de suite un choc pour le jeune homme. C'était la première fois qu'il voyait des personnes autres qu'Emma, et qui lui ressemblait qui plus est.

- Maître, regardez. Disait d'une voix basse, un homme en se tournant vers Michael.

La troupe entière le regardait, et Michael pût enfin voir le visage de ce soi-disant "Maître".

- Bonjour. Lui disait celui-ci en s'approchant.

Michael n'osa pas répondre, très intimidé par la présence de ces personnes.

- Je m'appelle Ojko, me comprends-tu ?

Michael hocha simple la tête, le cœur battant, en reculant légèrement.

- Oh non je t'en prie, ne t'en va pas. Je ne te ferais aucun mal, nous sommes pacifiques. Tentait de le rassurer le fameux Maître, ce qui rassura en effet Michael.

- Dis-moi jeune homme, approche, nous ne mordons pas. Nous serions ravis de faire la connaissance d'un habitant de la Weyter. D'ailleurs, il me semble bien qu'on les nomme les Marryweyters.

Michael, de moins en moins en proie à la peur, fit quelque pas en leur direction, sous les yeux de la troupe.

- Tu vois, rien à craindre. Je suis ravie de te rencontrer. Lui disait-il en lui tendant la main.

Michael comprit rapidement le système, et lui serra la main à son tour. N'osant toujours pas prononcer le moindre mot.

- Bon, je pense que tu as remarqué les dégâts de notre vaisseau. Ce n'est pas grave, nous le réparerons plus tard. Nous comptons installer un petit campement en attendant, reste donc avec nous ce soir, nous pourrons faire connaissance, qu'en dis-tu ?

- D'accord. Répondit-il timidement.

- Allez les enfants, on construit !

Aussitôt dit, aussitôt fait, la troupe s'était mise à déballer des toiles et des objets, organisant le tout, autour d'une pièce centrale, le feu de bois. Michael fut forcé d'être fasciné par une organisation et une manière de vivre qu'il n'avait jamais vu auparavant.

Une fois le campement terminé, la troupe s'était réuni autour du feu, Ojko s'installant à côté de son nouvel ami, observés par le reste des personnes présentes.

- Alors dis-moi, comment tu t'appelles ? Lui demandait amicalement Ojko.

- Michael. Répondit-il en triturant ses doigts.

- Très bien, c'est un joli prénom, et dis-moi, beaucoup de gens habitent sur cette petite planète ? Lui demanda-t-il avec un ton plutôt jovial.

- Oh non, bien au contraire. Quoi qu'autre fois, si. Mais aujourd'hui ce n'est plus le cas.

- Combien y a-t-il d'habitant pour que tu sois si peu optimiste ?

- Eh bien, deux.

- Ah oui ? En effet. Tu sais, j'ai quelque chose à te confier.

- Quoi donc ?

- Nous ne sommes pas sur cette planète par hasard.

- C'est-à-dire ?

- Nous sommes à la recherche d'une personne bien spéciale. Une personne avec un certain pouvoir tu vois. Une personne semblable à moi. As-tu des capacités qui disons, serait un peu hors du commun ?

Michael comprit immédiatement de qui il parlait, et sa peau pâlit instantanément. Il avait bien une sorte de capacité hors du commun grâce à son rayon et son immortalité, mais il ne possédait tout cela que par sa créatrice. Elle, elle avait les pouvoirs dont il voulait sûrement parler.

- Eh bien, qu'attends-tu pour me répondre ? Quelque chose ne va pas ?

- J'ai bien des capacités hors normes.

- Ow, vraiment ?

- Mais, je ne suis pas celui que vous recherchez.

- Que veux-tu dire ?

- Je ne tiens mes pouvoirs que de ma créatrice. C'est elle qui a de vrais pouvoirs hors du commun.

- Alors c'est une femme, le deuxième habitant de cette planète, et tu es son œuvre. S'intéressait Ojko.

- Exacte.

- Et, par hasard, tu saurais où elle se trouve ?

- Bien sûr, mais je ne veux pas y retourner. Se referma-t-il, les souvenirs renforçant sa colère profonde.

- Pourquoi donc ?

- Elle est instable et impossible à raisonner. J'ai tenté de l'aider, mais je n'ai fait que souffrir.

- Qu'a-t-elle ?

- Des histoires un peu longues, disons juste, qu'elle a commis une chose dans le passé qui la hante. Elle ne sait pas faire la part des priorités. S'acharnait-il.

- Elle t'a laissé tomber c'est ça ?

Ces mots heurtèrent Michael en plein cœur, comme l'effet d'un poignard, et les larmes lui virent vite aux yeux, le forçant à baisser la tête.

- Pauvre petit, quand t'a-t-elle créé ? Il y a plus d'un an ?

- Non, beaucoup moins, je suis très récent. Disait-il entre ses larmes.

- Seigneur, ne t'en fait mon petit Michael. Reste avec nous. On ne te laissera pas tomber. Seulement, nous avons vraiment besoin de savoir où vit la demoiselle. Tu comprends ?

- Que voulez-vous d'elle ?

- Un peu d'aide.

- C'est tout ?

- Disons que, si elle refuse, nous serions dans l'obligation d'être un peu brusque.

- Vous pourriez la tuer ?!

- Cela t'embête ?

- Non. Boudait-il. Je suis quasiment mort par sa faute, et je n'ai fait que souffrir. Je la hais. Disait-il, tout enfant sent la colère si disproportionnellement.

- Bien, demain, nous comptons tous sur toi mon ami !