28 Novembre 1994

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"Immortel"

Ce mot trottait dans sa tête, jour et nuit. C'était impossible, il avait lu bien trop de livres pour que ce soit rationnel, la science elle-même avait réfuté cette idée d'immortalité. Personne ne la possédait et ne la posséderait jamais. Cela irait à l'encontre de l'évolution. Pourtant, il était bel et bien là avec ses yeux noirs. Pourtant, il était un ange déchu mais rien de tout cela n'avait de logique. La science ne se trompait jamais. Malgré cela, il respirait, il vivait, il voyait, il pouvait sentir, toucher, voir, entendre. Il existait. La science se tromperait-elle ? Et s'il n'existait pas ? Peut-être était-il une illusion. Il n'existait qu'un seul moyen de le savoir, de confirmer ses théories.

Ederson, depuis qu'il avait retrouvé la parole et la compréhension des choses, s'était attelé à toutes sortes de projets. Il voulait tout savoir, tout découvrir, tout essayer et chacun de ses essais correspondait à un domaine, chaque domaine était référencé dans un petit carnet à la couverture des plus simples.
La veille, un petit nouveau avait rejoint la collection. Celui-ci était particulier, il ne portait pas de titre comme les précédents, pas de mot en guise de définition, non, il s'illustrait par une question:

<<L'immortalité m'appartient-elle ?>>

Depuis une année déjà il était devenu un homme fort et ne reculait devant aucune difficulté. Sa volonté était bien plus forte que le danger. Après tout, s'il s'avérait être immortel, rien ne l'arrêterait.

***

Lundi, il s'était enfoncé un couteau en plein cœur.
Mardi, il s'était jeté du haut d'un immeuble.
Mercredi, une voiture l'avait heurté.
Jeudi, il s'était immolé.
Vendredi, il s'était noyé.
Samedi, il s'était pendu.
Dimanche, à court d'idées, il continuait à rayer les lignes de sa liste. Aucune parcelle de sa personne ne conservait de traces de ses tentatives. Sa peau était toujours aussi lisse et souple, ses cheveux avaient conservé leur blond platine, ses organes fonctionnaient à merveille, son cerveau était en parfait état.

Et malgré tout, il ne cessait ses recherches, trouvant toujours une nouvelle idée. Chaque jour était propice à une nouvelle idée pour en finir. Eurynôme n'en savait rien, quelle idée de le tenir au courant de ses tentatives qui, de toutes manières, n'avaient aucun impact sur lui ? Il était toujours là, à essayer, jour après jour, à rayer théorie sur théorie.

Son carnet commençait à manquer de place. Un jour, il s'en saisit et décida de mettre un point final à ses recherches. Il conclut:

<<L'éternité m'appartient.>>

Ederson Aimé Klimph.Where stories live. Discover now