Épisode 37 : "Naneun, ganda."

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Un petit garçon se tenait là, assis sur le sol, le regard figé sur sa mère qui était en train d'effectuer des mouvements de précipitation. Il la suivait du regard tandis qu'il s'inquiétait du comportement soudain de cette dernière.
- Range-moi tes jouets Karma, dit-t-elle alors.
Le petit concerné lui jeta un dernier regard avant de s'exécuter. Il vit ensuite sa mère recharger une arme avant de la placer derrière son dos. Elle semblait également chercher quelque chose. Karma s'approcha doucement d'elle, et lui tendit une sorte de couteau indien à la forme d'une plume, d'environ 20 cm. Sa mère se retourna avant de lui prendre le couteau des mains.
- Putain, et dire que je le cherchais partout... ! Quelle merde... merci, Karma.
Elle se pencha ensuite légèrement afin de lui embrasser la tête.
- Je pourrais l'essayer un jour, ton fameux couteau ? Demanda alors Karma.
- Quand tu seras grand, mon fils. Mais ça, ce n'est pas un jouet.
- Je le sais ça. Mais quand je serai grand, tu me le donneras pour que je me défende.
- Et si je refuse ?
- Je te l'arracherai des mains, alors. De toute façon, tu vas me le donner parce que tu n'peux rien me refuser, maman.
La mère se mit à rire doucement avant de s'accroupir devant son fils, qui lui souriait malicieusement.
- Promets-moi alors une chose.
- Quoi ?
- Si je te fais part de mon couteau fétiche, promets-moi que tu en prendras bien soin.
- D'accord.
- Je ne plaisante pas, Karma. Ce couteau m'est très précieux. Il était à ton grand-père, et c'est sûrement le seul souvenir que tu auras de ma lignée.
Karma garda le silence, observant sa mère d'un air sérieux.
- Tu sais pourquoi je ne l'utilise que très rarement ? Je n'aime pas l'utiliser contre des gens faibles et sans intérêts. Et je ne l'utilise que pour les grandes occasions.
Elle plaça le couteau bien devant ses yeux et rajouta :
- Promets-moi que tu en feras de même.
Le petit garçon aux cheveux rouges fixa attentivement le couteau, avant de relever son regard vers celui de sa mère :
- Je ferai de même, je te le promets.
Puis de là, on entendit des cris en dessous de leur maison, ainsi que plusieurs bruits de bricolage.
- Et merde, Saïn... chuchota la mère.
- C'est papa ?
- Oui, c'est papa qui torture, encore une fois. Bon, va dans ta chambre maintenant, et n'en ressort plus jusqu'à ce que ton père et moi nous remontons.
Karma s'exécuta sans riposter. Il savait pertinemment comment ça marchait, maintenant.
- Karma ?
Alors qu'il s'apprêtait à aller dans sa chambre, il se retourna suite à l'appel de sa mère :
- Quoi ?
- Si jamais tu ne nous entends plus, qu'est-ce que tu fais ?
Il roula des yeux et soupira doucement avant de répondre :
- Je me cache et je récite l'alphabet, jusqu'à votre retour.

...

Assis derrière un buisson, il fit tournoyer le couteau indien de sa mère entre ses doigts.
Ce dernier souvenir qui avait refait surface dans ses pensées ne le fit pas sourire, surtout dans un moment comme celui-là.

Karma ne savait même pas où il était. Il avait juste roulé pendant des heures, jusqu'à arriver à une destination. Il n'avait même pas pensé à regarder cette dernière, tellement la rage bouillonnait en lui. Mais ce dont il était sûr, c'est que Jung était là, à cet endroit, dans cet immense immeuble qui avait pour inscription en haut du bâtiment « FIDAL ENTREPRISES ». Caché derrière un buisson, il attentait, regardant sa montre à plusieurs reprises que l'horloge sonne minuit. Et plus les heures passaient, plus les lumières du bâtiment s'éteignaient petit à petit. Jung était là-dedans, il en était certain. Il était là et l'attendait lui aussi avec impatience. À ce moment-là, Karma regarda une dernière fois le couteau indien dans sa main avant de se mettre ensuite à sourire : comme l'avait dit sa mère, il fallait l'utiliser que pour les grandes occasions, non ?

5 heures avant, fin d'après-midi...

- Alors Jim' ? S'impatienta Kirua.
- Alors... j'ai réussi ! Je viens de me connecter au GPS de sa voiture... ! Regardez !
- T'es génial cousin, s'exclama Claire.
Ils s'approchèrent tous les trois de l'ordinateur avant de jeter un regard vers la petite forme carré qui avançait petit à petit dans l'écran.
- Tu es sûr que c'est lui ? Demanda Kirua.
- Mais oui t'inquiète pas, j'ai bien retenu le numéro d'immatriculation de sa voiture.
- Fais confiance à la mémoire de mon cousin, Kirua.
Ils observèrent ensuite attentivement l'écran d'ordinateur.
- On... on dirait qu'il quitte la ville ? S'inquiéta Manon.
- Mais il quitte la ville là...! S'exclama Claire.
- Où est-ce qu'il va ? Murmura à son tour Jimmy.
Kirua ne quitta pas des yeux l'écran, les sourcils froncés. Puis, on l'entendit murmurer pour lui-même :
- Il va à Uruma...
Les trois amis se tournèrent momentanément vers lui.
- Où ça ? Demanda Claire.
- Il pense que Jung se trouve là-bas.
Il baissa les yeux tout en fronçant les sourcils, comme pour réfléchir. Manon lui chuchota alors ces mots :
- Comment tu sais ça ?
- Parce que c'est là-bas que ce faisait la marchandise de son père auparavant. Son siège principal de son entreprise était en Corée du sud, mais il possédait une filiale au Japon, à Uruma.
- Un petit quartier du sud-est... parla alors Jimmy pour lui-même. Idéal pour transporter en toute discrétion de la marchandise illegal...
Quant à Manon, elle garda le silence, ne sachant quoi répondre. Encore une fois, elle fut déçue d'apprendre que Karma ne lui avait pas tout dit sur son passé.
- Ok, alors, si il compte aller là-bas, y'a pas une minute à perdre... ! S'exclama Claire. Allez le chercher... !
- Je suis d'accord... rétorqua alors doucement Manon. Si c'est vraiment sa destination, il faut qu'on y aille avant qu'il ne fasse une connerie, Kiru.
L'adolescent regarda ses deux amies.
- Et si jamais je me trompe ? Dit-t-il alors. Si jamais il ne compte pas aller à Uruma, on fait quoi ?
- Il faut quand même essayer, insista la brunette.
- Vous devriez y aller tout de suite, rétorqua alors Jimmy. Parce que s'il va vraiment là-bas et qu'il éteint son GPS, je ne pourrai plus le pister. Alors, grouillez-vous avant qu'il ne soit trop tard, on verra bien après.
- Ok, on y va. On y va maintenant Kirua.
Manon fixa son ami d'un regard ferme, comme si celle-ci était déterminée à retrouver Karma.
- Une minute ! S'écria alors Claire. Et comment vous allez y aller ? Personne ici ne sait conduire, je vous signale.
- Les trains ça existe, gogole. Allez Manon, on se grouille.
- Oui !
- Soyez prudents, parla Jimmy, la route sera longue.
- Compte sur nous.
Ils prirent alors quelques de leurs affaires, des armes et un peu d'argent avant de quitter la ville pour retrouver leur ami.

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