Épisode 18 : "Juste un câlin hein..."

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Il avait 13 ans lorsque ça s’est produit.

Son père était venu chez lui. Il disait qu’il avait changé et qu’il voulait tout recommencer à zéro, être cette famille heureuse qu’ils ont toujours été. Kirua avait ri : il n’y avait jamais eu de famille heureuse.
Ce soir-là, son père était venu vêtu d’une chemise blanche et d’un blazer noir. La tenue classe quoi. L'adolescent était étonné, car c’était bien la première fois que son père faisait un effort vestimentaire. Un énorme effort. Peut-être avait-il vraiment changé… mais bon, il resta tout de même méfiant.
Or, ce jour-là, quand il avait appris par sa mère qu’il venait dîner ici, il lui en voulait.
- Ça fait combien de fois déjà ? 4 fois ! 4 fois et tu retombes toujours dans son piège…! Avait-t-il hurlé.
- C’est vrai tu as raison, mais cette fois, il avait l’air vraiment désespéré et je ne pouvais pas me permettre d’être mauvaise avec lui.
- Ben oui, comme toujours.
- Écoute Kiru, je pense vraiment que ton père a changé. Il veut vraiment retourner vivre avec nous, et je suis prête à lui redonner une chance.
- Toi peut-être, mais pas moi. Je hais cet homme.
- Kirua… l'avait interpellé sa mère d’un ton sérieux.
- Quoi ? C’est la vérité et tu le sais. Je ne sais même pas pourquoi tu veux à tout prix qu’il revienne après ce qu’il nous a fait.
Sa mère allait rétorquer mais son fils fut bien plus rapide en haussant le ton :
- Ne me dis pas “il reconnaît ses erreurs” parce que je te jure que je casse un truc.
- Tu ne sais rien de lui, Kirua.
- Oh, mais j’en sais assez pour savoir que c’est un beau salopard qui t’a trompé deux fois ! Dont une devant toi en plus !
- Kirua, s’il te plaît…
- J’en sais assez aussi pour savoir que c’était le genre de père qui n’arrêtait pas de me rabaisser, de dire que je ne suis qu’un bon à rien, toi avec !
- Je...
- Et là tu me dis vouloir retourner avec lui ?! Alors que le gars s’est permis de te tromper devant tes yeux en baisant une AUTRE femme que toi, dans ton lit !
- Kirua…
- Surtout qu'après maintes tentatives de vouloir rentrer à la maison, il se croyait tout permis, comme par exemple… le droit de te frapper ? Ah non, le DEVOIR de te frapper sans que bien sûr, je ne sois au courant de rien.
- S’il te plaît, arrête…
Sa mère était à la limite de l’écroulement. Aux bords des larmes, elle s’appuya sur le rebord du lavabo de la salle de bains. Kirua ne montra aucun signe de tendresse : plutôt un regard sérieux, glacial.
- Désolé, mais ce n’est que la vérité.
- Je sais, mais…
- Mais quoi ? Pourquoi lui redonner une chance à chaque fois ?
Alors que sa mère s'apprêtait à répondre, la sonette avait retentit, signalant la présence de son père. Et c’est à ce moment là où Kirua l’avait remarqué et était étonné de sa prestance. Il n’était plus le même père qu’il avait connu : c’était un tout nouveau. Il s'était même rasé et il lui demandait si gentiment comment ça se passait en cours : ses projets futurs, ses ambitions… Kirua avait du mal à répondre face aux impressions que donnait son père, qui ne reconnaissait plus.
- J’vais me coucher, demain j’ai cours. Avait-t-il inventé comme excuse pour s’échapper. 
Il dit bonne nuit à sa mère, pensant que tout allait bien se passer pour cette fois, malgré qu’il reste quand même un peu méfiant. Car même si son père donnait l’impression d’avoir changé, il n’était pas encore convaincu.
Puis cette nuit-là, ses doutes eurent bien raison de l’adolescent.
Il s’était réveillé en sursaut, entendant des cris stridents. Il courut en direction de la chambre de sa mère, et vit avec horreur son père au dessus d’elle, un couteau à la main. Il était prêt à la poignarder mais sa mère le retenait de toutes ses forces pour l’en empêcher. Il n’a pas fallu une éternité pour Kirua de réfléchir : il prit un vase posé sur une commode, s’approcha en quatrième vitesse de son père et l’assomma avec ce vase. Son père s’écroula sur sa mère : Kirua le retourna et le jeta par terre tel un déchet, avant de venir embrasser sa tendre mère. Cette dernière était en pleurs, et Kirua put sentir sa peau nue.
Il l’avait déshabillé.
À cette pensée, son sang se glaça.
- Je vais le tuer.
- Non, il faut appeler…
- On appelle personne. Je le tue, c’est tout.
- Kirua…
Sa mère le serra dans ses bras, encore plus fortement qu’il ne l’avait fait. Des larmes sur l'adolescent se mirent à couler, ne voulant plus s’arrêter.

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