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Épisode 28 : "Elle est morte."

Ils arrivèrent enfin à Okinawa après plusieurs heures de vol. Le trajet fut long, et qu'elle ne fut pas leur soulagement quand ils atteignirent les portes de leur villa. Elle était magnifique, petite mais luxueuse, avec terrasse et piscine que l'on voyait à l'extérieur. La maison était de couleur blanche, avec un balcon disposé vers le haut.
Karma ouvrit alors la porte et tous les cinq entrèrent à l'intérieur. Les yeux émerveillés, Claire s'exclaffa :
- Wow ! Mais c'est juste génial ici !
Elle courut dans tous les sens alors qu'elle venait de jeter sa valise dans l'entrée.
- Premier arrivé, premier servi pour les chambres !
- Hé ! S'écria alors Manon.
Elle accouru alors à son tour, sous le soupir des trois garçons.
- Je n'arrive toujours pas à y croire, dit alors Jimmy. Une grande villa comme ça, pour nous cinq...
- On y reste pour combien de temps ? Demanda Kirua.
- Je ne sais pas encore. Pourquoi, tu veux déjà repartir ?
- T'es fou toi.
- Ce serait mieux qu'on aille voir les chambres je pense, parla Jimmy.
Il monta les escaliers le premier, suivit de Karma et Kirua. Tous avaient maintenant choisis leurs chambres, c'était parfait, car chacun en avait une pour lui, hormis une chambre avec un lit deux places. C'était Claire et Manon qui avait donc choisi cette chambre.
Ils inspectèrent ensuite la maison entière où la villa était non seulement magnifique de l'extérieur, mais aussi de l'intérieur. Elle comportait en tout trois salles de bains, quatre chambres, un balcon, une terrasse, une cuisine à l'américaine ainsi qu'un grand salon assez espacé pour réunir une trentaine de personnes.
La nuit tomba peu de temps après. Manon, Claire et Jimmy étaient réunis dans la piscine tandis que Kirua et Karma se trouvaient sur le balcon. Depuis cet endroit, on pouvait apercevoir au loin la ville de Naha, ainsi qu'une petite partie de la mer. Une vue bien agréable et merveilleuse.
Karma alluma une cigarette. Depuis qu'ils étaient arrivés, il ne parlait que peu et refumait souvent, ce qui n'avait pas échappé au regard de Kirua. Lui qui connaissait bien son ami, il avait très bien deviné que quelque chose le tracassait.
- Quatre, dit alors l'adolescent aux cheveux blancs.
- Hein ?
- C'est la quatrième fois que tu fumes depuis que nous sommes arrivés.
Karma resta surpris. Gardant le silence, Kirua se tourna vers lui en souriant :
- Et oui, tu as fumé tant que ça depuis le début de la soirée.
Suite à la remarque de son ami - où ce dernier se faisait la même remarque dans sa tête - jeta sa cigarette par terre avant de l'écraser au sol.
- Y'a quelque chose qui t'énerve ?
- Pas vraiment.
Il fixa son ami qui regardait dans le vide.
- C'est qui ? Anna...? Demanda alors Kirua.
Karma ne fut même pas choqué qu'il avait deviné juste. Il leva les sourcils d'un air agacé.
- Tu l'as quitté ?
- Je l'ai quitté.
- Vous vous êtes disputés ?
- Non, au contraire.
- C'est-à-dire ?
- On a parlé calmement.
- Bon alors, où est le problème ?
- Tu vois justement, j'en sais rien.
Il se retourna dos contre la vue qu'il avait, les coudes appuyés contre la rambarde.
- Je l'ai quitté, ça s'est bien passé, c'est fini. Alors pourquoi je pense encore à elle ?
- J'ai ma petite idée.
De là, son ami lui adressa un petit sourire alors que Karma pencha la tête sur le côté, l'air de ne pas comprendre.
- Tu es amoureux.
- Pff, vas-y toi.
- Ben alors explique-moi comment tu peux encore penser à elle ?
- Peut-être parce que je viens de la quitter il y a quelques heures de cela.
- Oui, ou alors...
- Arrête Kiru. Je n'étais pas amoureux d'elle.
- C'est ce que tu dis...
- Je ne l'ai jamais aimé, j'en suis certain.
- D'accord, si tu le prends comme ça...
- Tu l'as quitté ?!
À cet instant, les deux garçons se tournèrent vers Manon, qui s'avançait vers eux. Elle avait les cheveux mouillés et était vêtu d'une robe à volants, chose qui signifiait qu'elle venait de sortir de la piscine.
- Il fallait bien, non ? Lui répondit alors Karma.
- Je n'en savais rien.
- Normal, je ne te l'avais pas dit.
- Mais ça va, elle l'a pas trop mal prit ?
Karma garda le silence, avant de répondre :
- Elle a pleuré.
- Oh... fit Manon d'une voix triste.
- C'est la vie, rétorqua Karma en haussant les épaules.
- Elle s'en remettra, ajouta Kirua à son tour.
- Bandes de sans coeurs, dit alors Manon en pouffant de rire.
- Non mais attends parce que, Karma est silencieux depuis qu'on est arrivés. Et il a fini son paquet de clopes. Il fait genre tout va bien mais j'crois qu'Anna lui manque un peu.
Kirua parla tout en affichant un sourire malicieux.
- Oh, vraiment ? Et bien alors Karma, serait t-on tombé amoureux ?
- Fermez-là vous deux. Cela n'a rien à voir avec Anna, j'ai juste...
Il s'arrêta un instant, avant de poursuivre d'un murmure :
- J'ai juste un mauvais pressentiment.
Ses deux amis l'observèrent un moment alors que Karma se mit à baisser les yeux, les sourcils froncés, rongé par l'anxiété.
- À propos de...? Demanda Kirua en fronçant lui aussi les sourcils.
Même si son ami gardait le silence, Kirua put deviner que Karma était vraiment inquiet à propos de quelque chose. Mais quoi donc ? Là-dessus, impossible de savoir. En plus, il avait l'air d'être concentré sur quelque chose... c'était comme s'il réfléchissait... là-dessus pas de doute, Karma s'inquiétait.
- LES GARS ? ON MANGE ! S'écria subitement Claire d'en bas.
Celle-ci avait commandé des pizzas qui venaient tout juste d'arriver. Les trois amis se tournèrent en même temps vers l'escalier, puis Manon prit la parole :
- Bon, on mange puis on reparle de tout ça ? Karma, si tu as un problème, tu nous le dis.
- Ouais, si tu insis...
Son téléphone le coupa dans sa phrase. Il le sortit de sa poche avant de fixer le numéro qui s'affichait :
- C'est qui ? Demanda Kirua.
- Je n'sais pas, mais je sens qu'il faut que je décroche.
- Bon ben tu nous rejoins en bas dans ce cas ?
- Ouais t'inquiète, ne m'attendez pas surtout.
- C'est bien ce qu'on le compte faire, t'en fais pas.
Il lui esquissa un sourire narquois où Karma lui leva son majeur pour lui répondre. Il décrocha ensuite son téléphone après le départ de Kirua :
- Allô ?
- Karma Akabane ?
- Oui c'est moi. Qui est à l'appareil ?
- C'est la collègue de votre assistante sociale, Clémence.
- Sa collègue ?
- Oui. Je suis navrée d'appeler à une heure aussi tardive, mais il faut que je vous parle. C'est important.
- ...

...

- Ce n'est pas juste Claire ! Tu aurais pu en laisser pour Karma ! S'exclama Manon.
- Ouais ben hein, en attendant Karma n'est toujours pas descendu, et puis j'ai faim moi aussi... et puis en plus regarde, je lui ai laissé une part.
- Seulement une !
- J'avoue que tu y es allée un peu trop loin Claire.
- Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi Jimmy... !
Tous étaient en train de plaisanter à table, sauf bien sûr Kirua, qui s'inquiétait pour son ami, là-haut. Ils avaient eu le temps de manger toutes les pizzas et Karma n'était jamais redescendu. S'était-il passé quelque chose ?
Inquiet, il se leva et laissa les autres plaisanter entre eux. Il monta ensuite les escaliers et se dirigea vers la chambre où il avait laissé son ami. La porte était fermé : Cela inquiéta davantage son meilleur ami.
- Karma ? J'peux entrer ou t'es à poil ?
Aucune réponse. Kirua attendit quelques secondes derrière la porte avant de finalement l'ouvrir doucement. Ce qu'il vit alors en face de lui le stupéfia : sur le devant de la porte, les débris d'un vase maintenant brisé en mille morceaux, sans parler de la baie vitrée où un énorme impact se dessinait dessus. Il vit un pot de plante renversé à côté : Karma avait sûrement dû utiliser cela pour créer l'énorme fissure sur la vitre.
- Karma ?
Il s'avança dans la chambre en fermant la porte tout en cherchant son ami de l'oeil. Il le vit alors assis par terre, les mains appuyés contre son visage. La dernière fois qu'il avait vu son ami dans cette position, c'était il y a 5 ans déjà. Il espérait que son pétage de plomb n'était pas dû aux mêmes raisons... Et encore, vue la scène qu'on pouvait constater là maintenant, la raison de sa colère n'était pas si grave que ça, parce que sinon... il aurait bien fait pire.
Il s'assit alors à ses côtés, sans parler. Il savait que ça ne servait à rien de le harceler de questions, ça allait juste lui aggraver sa colère. Il lui suffisait juste d'attendre que Karma se calme pour enfin lui parler. Il attendit alors cinq bonnes minutes, le silence régnant dans la pièce.
Cinq minutes passèrent, et Karma s'était un peu détendu. Il releva enfin la tête, regardant droit devant lui. Les deux amis ne se regardait pas, ils n'avaient pas besoin de se juger du regard pour se comprendre.
- Ça va mieux ? Demanda alors Kirua.
- Ouais, on va dire.
Le souffle de Karma était fort, chose qui justifiait qu'il était toujours sur les nerfs, mais qu'il pouvait quand bien même parler à quelqu'un.
- Ça faisait longtemps que je n'avais pas vu ça.
- Et encore, là j'étais calme.
Il serra les poings tout en disant cela. "Bon sang, mais qu'est-ce qui s'est passé pour qu'il pète un câble comme ça ?"
Voilà ce que pensait l'adolescent, alors qu'il songeait à maintes suppositions dans sa tête.
- L'appel venait de la collègue de Clémence.
- Clémence ?
- Ouais. Et devine quoi...
Il marqua un temps de pause :
- Elle est morte.
Les yeux de Kirua s'agrandirent de choc. Que venait-il de dire là...?
- Clémence est...
Karma ne répondit rien. Il se contentait juste de regarder droit devant lui sans aucune émotion.
Il poursuivit, alors que Kirua gardait le silence :
- Elle a été tuée dans son appartement. Ce matin même...
- Putain...
Karma prit ensuite son téléphone afin de montrer un message à son ami :
- Voilà ce qu'elle m'a dit avant qu'on parte pour Okinawa.
Quatre messages y étaient en tout. Sur le premier on pouvait lire : Karma, il faut que je te parle. Rappelle-moi.
Le second : Karma, est-ce qu'on peut discuter ? C'est extrêmement urgent.
Le troisième : Je sais que je ne dois plus intervenir dans ta vie, mais je t'en supplie, rappelle-moi.
Et enfin le dernier, sans doute l'un des plus frustrants : Tu es en danger, Karma.
Après avoir montré tous ses messages, il jeta violemment son téléphone contre la vitre, où une petite fissure s'était faite sur cette dernière. Kirua resta sans voix, trop choqué par ce qu'il venait d'apprendre. Clémence morte, tuée dans son appartement, puis ses messages... Il n'y avait aucun doute là-dessus, si Karma avait reçu tous ses messages avant que Clémence ne soit tué, c'est que sa mort n'était pas involontaire. On s'en ai prit à elle, tout comme on allait probablement s'en prendre à Karma.
- Il a tué mes parents, Kirua. Il a tué mes parents et maintenant, il s'en est pris à Clémence.
Kirua garda le silence, s'inquiétant de l'état de Karma. Il ne voulait surtout pas que celui-ci re-craque à nouveau. Rien que l'idée qu'il devienne à nouveau fou à cause de son passé lui était juste insupportable.
- Karma... ça va aller ok ?
Il voulut le rassurer, mais même lui n'en était pas convaincu. Seulement, Karma ne l'écoutait pas. Il se releva, s'approcha du pot de plante qu'il frappa violemment contre la vitre encore une fois. Son visage n'exprimait ni peine, ni tristesse : plutôt haine et colère.
- Il sait que je suis en vie, murmura-t-il alors. Mais crois-moi qu'il s'en sortira pas comme ça.