En entrant dans la salle pour le cours de philosophie, la première chose qu'Ambre remarqua fut un grand mot inscrit à la craie sur le tableau noir, indiquant : « Rendez-vous après les cours devant le lycée ». Elle balaya la pièce des yeux pour constater que personne ne semblait s'interroger sur la signification ou l'origine de ce message. Ambre alla s'asseoir à côté de Mathieu et commença à sortir ses affaires de son sac en pensant qu'elle aurait une explication plus tard.
M. Jongues ne tarda pas à arriver, entrainant aussitôt le silence parmi les élèves. Après les avoir salués, il installa son bureau avec ses différents documents, suspendit son manteau au crochet sur le mur et effaça le tableau. En regardant l'inscription disparaître sans que le professeur la questionne, Ambre fut piquée de curiosité et se pencha vers Mathieu.
— Tu sais ce que c'était, ce message ? chuchota-t-elle.
— Quoi ?
— Il y avait écrit quelque chose au tableau.
Il haussa les épaules en écarquillant un peu les sourcils, puis commença à prendre des notes sans cacher son indifférence. Ambre se demanda pendant un instant si elle avait été la seule à avoir prêté attention à ce message.
A partir de ce moment, elle attendit la fin du cours avec impatience. Qui n'aurait pas signé un tel message ? Pourquoi personne ne s'était demandé ce qu'il signifiait ? Ambre commençait à avoir l'habitude de ces étrangetés, elle était à présent persuadée que le mot s'adressait à elle. Elle surveilla l'heure durant tout le cours, mais fut frustrée quand la sonnerie retentit, car le professeur n'avait pas terminé et ne voulait pas s'interrompre en pleine explication. Il retint donc les élèves pendant quelques minutes interminables, durant lesquelles Ambre tapa frénétiquement du pied par terre, hésita à commencer à ranger ses affaires dans son sac, regarda dans toute la salle si un de ses camarades n'allaient pas faire remarquer au professeur qu'il débordait trop.
Quand ils furent finalement libérés, Ambre attrapa son sac et son manteau et partit en courant presque, dévalant les escaliers à toute allure. Elle se faufila dans les torrents d'élèves qui se dirigeaient nonchalamment vers la sortie, et poussa enfin la grosse porte. Elle fit quelques pas sur le trottoir et regarda tout autour d'elle à la recherche de la mystérieuse inconnue. Elle s'attendait à ce que comme d'habitude, sa voix retentisse dans son dos et qu'elle soit un peu plus loin, l'air satisfait. Mais Ambre n'entendit rien d'autre que le brouhaha des discussions des élèves entassés devant la porte. Elle se fraya un chemin dans cette petite foule pour essayer de s'en éloigner. C'est alors qu'elle l'aperçut, tournant au coin de la rue, ses cheveux bruns et son manteau d'écrivant une silhouette sombre qui partait d'un pas décidé.
Ambre allait courir à sa poursuite quand une main se posa sur son bras.
— Tu cherches quelque chose ? demanda Mathieu qui arrivait près d'elle.
— La fille, l'inconnue... elle est là-bas, il faut la rattraper, tenta d'expliquer Ambre.
Il la regarda d'un air perplexe, mais elle préféra ne pas s'étendre pour essayer de lui faire comprendre. Elle partit dans la direction où elle avait vu l'inconnue disparaître, et Mathieu la suivit. En tournant dans la première rue, Ambre scruta les trottoirs aussi loin qu'elle pouvait voir, espérant que l'autre serait encore dans son champ de vision. Elle devina sa silhouette qui s'engouffrait dans une nouvelle rue, bien plus loin.
— Là-bas ! fit Ambre en la pointant du doigt.
Elle courut aux côtés de Mathieu, essayant de retenir son sac à dos qui se balançait sauvagement.
— Tu veux lui poser des questions ? demanda Mathieu avec un souffle saccadé.
— C'est elle qui aura des choses à me dire.
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La métaphysique est un bien long mot
General FictionJe pense, donc je sais que j'existe. En revanche, comment être certain que tous les humains qui m'entourent ont eux aussi des pensées, et ne sont pas des machines déguisées ? Comment savoir si les objets que je vois et sens autour de moi sont réels...