"Eurynôme ?
- Mh ?"Penché sur son livre, absorbé par sa lecture, le blond avait interpellé son ami qui venait de passer le pas de la porte, se débarrassant de son manteau alors qu'il accordait toute son attention à celui qui venait de l'apostropher.
"Comment deux personnes se disent qu'elles s'apprécient ?"
Le brun dévia son regard des placards dans lesquels il fouillait afin de rassasier son appétit pour se poser sur le dos légèrement courbé de son acolyte qui n'avait pas sourcillé devant la lenteur de sa réponse. Cet homme le fascinait. Plus il évoluait plus il se posait de questions et ce qui le faisait grandement sourire, c'était leur simplicité. Des questions aux réponses pourtant tellement évidentes pour lui qui n'avait rien oublié mais complexes pour Ederson qui apprenait tout une seconde fois. Un rictus creusa le coin de ses lèvres alors qu'il s'approchait de lui à pas de félin. Parfois, il remerciait le ciel de ne pas avoir à justifier ses gestes tout simplement parce que le plus jeune avait la maladresse de trop se fier à ce qu'il apprenait dans ses livres. Un jour, il était plongé dans la science et la médecine, un autre, il somnolait devant des romans de gare, parfois même il laissait son esprit dérailler entre les lignes d'un thriller ou d'un genre fictif. Et pourtant, le blond était loin d'avoir les pieds sur Terre. Comment le pourrait-il quand le seul lien "fiable" qui le rattachait à celle-ci se trouvait devant lui, se résumant à la personne avec qui il vivait depuis aussi loin que ses souvenirs remontaient ?
Il ne se détacha de son ouvrage que lorsque le brun glissa sa main sur sa joue, posant sur lui un regard des plus doux, celui qu'il préférait parce qu'il savait que rien ne pouvait lui arriver s'il le fixait de la sorte. Tous ses troubles s'évanouissaient dans ses prunelles, quémandeur de toujours plus de réponses, il attendait patiemment que son problème ne daigne être résolu. Il savait qu'Eurynôme était le seul à pouvoir lui fournir ces réponses puisqu'il était le seul à côtoyer des êtres humains à longueur de temps. Lui savait y faire, aussi bien dans les gestes que dans la parole. Jamais il n'avait connu de difficultés lorsqu'il s'était tenu à ses côtés ou à proximité en présence d'un humain.
C'est donc sans le moindre questionnement qu'il laissa le brun s'approcher de son visage, si proche qu'il sentait son souffle courir le long de celui-ci. La distance se réduit si bien que les lèvres du plus âgé se plaquèrent contre les siennes. Lorsque ce-dernier s'éloigna de quelques centimètres, Ederson ne bougea pas d'un trait.
"Elles s'embrassent, Ederson."
Et c'était tout ? Lèvres contre lèvres et cela traduisait un "je t'apprécie" ou "j'apprécie ta présence" ? Pour seule réponse, il acquiesça et le remercia avant de se replonger dans sa lecture.
Ce qu'il ignorait c'est qu'il existait des nuances dans l'appréciation elle-même. Des nuances que son colocataire ne désirait pas lui partager. Pourquoi le ferait-il lorsqu'il se sait détenteur d'un pantin qu'il lui suffisait d'éduquer selon son bon vouloir pour satisfaire le moindre de ses désirs ?
Le seul moyen de posséder quelqu'un est de lui faire sentir que sans vous, elle ne peut rien.
Et Eurynome possédait Ederson.
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Ederson Aimé Klimph.
General Fiction"Un vagabond, une âme délaissée, un grain de sable noyé, effacé, une illusion, un cauchemar que l'on veut chasser à tout prix, un homme, un ange banni du paradis Connaître son nom ne vous engage qu'à l'oublier lorsque le temps sera venu pour lui d...