Chapitre 4 : Réconfort

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Tate – Jeudi 10 février

La veille, en rentrant le soir, j'avais été déçu de constater que les affaires de Paul avaient été définitivement vidées avant même que je ne rentrasse de cours. Je m'étais juste contenté de m'allonger dans mon lit et de fixer les lattes qui soutenaient le matelas par-dessus ma tête. Weaston n'allait pas rentrer tôt car il sortait s'amuser avec des amis. Adonis s'était mis près de moi à un moment donné et nous étions restés là sans avoir besoin de parler pour nous comprendre.

La lettre entre les doigts de ma main gauche, nous faisions en quelque sorte notre deuil. La soirée s'était déroulée lentement, mais jamais nous n'avions vu notre colocataire revenir pour nous saluer une dernière fois. J'étais incapable de dire si j'avais réellement vu Paul dans la nuit ou non, si j'avais rêvé, mais tout concordait. Il dévalisait notre chambre le jour où il m'avait dit qu'il le ferait, ma veste polaire était encore humide... c'était beaucoup de coïncidences ! Pourtant, mes amis me croyaient fou.

Je n'avais pas trouvé la force nécessaire de me défendre, me contentant de garder la bouche close. Mes émotions m'avaient empêché de m'exprimer comme je l'aurais voulu. Sourire était devenu une épreuve trop compliquée à réaliser pendant la journée et, comble de tout, les professeurs m'en avaient félicité ! À croire qu'être de mauvaise humeur était la norme.

J'avais passé toute ma soirée de la veille à scruter attentivement la porte, étudier les grincements du parquet derrière ma porte, ouïr les voix qui s'élevaient dans le couloir et j'avais fini par me rendre compte que rien ne se passait. Je m'étais finalement endormi bêtement, le morceau de papier glissé entre mes genoux serrés, les draps remontés sur mes jambes, le dos contre le mur. Je m'étais rendu à l'évidence, Paul ne rentrerait pas ce soir-là.

Lorsque j'ouvris les yeux ce matin-là, je me rendis à l'évidence. C'était définitivement terminé : il ne reviendrait plus. Son parfum ne flottait pas dans l'air, sa serviette n'était même plus dans le placard. Weaston décuvait sous son oreiller et Adonis n'était plus là. Le dos endolori par ma position inconfortable pendant la nuit, les yeux gonflés que j'avais du mal à garder ouvert, j'avais l'impression de ne pas avoir dormi.

Je me préparai avec la tête dans les nuages, allai m'habiller sous les grognements mécontents du seul homme présent avec moi dans la pièce puis sortis sans oublier d'enrouler une écharpe autour de mon cou. En pleine vague de froid, il valait mieux ne pas se découvrir. Je me rendis de cette manière au réfectoire où je trouvai tous mes amis qui prenaient leur petit-déjeuner ensemble. Tous sauf Adonis et Paul. Je les saluai d'un seul mouvement de tête, m'asseyant brusquement près de Harley. Leurs mines choquées me répondirent et je dus hausser un sourcil avant que l'un d'eux ne s'exprimât :

« Tu es déjà débout ? commenta Iyan. Tu te rappelles que personne n'a cours aujourd'hui ?

- J'avais du mal à dormir, affirmai-je avant de balayer la salle du regard. Où est Adonis ?

- Je ne sais pas, dit Harley, on pensait qu'il était avec toi.

- Il n'était déjà plus dans la chambre quand je me suis réveillé. »

Je baissai les yeux sur mon plateau. Yann se mordillait la lèvre de nervosité et se leva pour vérifier qu'il n'était pas sur les tables alentours. Puis ce fut Easton qui nous avoua qu'il était juste parti au gymnase à l'aube pour s'entraîner pour l'évaluation qu'ils auraient le lendemain. Easton était le meilleur ami d'Adonis et j'étais convaincu qu'ils étaient faits l'un pour l'autre. C'étaient sûrement d'ailleurs les seuls à ne pas s'en rendre compte.

Bluesfield [Boy x Boy - en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant