Chapitre 20 - Paul

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Paul – Mercredi 6 juillet

La journée avait bien commencé. J'aimais particulièrement me réveiller dans les bras de Tate. Malheureusement, après l'avoir quitté, les choses étaient devenues tout de suite plus stressantes. Il semblerait que le mélange entre la culpabilité et l'appréhension était mauvais pour le cœur.

J'étais angoissé en imaginant l'état de mon compagnon désormais seul dans sa chambre alors que j'étais en cours. Il en avait appris beaucoup d'un coup et son état me préoccupait. Il avait certes l'air d'aller bien physiquement, il essayait de ne rien laisser paraître, mais je sentais que quelque chose clochait. Il ne pouvait rien me cacher, il était aussi expressif qu'un livre à la police gigantesque ouvert.

Une autre chose me donnait des sueurs froides, mais elle n'avait pas encore eu lieu. J'avais obtenu le droit avec l'aide du docteur Finn de faire une correspondance entre Tate et ses amis. Seul bémol : c'était moi qui devais faire le messager. J'avais le mauvais rôle puisque c'était moi qui allais devoir répondre à toutes leurs questions. C'était un véritable enfer. Tous les secrets auxquels j'étais tenus me donnaient du fil à retordre. Qu'est-ce que j'étais censé leur dire s'ils me demandaient où était Tate ?

À l'hôpital. Alors pourquoi ils n'avaient pas le droit de le voir ?

Dans le cursus scientifique. Cela n'aurait aucun sens.

En Salle Noire. Plutôt crever ! Je ne voulais pas que mon enfant vive sans moi.

En prison. Il n'avait rien fait de mal, je ne pourrais jamais les convaincre d'une chose pareille.

Dans une cellule médicale. C'était la seule et unique vérité. Malheureusement, cela impliquait forcément qu'ils me demandassent des explications que je ne pourrais pas leur donner.

Retour à la case départ.

Alors que j'avais la tête entre les mains, crispé, mon voisin me donna une tape sur l'épaule et un coup de pied dans le tibia sous la table. Je me relevai, le regard sévère, prêt à râler, avant de constater que le professeur me fixait et qu'il attendait une réponse que j'étais incapable de lui donner. Pourquoi est-ce qu'on ne m'avait pas prévenu que ce serait aussi difficile de tomber amoureux et de foutre quelqu'un en cloque ? Je n'aurais peut-être pas pu changer grand-chose mais j'aurais cherché des solutions beaucoup plus tôt !

Mon camarade me glissa la réponse sous le nez et je la lus à voix haute, bafouillant sur un mot compliqué à lire, ce qui fit grincer le professeur. Il me rectifia en me demandant de rester concentré cette fois, le ton acerbe. J'acquiesçai d'un mouvement de tête, lassé de ce genre de situation qui arrivait bien trop souvent à mon goût depuis que j'étais en scientifique.

La fin de la journée approcha trop rapidement à mon goût. Je détestais les cours de sciences qui nous apprenaient majoritairement à être de bons citoyens dociles prêts à tuer n'importe qui pour protéger les secrets de Bluesfield, c'était trop pour moi.

La mort dans l'âme, je dus rentrer dans ma chambre, saluant au passage l'un de mes deux colocataires qui révisait assis sur son lit, des cernes immenses sous les yeux. Je vivais avec deux garçons gentils mais étranges avec lesquels je ne m'entendais pas spécialement. Je n'avais aucune mauvaise relation avec eux, disons plutôt que je ne leur parlais jamais. Ce n'étaient pas les personnes les plus bavardes de mon entourage. Je croyais même n'avoir jamais entendu la voix de celui qui était actuellement présent et qui faisait comme si je n'étais pas là.

J'attrapai sur mon bureau le kit de papier et d'enveloppes que le Doyen m'avait confiées et je sortis, enfilant mon uniforme d'été aux couleurs de mon cursus. J'étais censé passer inaperçu, chose impossible dans cet endroit de taré.

Bluesfield [Boy x Boy - en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant