La Weyter

13

- Excuse-moi Michael, je suis tellement désolée. Pleurait-elle.

- C'est rien, c'est pas grave. Bégayait-il.

- Je n'aurais pas dû vouloir te cacher l'extérieur, tu as tellement à découvrir, pardonne-moi, je suis désolée.

- C'est terminé, je comprends, c'est pas grave. Mais il y a un gros problème entre toi et moi Emma.

La concernée relevait les yeux vers Michael, inquiète de ce qu'il voulait exprimer.

- Tu ne me parles pas Emma, j'ai besoin de savoir ce qui te fait du mal. Je crois que tu as du mal à comprendre que tes excuses ne serviront à rien si tu ne me parles pas. Ouvre les yeux ! Tu m'as créé mais l'état de ta planète ne s'est pas amélioré, quelque chose te ronge de l'intérieur.

- Michael. Commençait-elle. Écoute, je sais bien que tu as raison, mais laisse-moi le temps d'être capable de me l'avouer déjà à moi-même.

- Plus tu attends, plus tu te rapprocheras de l'échec.

Elle ne l'écoutait pas, et passait à ses côtés. Il soupirait, et se mit à songer. Il savait qu'il allait devoir lui faire affronter ses démons. Sa curiosité se demandait véritablement comment une personne qui a vécu des milliers d'années seules, sans personnes, peut-elle avoir tant de peur et de regrets. Qu'est-il arrivé qu'il ne sache pas.

- Emma !

Alors que celle-ci était déjà en marche pour quitter la pièce, elle s'arrêta, le cœur palpitant, elle se rappelait.

- Je ne compte pas attendre.

Elle tremblait. Elle se tourna lentement vers Michael, qui lui la regardait déjà. Elle fut frappée par la colère qui s'était dessinée sur ses traits, il en devenait effrayant.

- Je ne vais certainement pas attendre que tu crées une nouvelle catastrophe.

- Michael...

- Non ! Tu vas m'écouter maintenant, et tu vas arrêter de repousser l'inévitable.

- Attends, laisse-moi t'expliquer...

- Je ne veux entendre que la vérité ! Je ne veux plus d'excuses !

- Michael je ne peux pas...

- Je ne vais pas te laisser le choix.

Instantanément Emma fut frappée de plein fouet par un violent souffle. Elle s'écroula sur le sol, ne pouvant pas se relever, le corps écrasé par une force qui n'était autre que le rayon de Michael.

- Michael ! Je t'en prie arrête !

- Non, j'attends, tu sais ce que tu as à dire.

- Michael, je t'en prie ! Laisse-moi le temps !

- Je n'attendrais pas.

Elle hurlait de douleur face au poids que la force exerçait sur elle. Elle n'avait plus la force de lutter contre une colère telle que celle de Michael.

- J'attends ! Criait-il les yeux noirci par la colère, à travers les hurlements d'Emma.

- MICHAEL ! ARRÊTE !

- Avoue ce qui te fait souffrir...

- Je t'en prie. Disait-elle les larmes coulantes sur ses joues, victime de sa douleur.

- AVOUE-LE !

- Je les ai tués. Disait-elle d'en un souffle.

- Quoi ? Disait Michael en tendant l'oreille.

- JE LES AI TUÉS ! Hurlait-elle en communiquant sa souffrance.

Michael ravala immédiatement son rayon, toujours les yeux posés sur Emma. Il se demandait ce qu'elle voulait bien dire par là.

- Qui as-tu tué ? Lui demandait-il confus.

- Les habitants de la Weyter, tous, ils ont tous péris dans les flammes.

Michael s'avançait lentement vers elle, s'accroupissant près d'elle. Il l'aida à s'asseoir, cherchant à croiser son regard.

- Qu'est-ce qui s'est passé Emma ? Disait-il en relevant son visage.

- J'étais instable. Commençait-elle la voix brisée par les larmes. J'avais des crises tous les jours, ma planète tremblait, se déchirait. Mais elle était peuplée, des habitants magnifiques, leur peau était rose pâle, ils étaient gracieux et intelligent. J'habitais déjà ce palais, et mes crises leur causaient des problèmes, des pertes, et leurs villages se détruisaient souvent. Et puis un jour, à force de perdre ceux qui leur étaient chers, ils ont décidés de venir me voir. Mais leur intention n'était pas pacifique. Eux qui étaient si purs et si beaux. Ils sont venus m'énoncer le nombre de morts que j'avais causé, mais ce n'était pas de ma faute, et je connaissais le nom de chaque personne qui périssait à cause de mes crises. Mais sans moi cette planète n'existait plus. Ils m'ont dit, en face, que le seul moyen pour qu'ils vivent en paix, c'est que je périsse à mon tour. Prise de colère, sachant que c'est moi qui leur offrais la vie, leur eau, leur nourriture, leur air, au lieu de venir m'aider, ils ont voulu me tuer. Ma colère était si grande, qu'elle me dépassait, et un incendie a enveloppé ma planète en une journée. Aucun n'a survécu. Prise de remords après cela, j'ai tout mis en œuvre pour oublier cet évènement.

Michael ne savait plus que dire. Il n'avait en aucun cas imaginé cela.

- Il faut oublier Emma.

- C'est facile à dire quand tu n'es pas l'auteur d'un génocide.