Chapitre 27 - Trahison

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Tate – Vendredi 8 juillet

Paul n'était pas revenu me voir la veille malgré ce qu'il m'avait dit. Mario était revenu pour me déposer mon petit-déjeuner, encore ensommeillé, mais nous n'avions échangé que des banalités sur mon état. Lorsque je lui avais demandé s'il avait vu le blond, il avait directement changé de sujet. Je m'étais alors résigné. Mon cœur se serrait à chaque fois que je pensais à notre échangé de la veille qui s'était envenimé. Les choses auraient-elles pris une autre tournure si j'avais accepté ses excuses directement ? Pourquoi ne l'avais-je pas fait, d'ailleurs ? Après toutes ces fois où les rôles étaient inversés ?

Depuis quelques temps, j'avais l'impression que toutes mes émotions étaient exacerbées, je les contrôlais moins bien. À l'Internat, lorsqu'on était en colère, il était préférable de faire profil bas. Je n'étais même pas capable d'être mesuré. J'étais contrarié pour un rien. Dans la matinée, j'avais fondu en larmes en croquant dans le noyau de ma pêche et je m'étais fâché tout seul. Pourtant j'avais bien conscience que je m'énervais sur un fruit.

Finn, quand il était venu m'examiner, m'avait dit que c'était naturel. Alors je m'étais agacé de nouveau en lui lançant que j'en avais assez de ces hormones. Il m'avait offert un sourire amusé en retour.

« Tu es un homme, tu n'es normalement pas fait pour concevoir. En plus des hormones que tu possèdes déjà naturellement par ta constitution un peu particulière, nous sommes obligés de t'injecter le nécessaire pour que tu tiennes le coup et l'enfant aussi. J'en suis navré. »

Il avait alors sorti la seringue pour mon injection quotidienne et il m'avait dit avec un clin d'œil qu'il allait m'injecter de quoi rester à fleur de peau jusqu'au lendemain. D'un soupir, je m'étais résigné. Je ne pourrais pas y échapper, de toute manière.

Lorsque Mario revint à midi pour me déposer mon déjeuner, il avait un sourire béat collé aux lèvres. Il s'assit sur la deuxième chaise pendant que je me déplaçais pour m'asseoir autour de la petite table ronde au pied de mon lit. Je lui jetai une œillade suspicieuse avant de lui demander :

« Il s'est passé un truc sympa en scientifique ?

- Pourquoi tu dis ça ? demanda-t-il sans lâcher son expression radieuse.

- Je l'ignore, lançai-je incertain. Tu as l'air... heureux ? Plus que d'habitude, je veux dire.

- Il se peut qu'il me soit arrivé un truc sympa, dit-il évasif.

- Moi qui croyais que le cursus scientifique prenait vos âmes en otage pour les torturer... »

Mario éclata de rire et se pencha par-dessus la table, jeta un œil vers la porte fermée avant de dire comme s'il s'agissait d'un secret :

« Je suis amoureux.

- De qui ? m'écriai-je à voix basse, choqué.

- Devine, » lança-t-il avec un air emballé et curieux.

Je fronçai les sourcils. Je ne connaissais que trois types en scientifique, plus les médecins qui ne trainaient pas vraiment dans les parages. J'avais donc le choix entre Finn, Paul et Joas. Ce dernier étant un connard qui se semblait pas trop apprécié, il ne restait donc que les deux autres. Ma tête élimina Paul par principe, il ne serait pas venu fanfaronner s'il était tombé amoureux du même homme que moi.

« Ne me dis pas que c'est Finn, jetai-je.

- Ce n'est pas Finn, pouffa Mario. Je ne me prétends pas jeune et je ne l'estime pas vieux, nous n'avons même pas dix ans d'écart, mais quand on nous voit, on dirait qu'on en a au moins vingt.

Bluesfield [Boy x Boy - en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant