Part XX

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    Malgré mon envie de vite découvrir le contenu des lettres, je pris la peine de réviser mes cours cette nuit-là. Le lendemain à la première heure j'avais une interrogation de droit. Ces derniers moments, la situation financière de mes parents n'était pas au top. Ils avaient fait assez d'effort avant que je ne puisse venir à Lomé pour reprendre la classe de terminale. Certes, certains évènements les avaient obligés. Tout compte fait je n'avais pas droit à l'échec donc peu importe les perturbations dans ma vie, je ne devais pas perdre de vue l'objectif : décrocher mon baccalauréat.


    J'éteignis l'ampoule principale et allumai ma lampe de chevet. Je m'allongeai sur mon lit. Je pris les deux lettres. Elles étaient encore propres. Sandra avaient bien pris soin d'elles. Mon cœur battait un peu plus fort. J'avais peur de ce que je pouvais découvrir. Je me disais que ne serais-ce pas mieux de laisser de côté ces lettres et me concentrer sur le présent ? Je venais de revoir Sandra,quoi de plus mieux ? Mais l'on dit souvent qu'il est parfois nécessaire de connaitre le passé pour pouvoir donner un sens au présent. Dans l'hésitation, j'ouvris finalement celle qui se trouvait au-dessus. Elle était d'Anne-laure. Je le lus.

« Cher Pascal,

Par où commencer ? J'étais bien rentrée en France au cas où tu aimerais le savoir. Maman aussi était rentrée il y a deux jours et m'avait fait part de tout ce que tu avais enduré après mon départ surtout ta maladie. Je suis vraiment désolé mais Je devrais partir. Mais je n'en reviens pas que tu continues toujours par nier que tu ignores les raisons de mon départ. Comment as-tu pu me faire ça Pascal ?

Mes amies du lycée m'ont toujours traité de naïve, faible. Ils ont raison peut-être ou non. Comment ne pas avoir pleinement confiance en la personne qu'on aime ?

Je n'avais pas voulu faire ce voyage au Togo mais mes parents avaient beaucoup insisté. Je le regretterais si j'étais restée en France. Malgré tout, je suis très heureuse de t'avoir connu. Oui Pascal, tu m'as montré la vie d'une autre manière, tu m'as fait voir les choses sur de meilleurs angles. Tu m'avais comblé de bonheur. Je m'en souviendrais toute ma vie. Pascal vois-tu, je t'ai vraiment aimé. Pour moi,tu étais plus qu'un petit ami. Tu étais tout pour moi.

Au début,ma maman était contre notre relation. Je ne t'avais rien dit, je ne voulais pas t'inquiéter. Il a fallu que mon papa intervienne avant que maman n'accepte mon choix. J'avais fait des projets nous concernant. J'avais le soutien de mes parents à 100% pour que tu me rejoignes en France l'année prochaine. Tu m'as fait beaucoup rêvé.
Tes compagnons avaient commencé à me parler mal de toi. Je me disais que c'était juste pour nous diviser, ils étaient décidés à nous séparer, ils me dissuadaient de te quitter mais moi je n'aimais que toi. Ils me parlaient de toi et de Sandra. Je ne les avais pas cru. Je ne regardais que toi. J'avais une confiance aveugle en toi.

Mais un jour, oui Pascal, c'était la veille de mon départ; dans la soirée j'étais passée chez toi mais tu n'étais pas là et ta sœur me disais que tu étais dans l'enceinte de l'école primaire. Je devrais te voir ce soir-là pour avoir une confirmation. Les faits ont plus de valeur que les mots. Tu étais assis en face de Sandra sous les nîmes. La façon dont tu la souriais; que tu caressais son visage, que tu l'embrassais prouve la véracité de ce que Paul m'a dit. Tu ne m'avais jamais accordé une telle importance. Ce que les gens voulaient me faire voir, je l'avais enfin vu.

En effet, les rumeurs te concernant étaient tombées dans les oreilles de ma maman qui avait fait ses enquêtes. Elle avait intimidé ton ami Paul qui nous raconta que c'était juste pour des opportunités de voyage tu t'es mis ensemble avec moi. Oh Pascal, si tu voulais juste venir en France ne pouvais-tu simplement faire la demande à ma maman ? Elle t'aiderait volontiers ? Mais tu avais décidé de jouer avec mes sentiments. C'était cruel de ta part. Tu as abusé de moi sexuellement parce que pour vous il n'y a pas d'hommes en Europe et vous êtes les seuls à pouvoir satisfaire sexuellement. Détrompez-vous!

Paul nous avait aussi dit que tu craignais qu'on soit raciste. Penses-tu vraiment que si on l'était vraiment, on allait venir en Afrique ? Que mes parents allaient investir des millions dans des œuvres humanitaires en Afrique ? Tout comme vous, on aspire tous à un monde meilleur. On veut tous changer la face du monde. On a tous une bonne maîtrise de l'éthique.

Enfin, je pouvais ignorer ou plutôt j'allais ignorer tout ce qu'on m'avait raconté sur toi si je n'étais pas un témoin oculaire de ta scène avec Sandra. J'étais troublée cette soirée-là. Je ne pouvais plus le cacher à ma maman. Elle avait tout de suite mis mon papa au courant qui avait insisté que je rentre le lendemain. Je n'avais pas le choix. Je ne pouvais pas tenir tête à mes parents. Ils ne voulaient que me protéger.

Voilà, je voulais que tu le saches. Je ne t'oublierais jamais crois-moi. Je t'aimerais toujours. Je te souhaite tout le bonheur possible avec Sandra. Pour ma part, je retourne au lycée dans deux semaines. Je te souhaite aussi le meilleur dans tes études.

Notre adresse est sur l'enveloppe. J'espère que tu m'écriras. Cela me plairait vivement qu'on garde contact toi et moi. Qui sait ? Je pourrais t'aider à réaliser ton rêve qui est de venir en France. Qui sait ? On pourra continuer notre histoire car une vraie relation c'est des disputes, des joies, des peines, des folies, des fous rires, des larmes mais surtout l'amour.

Bon Pascal je te laisse ici avec espoir de te lire bientôt. Prends beaucoup soin de toi et de ta famille. Je te pardonne tout le mal que tu m'as fait.

Tendrement,

Anne-Laure »

Sous La PluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant