Tate – Lundi 7 février
Le premier lundi du mois était le jour de la visite médicale obligatoire pour tous les étudiants « symptomatiques » et dépucelés. Alors, d'un pas peu énergique, je me dirigeais vers la salle d'attente quasiment vide. Mon rendez-vous était fixé assez tôt et puisqu'il y avait du monde qui devait faire cette visite le même jour, les médecins avaient trouvé des moyens efficaces pour tout organiser et pour nous éviter de perdre trop de temps de travail. Évidemment, elle était obligatoire et gare à celui qui oserait s'en dédouaner. L'un de mes colocataires et amis, Adonis, s'y était déjà soustrait par accident en oubliant la date du jour. Je pouvais dire que je n'avais aucune envie de subir les mêmes sévices.
En arrivant dans le bâtiment dédié à toutes ces formalités, je tombai nez-à-nez avec le garçon qui partageait mon lit de temps à autres. Enfin, le garçon dont je partageais le lit plutôt. Ses colocataires étaient souvent absents donc on finissait souvent par en profiter. J'avais préféré tenter l'expérience avec un ami proche par le passé après avoir compris que je n'avais pas la moindre chance de finir avec un homme qui en aimait un autre.
Je n'avais jamais regretté, à aucun moment. C'était ma manière de faire mon deuil de ma relation avec Paul, mon meilleur ami. Trouver quelqu'un d'autre.
Mais voir Harley, mon plan-cul, me faire d'énormes signes de main avec ce sourire niais qui voulait tout dire, j'aurais préféré ne jamais le vivre. Autant crier sur tous les toits qu'on couchait ensemble, ce serait aussi efficace.
Je le rejoignis presque malgré moi en le fusillant du regard, ce qui paraissait l'amuser bien plus que moi. En m'asseyant à ses côtés, je l'entendis me demander dans un murmure :
« Prêt à te faire trifouiller de partout ? »
Je frémis des orteils aux cheveux et fis la grimace en me rappelant toutes les étapes par lesquelles je passais à chaque fois. Ils commençaient par un maximum de questions gênantes, enchaînaient sur un bilan de santé, nous piquaient à plusieurs endroits pour nous prélever une quantité de sang pharamineuse, passaient une sonde bizarre sur notre corps pour voir ce qui se passait à l'intérieur puis nous fouillaient le derrière comme si on y planquait de la bouffe en secret.
« Rien qu'à l'imaginer, j'en ai des sueurs froides, rajouta-t-il.
- Au moins tu ne te feras pas engueuler, réagis-je avec amertume.
- Parce que c'est toi qui me pilonnes à chaque fois ? pouffa-t-il.
- C'est la principale raison, oui. Je sais pas, qu'est-ce que ça change au juste ? »
La réponse ne vint jamais. Mystère.
Je soupirai et m'étirai les bras, épuisé de m'être levé plus tôt juste pour attendre mon tour. Ils étaient toujours à l'heure donc je ne prenais jamais trop d'avance et je ne me permettais pas d'arriver en retard, ce serait signer mon arrêt pour la semaine.
Harley passa en premier, puis la salle d'attente se vida progressivement avant que ce ne fût mon tour. Les entrées étaient toujours échelonnées pour éviter les confusions dans les appels. Les salles et les médecins changeaient tous les mois et nous ne savions jamais où ni avec qui nous serions. C'était certainement un moyen d'assurer leurs arrières.
Je me fis finalement appeler quelques minutes plus tard, à l'heure prévue. Je fus déçu de constater que ce n'était pas l'un des médecins que j'appréciais. Il y en avait un qui parvenait à me mettre à l'aise malgré toutes les conditions merdiques, les autres étaient simplement plus cléments.
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Bluesfield [Boy x Boy - en réécriture]
Fiksi IlmiahUn institut spécialisé nommé Bluesfield. C'était là que Tate avait atterri dés sa naissance comme une dizaine d'autres enfants la même année. Qu'est-ce ? Un endroit effrayant où le groupe de garçons arrachés à leur monde vit de la naissance à la mor...