Ambre avait dû faire déplacer une colle qu'elle était censée avoir ce soir-là pour se libérer. Après les cours, elle fila directement jusqu'au métro, sans prendre le temps de passer chez elle déposer son sac. Le dernier professeur avait retenu la classe quelques minutes supplémentaires pour finir ce qu'il était en train de dire, cela l'avait tellement irritée qu'elle avait failli prétexter un rendez-vous pour partir avant la fin. Ça n'aurait pas non plus été vraiment faux.
Elle prit le premier métro et resta debout au milieu de la rame, même s'il restait des places assises, pour ne pas perdre de temps. Elle sortit son téléphone de la petite poche de son sac à dos pour vérifier si elle n'avait pas reçu de SMS. Ce n'était pas le cas, en revanche, une notification lui signalait un appel manqué et un message vocal. Elle ouvrit l'historique des appels, et découvrit qu'il s'agissait du numéro de Mathieu. Un peu à contre cœur, elle appela sa messagerie et tapa sur la première touche pour l'écouter.
« Salut, c'est Mathieu, je n'ai pas pu te parler depuis hier. En fait je suis allé au commissariat pour donner le nom de David Bosc, mais sans porter plainte. Je sais que tu ne voulais rien faire à propos de ça, mais je trouvais ça vraiment trop grave... Alors je leur ai raconté l'affaire mais sans donner ton nom et en expliquant que tu ne voulais pas être interrogée sur cette affaire. Je leur ai donné le compte Facebook de David Bosc et je leur ai dit l'endroit où ça s'est passé, comment ça s'est passé. Ils ne peuvent pas t'obliger à porter une accusation contre lui, mais ils m'ont quand même demandé d'essayer de te convaincre de le faire. Du coup, ils n'ont aucune preuve contre lui, mais ils ont dit qu'ils arriveraient peut-être à ressortir des vieux dossiers pouvant justifier une enquête à son sujet. Dès qu'ils auront le droit d'accéder à sa page Facebook, ils verront toutes les conversations qu'il a pu avoir et je suis sûr que ça aboutira. Voilà, j'espère que tu ne m'en veux pas d'être allé le dénoncer... Tu sais que c'est un groupe extrémiste vraiment très dangereux. Donc j'espère qu'on pourra se parler un de ces jours. Je voulais... Enfin je m'excuse si j'ai été trop agressif envers toi... Je ne sais pas comment on en est arrivé à se faire la tête, mais je ne voudrais pas que ça dure. Quand tu seras décidée à venir discuter, tu peux taper à ma porte n'importe quand. Voilà, ben... bye, à plus tard. »
Ambre arrivait déjà à la station Châtelet où elle devait descendre. Elle rangea son téléphone tout au fond de son sac en regrettant d'avoir écouté le message. Mathieu se trompait en croyant qu'elle allait se rapprocher de lui pour apaiser leurs tensions. Elle n'éprouvait pas une colère furieuse à son égard, mais elle savait qu'il valait mieux pour elle qu'elle ne discute pas trop avec lui. Elle avait enfin réussi à clarifier certaines choses dans son esprit, elle ne voulait surtout pas qu'il gâche tout en l'embrouillant de nouveau et en la faisant dévier de ses réflexions.
Elle suivit les panneaux dans les souterrains de Châtelet en direction du RER A, devant à plusieurs reprises faire demi-tour parce qu'elle connaissait mal l'endroit et parce qu'elle était trop distraite. Pour se reconcentrer, elle se remémora tout ce qu'elle avait prévu pour les prochaines heures, les différentes choses à faire dans l'ordre.
Lorsqu'elle pénétra dans le hall d'entrée de l'hôpital Simone Veil de Créteil, il était déjà dix-sept heures cinquante, et elle avait dix minutes de retard sur le rendez-vous qui avait été fixé. Ambre donna son nom au bureau concernant les visiteurs, et non les patients. Puis elle fit le tour des lieux, passant entre les différentes files d'attente et guichet pour chercher partout. Elle aperçut enfin Charlène, reconnaissable à sa touffe de cheveux crépus, qui se trouvait près des ascenseurs, le nez baissé sur son téléphone portable. Ambre appela son prénom en accourant vers elle.
— Ah, enfin ! On n'est pas en avance, lâcha Charlène d'un ton grincheux.
— Je t'avais dit que je serais trop juste en temps.
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La métaphysique est un bien long mot
General FictionJe pense, donc je sais que j'existe. En revanche, comment être certain que tous les humains qui m'entourent ont eux aussi des pensées, et ne sont pas des machines déguisées ? Comment savoir si les objets que je vois et sens autour de moi sont réels...