Faire un choix

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« Nolan ! Tu n'écoutes donc rien à ce qu'on te dit ? »

Je sursaute. Encore. J'ai l'impression de passer ma vie à sursauter ces derniers temps. Mais la voix de mon frère sonne comme un ordre et vient de nulle part. Je fais un tour sur moi-même, paniqué. C'est son tatouage que je remarque en premier, qui surgit de l'obscurité et miroite comme une luciole. Sa main attrape mon col, me traîne et me plaque contre le premier mur qui vient. Un frisson électrique me parcourt, je traverse brutalement le mur, suivi par Bastien. Je traverse le mur. Traverse. On se retrouve à l'intérieur du bâtiment. Je me libère de sa poigne, bondis à quelques mètres de lui. La panique menace clairement de me submerger.

« Que... quoi ? C'est... Bastien ? Bastien ! Tu... il... le... »

Mon cœur bat à toute vitesse dans ma poitrine. Mes yeux voltigent de mon frère au mur, du mur à mon frère.

- Ferme-la tout de suite, Nolan.

- Par... pardon ? Tu... On était dehors... et là... »

Je ne l'ai jamais entendu m'adresser la parole de la sorte. Il n'est pas en colère c'est pire que ça. Sa fureur fait écho à mon propre état de nervosité, à ma panique. Je veux qu'on m'explique, je veux qu'il m'explique. Nous venons de traverser un mur. Tout naturellement. Je regarde pendant quelques secondes mon frère faire des allers-retours dans la pièce, se passant une main sur le visage.

« Bast... »

Il me coupe d'un geste de la main. Son prénom s'évapore entre mes lèvres, inachevé. Qu'est-ce qu'il attend ? Je recule, heurte le mur, sursaute et m'en détache immédiatement, prends l'autre direction : je fais un pas vers lui, il me stoppe d'un nouveau geste de la main. Ça commence à m'agacer. Ça commence à m'énerver. Il est en colère contre moi ? Et bien qu'il m'explique pourquoi, qu'il soit un minimum cohérent et convaincant et qu'il cesse de faire les cent pas sans un mot, bon sang ! Je claque la langue, agacé. Je prends mon inspiration, aussi. Et quand il lève la main, je l'ignore avec un aplomb parfaitement simulé.

« Qu'est-ce qu'il se passe, Bastien, explique-moi ! J'ai le droit de savoir, j'ai le droit de comprendre, je ne suis pas stupide bon sang !

- Pas stupide ? »

Il se tourne si vite vers moi que je fais un bond en arrière.

« Tu te moques de moi, Nolan ? Pas stupide ? Hier, je te trouve en plein cœur du bâtiment administratif, à quelques mètres du cadavre d'Alice. Aujourd'hui, tu y retournais d'un pas assuré. Je commence à me demander si tu n'es pas suicidaire ou, mieux encore, si tu n'es pas de mèche avec eux. Regarde-moi dans les yeux, petit frère, et dis-moi franchement ce que tu comptais faire et surtout ce qu'il se passe dans ta petite tête. Parce que je ne te suis pas. Pas du tout. »

Il m'accuse de quoi, là ? Je bégaye à défaut de m'énerver.

« Pardon ? Mais... je veux juste comprendre, Bastien. Pour moi, tu étais disparu tu... deux ans, mince ! J'étais convaincu que tu étais mort. Et... »

Tu auras 24h - tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant