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Épisode 27 : "Est-ce que tu m'as aimé ?"

Il arriva chez Anna plusieurs minutes après. Il hésita un long moment avant de finalement frapper à la porte. C'était la première fois qu'il était confronté à ce genre de situation car, d'habitude, quand il ne veut plus d'une fille, il s'en débarrasse plus facilement, mais avec Anna, comment dire... il y avait quelque chose de différent. Il ne sut pas comment l'expliquer, mais il en était certain. C'est cela qui était le plus étrange et qu'il n'arrivait pas à comprendre. S'était-il trop attaché à elle ? Ce ne serait pas impossible en effet, mais juste inexplicable. Il a utilisé Anna comme une marionnette, rien que pour qu'elle subvienne à ses besoins. Alors comment
a-t-il pu s'attacher à ce genre de personne ? Il secoua la tête : Impossible qu'il se soit attaché. Pour Karma, cela n'avait aucun rapport et il pensait que si il avait autant hésité avant de frapper à sa porte, c'était parce qu'il ne savait pas comment s'y prendre pour quitter la fille qui était tombé follement sous son charme. Il espérait juste qu'elle n'en fasse pas tout un cinéma. Juste une phrase dans le genre « D'accord, je comprends. Bonne continuation dans ce cas. »

Anna lui ouvrit alors la porte et le laissa entrer. Alors qu'elle s'approchait de lui, ayant de suite compris son attention – qu'elle allait l'embrasser – il hésita un court instant avant de finalement capituler et lui rendre son baiser. Celui-ci devint plus profond, plus passionné, alors qu'Anna commençait à lui enlever sa veste. Karma savait que s'ils continuaient à rester comme ça, ils allaient tous les deux finir dans son lit, comme d'habitude.
« Fais pas le fou » se dit-il. « Arrête la avant que ça parte en couille, tu sais très bien que ça lui fera plus de mal qu'autre chose. »
Wouah. Il ne pensait pas qu'un jour il se soucierait d'une personne autre que ses deux amis, Kirua et Manon.
Il l'arrêta alors en la repoussant délicatement, sous l'étonnement d'Anna.
- Faut qu'on parle.
- Ça ne peut pas attendre si ce n'est pas important ? Tu m'as manqué.
- Non, faut vraiment qu'on discute.
Elle fronça légèrement les sourcils face au ton sérieux qu'avait employé Karma, anxieuse. Elle l'invita ensuite à s'asseoir sur son canapé tout en lui prenant les mains. Elle avait un mauvais pressentiment.
- Que se passe-t-il ? J'ai de bonnes raisons de m'inquiéter ou... ?
Il ferma les yeux, soufflant un bon coup avant de lui répondre :
- Je vais partir.
- Quoi ? Mais où ?
- On a trouvé avec mes amis une villa qu'on a louée, alors on fiche le camp.
- Donc si je comprends bien, vous déménagez ?
- C'est ça.
Un silence s'installa, où Anna ne sut quoi dire. Karma reprit alors la parole, toujours d'un ton calme :
- Je serai à Okinawa, désormais.
- Okinawa ? Sérieusement ?
- Oui.
- Et... tu pars quand ?
Aïe. Vint la question susceptible de tout faire chambouler.
- Ce soir.
Les yeux d'Anna s'écarquillèrent. Karma se doutait très bien de cette réaction là. En même temps, qui ne serait pas choqué ? C'était maintenant qu'il fallait lui expliquer la raison de sa venue.
- Ce... ce soir ? Tu pars ce soir-là ?!
Il hocha simplement la tête. Anna n'en revenait pas d'apprendre une telle chose. Son petit ami s'en allait ce soir même et il ne lui en parlait que maintenant ? Était-il vraiment sincère ? Elle espérait que tout ceci ne soit qu'une blague, en tout cas.
- Tu comptais me le dire un jour ?
- Oui, et ce jour est arrivé aujourd'hui.
- Ne fais pas comme si c'était évident Karma. Tu t'en vas pour me le dire le jour même, qu'est-ce que tu cherches au juste ?
- Je ne cherche rien du tout. À la base, ça n'était même pas prévu qu'on parte aujourd'hui. Mais comme on est plutôt pressés de se casser mes potes et moi...
- Et moi ?
Suite à sa question, Karma tourna son regard vers elle.
- J'y ai longuement pensé.
- Et qu'est-ce que tu en déduis ?
- Que les relations à distance ne servent à rien.
Anna relâcha ses mains des siennes. Il avait parlé sur un ton tellement froid à cet instant qu'elle ne savait pas quoi rétorquer comme réponse. Le gifler ? Ça n'aurait servi à rien du tout. Elle était bel et bien en train de se faire larguer et n'importe quelle fille serait tellement en colère qu'elle l'aurait fait sans hésiter. Mais Anna ne le fit pas. Elle n'y avait même pas pensé. Pourquoi ? Parce qu'elle n'arrivait pas à lui en vouloir, à être en colère contre lui. Parce qu'elle l'aimait et que même si il comptait partir loin, elle était sûre de toujours l'aimer. Là, elle ressentait juste de la tristesse. Rien d'autre.
- Après tout ce que j'ai fait pour toi... Tu veux vraiment qu'on n'arrête là ?
- Est-ce qu'on a le choix ?
- Bien sûr que oui !
Il la fixa comme pour attendre une réponse de sa part, mais rien ne vint. Elle se contenta de baisser seulement les yeux, avant de lui prendre doucement le bras et allonger sa tête contre lui :
- Je... je ne veux pas que ça se termine comme ça...
Karma aurait voulu la repousser, mais elle avait l'air tellement déprimé à l'idée qu'il l'abandonne qu'il préféra se taire. Il ne voulait pas la faire pleurer alors qu'elle était déjà aux bords des larmes. Avec une once d'hésitation, il finit par lui caresser les cheveux, d'une douceur inconcevable. C'est alors qu'Anna demanda d'une voix attristée :
- Tu m'as aimé, Karma ?
Cette question lui fit l'effet d'un électrochoc. Si il l'avait aimé ? Il voulait sincèrement qu'elle lui réponde ? Dans le risque de la blesser encore plus ?
« Je vais te le dire franchement, tu n'as été pour moi qu'une marionnette Anna. Il n'y a jamais eu de sentiments ».

S'il lui disait tout ça, elle était bonne pour la dépression. Et pourtant, c'est bel et bien ce qu'il pensait d'elle. Il n'y avait jamais eu de sentiments, depuis le début qu'il l'avait rencontré. Comme l'avait dit Kirua, c'était juste « du sexe et rien d'autre ». Anna releva alors la tête et le fixa, répétant sa question :
- Est-ce que tu m'as aimé ?
Karma perçut des larmes desséchées sur ses joues. Il ne l'avait même pas entendu pleurer.
Il se baissa légèrement pour venir l'embrasser avec douceur. Leur baiser dura plusieurs secondes, jusqu'à ce que Karma s'arrêta et lui répondit :
- Honnêtement, je ne sais pas.
Il se releva ensuite du canapé, lui jetant un dernier regard :
- Prends soin de toi.
Et partit, sans même qu'Anna ne le rattrape, alors que c'est ce qu'il pensait qu'elle allait faire. Il lui avait dit le mot « honnêtement » alors qu'il ne l'avait même pas été. Parce qu'honnêtement, il ne l'avait jamais aimé.
Anna elle, l'avait regardé partir, sans réagir. Elle ne voulait pas le rattraper, l'empêcher de partir, car il semblait déjà avoir prit sa décision, et elle savait qu'elle devait faire avec, même si elle l'aimait toujours autant. Elle se remit à pleurer alors qu'un léger sourire se forma sur ses lèvres qu'elle toucha, elle n'oubliera jamais le tendre baiser qu'il lui avait donné pour la dernière fois.