"Les premiers sentiments sont toujours les plus naturels." - Madame de Sévigné
Nous y sommes, dans quelques minutes je sortirai de cet hôpital après y avoir été interné durant plus de six mois. J'ai une légère appréhension, je ne sais pas comment ça se passera dehors, ça n'a déjà pas été évident pour moi de me rendre dans la cour de l'hôpital...
J'ai l'impression d'être cruellement réduit dans mes actions, et ce, en grande partie à cause du fait que je doive me déplacer à l'aide d'une canne. Ce n'est que temporaire, il faut que les muscles de mes jambes se renforcent, c'est pourquoi j'ai des séances de rééducation quotidiennes.
Ludovic, mon infirmier qui est à quelques détails près comme je me l'étais imaginé, m'a reproché de beaucoup me plaindre, soit de la nourriture sans goût de l'hôpital ou alors des exercices musculaires que l'on m'impose. Il m'a dit que j'avais beaucoup de chance d'en être sorti vivant, sans séquelles au niveau du cerveau et sans trop de séquelles au niveau physique.
Mais ce qu'il ignore tout comme tous les autres c'est bien ma difficulté à trouver le sommeil. Au départ, j'avais peur de m'endormir, j'avais peur que tout ne soit qu'un rêve, j'avais peur de ne pas me réveiller, alors je ne dormais pas. Trois nuits blanches plus tard, je n'ai pu faire autrement que de fermer les yeux... je n'aurais pas dû. Je me suis réveillé en sursaut, je venais de faire un cauchemar, je revivais l'accident et toutes les sensations qui l'on accompagné, le choc, la peur, la mort.
— Miles, tu es prêt?
Je porte mon regard vers ma mère. Elle a rangé ma valise, tandis que j'étais assis sur le lit, la tête dans les nuages. Elle m'attend à présent, tandis que son regard voyage entre Jen et moi.
— Jen c'est bon, t'as fini? Je lui demande alors qu'elle est penchée sur un bouquin de cours.
Elle ferme son livre en me souriant avant de se mettre debout. Elle récupère ma canne qui est tombée près de mon lit avant de me la tendre. Je grimace face au bout de bois mais le récupère tout de même. Je pose un pied à terre, puis l'autre. Je sens mes vertèbres craquer légèrement et mes muscles s'étendre. Je prends une grande inspiration avant de suivre ma mère et Jen à la sortie de la chambre.
Avant de refermer totalement la porte, j'observe une fois de plus la chambre. Les murs sont d'un vert très pâle, les carreaux sont ringards et la télé à tube cathodique a une très mauvaise qualité visuelle comme sonore, mais il n'empêche que je l'aime cette chambre, ça me fait tout étrange de la quitter.
— Jenny, viens voir, je l'appelle sans me déplacer.
Elle arrive à mes côtés, replace ses cheveux blonds derrière ses oreilles d'elfe et glisse un œil à l'intérieur de ma chambre.
— Tu crois qu'on a oublié un truc? Elle me demande.
— Non... j'expire. C'est juste que ça va me faire bizarre, de retrouver la société... de reprendre ma vie là où elle s'est arrêtée.
— Ça te fait peur, hein?
Je pivote la tête vers elle, histoire de vérifier qu'elle ne se moque pas de moi. Elle n'a même pas une fugace lueur de moquerie dans ses yeux verts. Alors je lui réponds silencieusement, en hochant la tête.
— Tu as le droit d'avoir peur tu sais. Mais tu sais aussi qu'il faut se montrer courageux...
— ... même si tu ne l'es pas ça, ça effraie les autres, je complète moyennement convaincu.
— Tu n'es pas tout seul Milou, je suis là, ta maman aussi...
— Tu peux me promettre un truc, Jen, s'il-te-plaît? Elle hoche la tête alors je reprends. Prends moi la main s'il-te-plaît et ne la lâche pas... pas tant que nous ne serons sortis de cet hôpital.
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Heart Monitor (Terminé)
Teen FictionMiles, en quittant l'Angleterre durant son enfance pour une petite ville méconnue de l'Oregon, ne s'attendait pas à faire une telle rencontre, celle de Jen. Jen est toujours remplie de joie, a tendance à jurer comme un charretier. Elle a des oreill...