Tate – Mardi 12 avril
Tous les jours depuis le dernier jeudi, Paul venait me rendre visite. Il restait toujours très peu de temps, c'était souvent avant de dîner, mais je m'en satisfaisais. Il recevait des ordres et n'outrepassait pas ses droits. Mario ne venait donc plus que le midi et à chaque fois que je me rendais aux toilettes, mais je ne lui demandais rien, j'étais ravi de voir mon ami à sa place le soir. Lorsque Paul était avec moi, j'en profitais pour le contempler, lui toucher quelques mots.
C'était d'autant plus rassurant d'avoir une tête familière parmi tout le corps médical que mon état empirait doucement. L'inquiétude me rongeait et la nausée était revenue après un court répit. Je vomissais assez souvent et on m'avait posé une perfusion la veille afin de me faire passer ce dont j'avais besoin dans le sang. J'allais légèrement mieux depuis cette matinée mais je n'étais pas encore en grande forme. J'avais gardé mon repas du midi, mais l'angoisse me nouait l'estomac. Je n'arrivais pas à me sortir de la tête que j'étais potentiellement en danger de mort. J'ignorais surtout dans quelle mesure et c'était pire encore.
Depuis que je m'étais réveillé, j'étais pourtant d'assez bonne humeur. L'infirmier était en déplacement extérieur et était donc remplacé par un jeune scientifique qui venait d'entrer dans le cursus, encore terrifié et qui s'excusait dès qu'il entrait dans ma chambre, à deux doigts de pleurer. Puisqu'il était déjà venu cinq fois pour m'apporter mes repas et pour nettoyer ma chambre, je m'étais empressé de le rassurer comme je le faisais avec les élèves desquels on s'occupait en cursus général.
Malgré cela, lorsque j'étais seul, ma tête était basse et mon cœur était lourd. Je savais que tout cela n'était que temporaire. Paul allait finir par ne plus venir puisqu'il viendrait bien un moment où l'Ordre se lasserait de cette attention qui m'était portée, Mario allait revenir. Je n'avais déjà plus le droit de sortir depuis la fois dernière puisque le temps s'était rafraichi. De toute façon, un jour ou l'autre, je ne verrais plus Paul puisque j'allais m'en aller. Ces mots me brisaient le moral. J'aurais préféré que Paul ne me le fît pas comprendre.
« Tu ne me salues pas aujourd'hui ? Tu as le teint pâle, tu veux un médecin ? »
Je sursautai et souris en voyant le nouvel arrivant que je n'avais pas remarqué plus tôt. Assis sous la fenêtre, je poussai du pied la deuxième chaise encore rangée pour l'inciter à s'asseoir. Cette pièce ordinairement dénuée de chaleur se réchauffait instantanément lorsque je voyais cet homme. S'il pouvait donc rester un peu plus que d'habitude, je n'allais pas rater ma chance.
Je rapprochai légèrement ma chaise de la table afin de pouvoir manger correctement. J'étais déjà rassuré puisque le plateau ne dégageait aucune odeur assez forte susceptible de me dégoûter. Le blond ne s'assit pas, se contentant de s'adosser au mur les bras croisés, un sourire chaleureux au coin des lèvres. Lorsqu'il me vit commencer à manger, il finit tout de même par attraper la chaise et s'y installer, sans me lâcher du regard.
« Tu as l'air d'avoir du mal à manger, commenta-t-il.
- Les pâtes sont super dures à piquer et la viande est caoutchouteuse. »
Tout était fade aussi mais je ne fis pas le plaisir de le dire à voix haute. J'étais concentré à attraper mes aliments et à faire en sorte qu'ils tinssent sur ma fourchette. Je regrettais les repas collectifs à la cantine et leur qualité. Même le bruit ambiant me manquait, pas autant que mes amis toutefois. Que devenaient-ils ? Je n'avais aucune nouvelle d'aucun d'entre eux et cela me causait plus de souci que j'aurais pu le penser. J'espérais qu'il ne leur était rien arrivé. J'avais tenté de demander à Finn s'ils étaient ne serait-ce qu'en bonne santé mais je n'avais écopé d'aucune réponse.
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Bluesfield [Boy x Boy - en réécriture]
Science FictionUn institut spécialisé nommé Bluesfield. C'était là que Tate avait atterri dés sa naissance comme une dizaine d'autres enfants la même année. Qu'est-ce ? Un endroit effrayant où le groupe de garçons arrachés à leur monde vit de la naissance à la mor...