Épisode 36 : "Alors laisse-nous t'aider putain."

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Karma entra dans sa chambre tout en embrassant à pleine bouche sa jolie brunette. Manon, où tout son esprit était embrouillé, ne put s'empêcher d'aimer cela, le fait que Karma soit devenu si entreprenant avec elle ces derniers jours. Elle a essayé plusieurs fois de lui demander ce qu'il lui prenait si soudainement, pourquoi agissait-t-il ainsi... Mais à chaque fois, elle eut droit à de brefs réponses comme "je n'ai rien" "j'ai juste envie de toi" ou "bof". Mais il n'y avait pas que ça : elle avait aussi remarqué un changement chez Kirua, du fait que les deux garçons ne se parlaient plus comme avant. En effet, il n'y avait plus de chamailleries, d'insultes ou de rires, c'était comme si maintenant les deux adolescents évitaient toute conversation ensemble.
- Attends, Karma... dit-elle entre deux baisers.
Ce dernier la fit basculer sur son lit tout en commençant à descendre la fermeture éclair de sa robe. Manon arrêta alors leur baiser et le regarda fermement.
- Quoi ? S'étonna l'adolescent. Tu ne veux pas, aujourd'hui ?
- Si, bien sûr, mais...
Il l'embrassa davantage ne lui laissant pas le temps de répondre. À cet instant, ce fut trop pour la jeune fille. Manon se faisait toujours avoir comme ça quand elle voulait parler sérieusement avec Karma. Cette fois, elle n'allait pas le laisser prendre le dessus comme il avait l'habitude de le faire.
Elle se recula donc avant de venir croiser ses bras.
- Ça suffit maintenant Karma. Je ne ferai rien avec toi tant que tu ne me diras pas ce qu'il se passe.
Le concerné la regarda avec surprise avant de soupirer un bon coup. Manon reconnut de suite ce genre d'expression, c'était la même que faisait Kirua quand celui-ci était contrarié par quelque chose.
Karma s'approcha doucement d'elle avant de déboutonner sa chemise :
- Il n'y a rien. On peut continuer alors ?
Dit-il dans un sourire charmeur.
Manon resta les bras croisés, le regard ferme. Karma baissa les épaules, dépité :
- Attends tu comptes sérieusement rester comme ça là ?
- Et toi, tu comptes sérieusement continuer à faire comme si de rien n'était ?
L'adolescent soupira plus longuement que la précédente avant de venir s'asseoir sur le lit. Manon s'approcha ensuite, entourant ses bras autour de sa taille :
- Hey Karma, je vois très bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas. D'abord, tu veux tous les jours faire l'amour. Bon, pourquoi pas après tout, tu es comme ça.
Il émit un petit rire. Manon poursuivit alors :
- Mais quand j'essaye de te demander ce qui ne va pas, tu évites toujours mes questions. Et puis... Kirua. Vous ne vous parlez plus comme avant.
- Bien sûr que si, on se parle.
- Peut-être, mais il y a tout de même quelque chose de différent. Et tu ne peux pas le nier, je vous connais assez pour ça.
Karma détourna le regard, pensif. Devait-il vraiment tout lui raconter ? Il savait qu'en plus, quand Manon ignorait quelque chose, elle était déterminée à tout savoir, surtout quand il s'agissait de ses amis. Et il savait aussi que si elle faisait ça, c'est parce qu'elle tenait à eux.
- Ok, t'as gagné, dit-il finalement. Kirua est en colère contre moi si tu veux tout savoir.
- En colère contre toi ?!
- Oui enfin, pas en colère, mais il s'inquiète si tu veux.
Un court silence se fit, où Manon fronça légèrement les sourcils, voulant en savoir plus.
- Il s'inquiète pourquoi ?
À cette question, Karma grimaça. Mais vu qu'il en était arrivé là, il ne pouvait dorénavant plus revenir en arrière. Manon n'allait de toute façon pas lâcher l'affaire si il décidait au dernier moment de ne plus rien dire.
- À ce que je sache, je ne t'ai jamais raconté mon passé, pas vrai ?
Suite à sa question, il la regarda tandis que Manon se mit à réfléchir.
- Je me souviens que tu m'ai raconté des petites choses, mais pas entièrement.
- Je vois...

De là, il relâcha Manon de ses bras pour remettre les boutons de sa chemise. Il se leva par la suite avant de se diriger vers le balcon de sa chambre. Manon remit aussitôt ses vêtements en place avant de le suivre.
- Karma, il est trop tard pour fuir maintenant.
- Je ne m'enfuis pas, je prends juste un peu d'air.
- Oui, c'est ça.
Elle regarda son ami qui observait l'horizon. Manon souffla doucement, elle qui commençait à être si proche de la vérité, il n'était pas question d'abandonner.
- Je reviens, dit-elle alors.
Elle sortit du balcon et se dirigea vers un des tiroirs de la chambre. De là, elle sortit un paquet de cigarettes puis rejoignit à nouveau Karma sur le balcon.
- Si je te donne une clope, tu vas me raconter ce qu'il s'est passé ?
Karma se tourna vers elle, la voyant sourire malicieusement. Il lui rendit son sourire avant de prendre le paquet de cigarettes. Il la passa ensuite entre ses lèvres, et en sortit un briquet.
- Avance toi, dit-il à Manon.
Cette dernière qui avait également une cigarette entre ses lèvres, s'exécuta. Karma alluma alors cette dernière, avant que les deux ados n'inspirent par la suite la nicotine. Un silence se fit encore, et quelques minutes passèrent sans qu'aucun d'eux ne parlent.
- Avant de venir au Japon, je vivais en Corée avec mes parents. Parla subitement Karma.
À cet instant, Manon émit un petit sourire sur les lèvres :
- Je le sais déjà ça, Karma.
- Mes parents étaient des mafieux.
Cette fois, la brunette se tourna rapidement vers lui, ne s'attendant pas à cette réponse. Karma se tourna vers elle, esquissant à son tour un sourire narquois :
- Ça, tu ne le savais pas, pas vrai ?
- Tu... tu étais le fils de parents mafieux ?!
Il hocha la tête.
- Mon père gérait un marché clandestin qui consistait à transporter de la drogue et à la vendre dans les pays d'Amérique latine et sur le continent Européen. Il avait établi plusieurs flux de marchandises et a réussi à se faire dans la poche plusieurs alliés dans la mafia russe, chinoise et mexicaine.
Manon baissa le regard, comme si celle-ci était concentrée sur les paroles de Karma. C'était la première fois qu'il lui racontait son passé avec autant de détails, des détails qu'elle ignorait jusqu'à aujourd'hui.
- Parmi ses alliés, il y en avait un avec qui il était proche : il s'appelait Jung. C'était l'un de ses principaux bras droits, mais avec Jung, c'était différent. Ce mec faisait presque parti de la famille.
- Jung... faisait parti de quelle mafia ?
- Celle de mon père.
- Oh...
- Jung était persuadé que ce serait lui qui hériterait du business de mon père, et mon père respectait beaucoup sa loyauté envers lui. Seulement, il lui a fait comprendre que ce ne serait pas lui, mais moi qui hériterait de son statut.
- Pourquoi ça ?
De là Karma tourna légèrement son regard vers celui de Manon, avant de lui répondre :
- Parce que je suis un Akabane.
- Je vois...
- Je n'avais que 4 ans à l'époque. Et pourtant j'arrivais déjà à assimiler tout ce que m'expliquait mon père. Ce qu'il faisait, de quelle manière il agissait... ma mère était persuadée que j'étais un surdoué à l'époque. Quant à Jung... j'étais peut-être qu'un gosse, mais je pouvais très bien voir qu'il me détestait. Parce qu'à cause de ce que j'étais, il savait qu'il n'allait jamais hériter.
Karma marqua une pause et se mit à inspirer un long moment la nicotine, comme si celui-ci eut de la difficulté à se retrouver dans ses souvenirs. Manon continuait de le fixer attentivement. Même si c'était difficile, il fallait que Karma aille jusqu'au bout.
- Je me souviens qu'un jour, il est venu me voir dans ma chambre. Il m'a ensuite jeté un jouet sur le visage et m'a dit : "un jour, je te tuerai, comme ça j'hériterai du business de ton père."
- C'est horrible...
- Honnêtement, ça ne me faisait ni chaud ni froid.
- Ah bon...?!
- J'étais conscient de ses mots, mais je savais également que je vivais dans un monde où tout le monde pouvait se faire tuer, même des innocents. Je l'ai su quand j'ai vu pour la première fois ma mère tirer sur un homme.
Il se mit à froncer légèrement les sourcils avant de poursuivre :
- Je suis alors parti voir ma mère et je lui ai répété ce que Jung m'avait dit. Elle était folle de rage et s'apprêtait à aller voir mon père. Seulement...
Il grimaça de douleur, hésitant à dire la suite. Manon entremêla alors sa main à la sienne comme pour l'encourager à continuer.
- Quand je suis arrivé dans le salon, je n'ai pas eu le temps de voir ce qu'il se passait. J'ai entendu un coup de feu, ma mère a hurlé de douleur. Elle s'est ensuite retournée vers moi et j'ai vu du sang au niveau de sa jambe. Elle m'a prise directement dans ses bras et m'a caché dans un placard sous l'escalier. Et avant de fermer la porte à clé, elle m'a dit : "récite l'alphabet dans ta tête et quand tu auras terminé, récite-le une nouvelle fois. Ne pense à rien d'autre qu'à l'alphabet."
- Pourquoi... elle t'a demandé de faire ça ? Demanda Manon, hésitante.
Karma répondit quelques secondes après :
- Quand elle me demandait de faire ça, c'était quand mes parents torturaient des gens, ou alors quand ils me sentaient en danger. C'était un moyen pour ne pas que je sois attiré par cette violence à mon âge.
Il souffla doucement avant de reprendre :
- Alors j'ai obéi. Je l'ai récité plusieurs fois, alors que j'entendais mes parents hurler de douleur sous la torture que Jung leur infligeait. Ça a duré de bonnes heures, et je ne pouvais rien faire à part les entendre. Jung leur ordonnait de dire où je me trouvais.
Il jeta sa cigarette sur le sol.
- Mes parents sont morts en m'ayant protégé de ce fumier. La police est arrivé le jour d'après chez moi. Ils m'ont retrouvé et j'ai aperçu le corps de mes parents. Ils étaient devenus pire que des cadavres.
Manon, où des larmes perlèrent aux coins de ses yeux, leva son regard sur celui de Karma. Elle aperçut à ce moment les yeux de l'adolescent briller légèrement.
- Je savais que c'était Jung qui avait fait tout ça, mais je n'ai rien dit à la police. Parce que je me suis juré, et je l'ai juré sur la tombe de mes parents, que c'était moi qui allait faire payer ce type. Moi et personne d'autre.
Enfin, il se tourna vers Manon :
- Voilà, tu sais tout.
Cette dernière n'en revenait pas, car elle était loin de se douter que le passé de Karma était encore plus horrible que ce qu'elle imaginait.
- Pourquoi... pourquoi tu ne m'en a jamais parlé...? Dit-elle de sa voix tremblante.
- Manon...
- Kirua le savait pourtant... mais moi... pourquoi ne m'avoir rien dit...?
- Parce que je ne voulais pas te mettre aussi en danger. Jung court toujours dans la nature, et il sait que je suis ici, à Okinawa. Il viendra me chercher tôt ou tard, et il n'était pas question pour moi de vous mettre en danger, toi et Kirua.
- Pourtant, tu as bien mis Kirua au courant... ! Alors pourquoi quand c'est moi tu...
Là, elle s'arrêta net. Elle regarda Karma qui la fixait d'un air railleur, comme pour lui dire "à ton avis ?"
"Parce qu'il tient à moi ?" pensa la jeune fille.
Pour réponse, Karma se pencha pour l'embrasser tendrement, où Manon lui rendit son baiser en passant ses bras autour de son cou.
- Tu as tout mon soutien Karma, dit-elle après leur doux baiser. Mais je peux comprendre que Kirua s'inquiète. Donc tu ne penses pas que... c'est préférable de ne rien faire pour l'instant ?
- Le problème c'est que si je ne fais rien, Jung viendra certainement ici, et cela vous mettra tous en danger. C'est ça que Kirua ne comprend pas.
Manon le regarda, un petit sourire malicieux sur les lèvres.
- Et depuis quand notre sadique Karma Akabane craint une personne ?
- Depuis que je sais que cette personne est plus dangereuse que moi.
Elle relâcha ses bras autour de son cou, avant de l'observer avec étonnement.
- Écoute, je peux comprendre que cela vous inquiète, à toi et Kiru. Mais je ne peux pas ignorer le fait que Jung est à ma recherche et qu'il est capable de tuer toutes les personnes qui me fréquente. C'est lui qui a tué Clémence, Manon. Alors que ce soit toi, Kirua, Claire ou Jimmy... vous êtes tous en danger.
- Alors laisse-nous t'aider dans ce cas. Parla une voix masculine.
Ils se retournèrent tous deux vers l'entrée de la chambre pour y voir Kirua, les regardant avec fermeté.
- Kirua, on en a déjà parlé et...
- Et tu refuses parce que tu ne veux pas nous mettre en danger, oui j'ai compris ça. Seulement Karma, n'oublie pas qu'on est tes potes, et qu'on s'est promis d'avancer ensemble, quoi qu'il puisse nous arriver.
- ...
- Alors laisse-nous t'aider putain. Ensemble, on arrivera à le vaincre. Ce serait du suicide si tu partais l'affronter seul, tu le sais très bien. Et moi, jamais je ne te laisserai faire une connerie pareille.
- Je suis du même avis, rétorqua Manon. Karma, laisse-nous nous en mêler s'il te plaît.
Le concerné regarda ses deux amis intensément. Il ne voulait absolument pas qu'ils s'en mêlent, mais à la vue de leur regard persistant, il fut pendant un instant touché par leur détermination à vouloir le protéger. Manon et Kirua savait pourtant que c'était très dangereux, qu'ils risquaient probablement leurs vies, mais ils s'en moquaient.
Karma soupira alors un bon coup avant de leur répondre :
- Très bien, si vous tenez tant que ça à m'aider... c'est d'accord. Mais vous êtes prévenus. Demain, je vous expliquerai tout en détails.
De là, il sortit du balcon et de la chambre. Kirua et Manon se regardèrent, à la fois ravi et soulagé.

Or, le lenndemain matin, Kirua fut réveillé par de légers cris stridents. Après s'être habillé, il descendit à la hâte les escaliers et tomba sur Manon, Claire et Jimmy.
- C'est quoi ce boucan ? Il est super tôt les gars !
Son regard croisa celui de Manon. Dès qu'il découvrit des larmes desséchés sur ses joues, il comprit qu'il s'était passé quelque chose de plus ou moins grave.
- Qu'... qu'est ce qui s'passe ? Demanda-t-il.
- C'est Karma... parla Manon. Il...
De là, elle lui tendit son téléphone, où Kirua vit un message inscrit sur ce dernier. Un message de Karma qui disait :
"Je suis désolé les gars, mais il faut que j'y aille seul. N'essayez pas de me retrouver."
Le sang de Kirua ne fit qu'un tour en ayant lu ce message. Une part de lui était dans une colère noire, et une autre ne pouvait pas s'empêcher d'être morte d'inquiétude.
- Il a éteint son téléphone et a prit sa voiture, murmura Manon. On est incapable de savoir où il est en ce moment.
- Tu as dormi avec lui hier soir non ? Tu ne l'as pas entendu se réveiller à un moment ?

Elle secoua tristement la tête, les larmes qui ne s'arrêtaient plus de couler. Kirua détourna le regard, apeuré par la situation. Là, à cet instant précis, il maudissait de tout cœur son meilleur ami, qui était parti risquer sa vie. Et si jamais il arrivait quelque chose à Karma, il ne s'en remettrait pas.
- J'ai peur Kirua, dit Manon la voix tremblante. J'ai vraiment peur qu'il lui soit arrivé quelque chose...
Son ami passa une main derrière sa nuque, et lui murmura ces mots :
- Manon, arrête de pleurer. On le retrouvera d'accord ? T'as ma parole qu'on le retrouvera.

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