Ambre entendit trois coups frappés à la porte de sa chambre. Assise sur sa chaise de bureau, elle la fit rouler en se poussant d'un coup de pied et tendit le bras pour atteindre la poignée. Elle ouvrit lentement en penchant la tête pour plus vite voir de qui il s'agissait.
— C'est moi, fit Mathieu, qui n'avait pas encore retiré son manteau et ses chaussures et qui portait toujours son sac de cours. Tu vas bien ?
Elle ne répondit que par un « oui » très vague, embarrassée par l'inquiétude que manifestait Mathieu. Il venait de rentrer du lycée, et l'on pouvait deviner à son souffle rapide qu'il avait couru dans les escaliers pour arriver plus vite.
— Je t'ai fait un message tout à l'heure, dit-il en montrant son téléphone qu'il avait gardé dans la main.
— Ah, désolée, je n'ai pas fait attention...
Il resta un instant muet. Il avait l'air un peu nigaud avec son gros manteau et son air désemparé. Ambre aimait d'ordinaire bien le taquiner sur ce genre d'expressions qu'il pouvait avoir.
— Tu as manqué le cours de littérature ? lâcha-t-il finalement. Il y a eu un problème ?
— Non... Ce n'est rien...
Elle hésitait. Avouer qu'elle avait préféré s'absenter pendant deux heures de cours pour discuter avec l'inconnue, qui l'avait emmenée dans le métro sans qu'Ambre sache où elles allaient, et qu'elle avait agi sans même se poser la question, lui paraissait ridicule. Mathieu se souciait beaucoup trop d'elle. Lorsqu'il lui avait accordé un temps précieux pour l'aider à trouver la page Facebook de Léa Rouanet, ils avaient comme pacte qu'Ambre ne fasse plus de folie et ne fasse plus passer ses recherches avant le lycée. Et elle ne l'avait même pas écouté.
— Tu as été malade ? Ça va mieux maintenant ?
On sentait qu'il n'allait pas la laisser avant d'être rassuré. Elle acquiesça donc pour lui prouver qu'il n'y avait pas de souci à se faire.
— Tu as besoin de quelque chose ? Je peux te préparer un repas spécial pour ce soir. Tu sais si tu te sentiras d'aller en cours demain ? insista-t-il.
— Non mais ne t'inquiète pas, c'était juste momentané.
— C'est un truc qui est mal passé à la cantine ? Il ne faudrait pas que ça te reprenne dans un moment.
Approuver et entrer dans des détails auraient été un mensonge aux yeux d'Ambre. Elle n'osait donc rien confirmer, et se contentait de diminuer l'importance de l'incident. Mathieu dut constater sa gêne apparente, ce qui l'amena à croire en une nouvelle hypothèse qui l'embarrassait encore plus en retour. Il eut un petit sursaut comme de surprise et parla en bégayant presque.
— Ah, ou c'était... juste un problème qui ne me regarde pas, un truc de femme ? Désolé, je suis trop bête. J'espère que ça va aller du coup.
Il se cachait à moitié derrière le mur. Il resta encore quelques instants à se demander ce qu'il devait dire, puis il proposa à Ambre de lui donner les notes qu'il avait prises pendant ces deux dernières heures à l'ordinateur. Elle accepta, et dès qu'il eut retiré manteau et chaussures, ils effectuèrent leur transaction à la clé USB sans plus parler d'ovaires.
***
C'était décidé, il fallait qu'elle fasse quelque chose. Il faisait nuit, comme souvent en cette saison, et Ambre était comme d'habitude assise à son bureau pour essayer de travailler. Elle avait nonchalamment lu le cours que Mathieu lui avait passé, et finalement, elle n'avait pas vraiment de remords de ne pas y être allée. Ce n'était qu'un cours comme les dizaines d'autres qu'elle avait reçus depuis le début de l'année et recevrait encore dans les prochains mois. Après tout, il n'y avait pas de quoi faire toute une histoire.
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La métaphysique est un bien long mot
General FictionJe pense, donc je sais que j'existe. En revanche, comment être certain que tous les humains qui m'entourent ont eux aussi des pensées, et ne sont pas des machines déguisées ? Comment savoir si les objets que je vois et sens autour de moi sont réels...