La Weyter

30

Allongée sur son lit depuis leur petite dispute, Emma n'arrêtait pas de réfléchir. Totalement déconnectée de la réalité, dans sa bulle de réflexion infernale. Se demandant sans cesse. Qu'ai-je fait ? Et pourquoi ? Elle s'en voulait également, car, il était normal que Michael soit impatient, et même si ce n'était pas une bonne chose, elle devait se montrer compréhensive, pour le soutenir dans son apprentissage.

Il venait à peine de se découvrir une sorte de pouvoir qu'il n'avait jamais découvert, et dont il n'avait jamais ressenti les méfaits. Elle devait le rassurer et lui montrer la voie vers son propre équilibre, et non l'inverse.

Elle était prête à briser la glace et à reprendre le travail. C'était un long chemin qu'ils avaient à parcourir, et ils ne devaient pas perdre leur temps à se quereller.

Convaincu à présent qu'elle avait compris son erreur, elle se leva de son lit, prête à aller voir Michael pour s'excuser, et l'aider cette fois-ci pour de vrai, et non "fuir" comme il l'avait si bien dit.

Elle partit en direction de la porte, les poings serrés, déterminée à s'allier pour vaincre Ojko et parvenir à mettre fin à cette histoire agaçante. S'étant convaincu d'avoir appris une nouvelle leçon.

Mais seulement, à peine avait-elle passé le seuil de la porte, qu'un bruit sourd la fit se stopper de toute part.
Elle fronça les sourcils, surprise et dans l'incompréhension. Puis elle tendit l'oreille, espérant entendre ce qui avait bien pu produire ce son.

Elle l'entendit soudain à nouveau, plus fort, grondant comme une bombe. Elle se tourna à sa fenêtre, ayant étendu que le son venait de là-bas, et se précipita à cette dernière pour aller voir l'extérieur du palais.

Une fois à la vitre, elle chercha du regard ce qui pourrait être inhabituelle, et elle le vit immédiatement.

Juste en bas du palais, il y avait une petite rangée de buissons verts, mal ordonnés, qui s'étalait sur quelque mètres carrés. Seulement cette petite verdure était totalement en train de carboniser, enflammé.

Elle fit une mine choquée, et pencha alors son regard vers le bas du palais, pour voir ce qui avait fait ça.
Et bien évidemment, tout s'éclaircit, lorsqu'elle vit Michael, en train de flamber comme une bûche, qui regardait ses mains en flammes, comme s'il avait fait une bêtise.

- Seigneur de l'univers. S'empêcha de jurer Emma.

Elle sortit en trombe de sa chambre, les yeux écarquillés, allant descendre les escaliers trois par trois, manquant de se rétamer sur le sol, pour finalement traverser la salle principale en courant vers la sortie, le souffle court. Une fois à l'extérieur, elle longea le palais, en ralentissant, et aperçut Michael qui avait l'air pour le moins, intrigué.

- Michael ? Eh... Mon petit gars. L'aborda-t-elle le plus doucement possible.

Michael se tourna tout de suite vers elle, son visage étant devenu si flamboyant.

- Tout va bien d'accord ? C'est pas grave, il y en a plein d'autre des buissons sur la Weyter, t'en fais pas. Tentait-elle de le rassurer.

Le corps tout entier de Michael tremblait, elle n'aurait su dire s'il avait peur, s'il était instable, ou si une colère inconnue s'était emparée de lui, mais il fallait le calmer quoi qu'il arrive, pour qu'il ne se blesse pas lui-même.

- Tu as vu ? Tu y es arrivé. Je suis fière de toi Michael, je t'ai sous-estimé. Nous n'aurions pas dû nous disputer, je m'excuse, c'est de ma faute, j'aurais dû t'écouter.

Michael baissait soudain la tête, la respiration moins rapide. Alors elle s'approcha doucement de lui, la main légèrement tendue dans sa direction. Et quand elle fut tout proche, elle se pencha à son visage.

- Ça va aller Michael, tout va bien maintenant.

Soudain, son corps perdit toutes ses flammes, perdant cette dangereuse chaleur, et il prit fortement Emma dans ses bras, pleurant la tête sur son épaule, laissant paraître de faibles sanglots.

- Pardon, pardon Emma, je suis allé dans l'inconscient alors que tu m'avais dit non.

Emma vint à son tour le serrer fort dans ses bras, embrassant son front un long moment.

- C'est rien Michael, tu as eu raison, je suis fière de toi, tu as très bien fait, je suis fière de toi.

Ils restèrent ainsi un petit moment, Emma caressant son dos, pour calmer son bouleversement. Puis quand les larmes de Michael furent toutes coulées, il releva son visage vers elle, les joues toutes rougies, et les yeux baissés, mordillant sa lèvre devenue rougeâtre.

- Eh Michael ? Tu sais, c'est très bien ce que tu as fait. Ne t'en veux pas.

Michael hocha rapidement la tête, ne relevant pas les yeux. Alors Emma vint le prendre dans ses bras, doucement, frottant son dos fortement, lui communiquant son soutien.

- Je suis là t'en fais pas, ça va aller.