Chapitre 14 - Langues brouillées

49 18 3
                                    


« Je t'en prie jeune arcanien, ne reste pas silencieux. Tu as donné ta langue aux flivins ? »

Tristan restait immobile devant l'Elpiv qui s'était approché. Il gardait une mine bienveillante, et possédait un accent inconnu à ses oreilles. L'adolescent hésitait...

« Qu'est-ce que vous lui voulez ? »

La créature richement vêtue sourit. Elle tendit la main vers lui, mais il recula, méfiant, à la manière d'un petit animal.

« Jeune arcanien, je ne lui veux que du bien. Je fais partie du grand peuple des Elpiv. Nous connais-tu dont ?

- Seulement dans les histoires de voyageurs... Gir a dit que vous avez tué le contremaître. Je réitère ma question, qu'est-ce que vous lui voulez ?

- Ho, ton ami n'y voit pas bien, mais je comprends la confusion... »

Balasin riait en disant cela, il semblait être calme et détendu. Pourtant, Tristan n'y croyait pas. Il avait un mauvais pressentiment... il lui semblait voir un masque de candeur sur ce visage qui lui faisait face. S'il n'avait s'agit que de lui, il aurait pu se laisser porter facilement. Mais sa sœur... Non, la méfiance devait rester de mise. Combien de mâles avaient déjà voulu payer grassement pour l'en « débarrasser » ? Il ne les comptait plus.

« Quelle confusion ?

- Je l'ai seulement endormie grâce à mes arca ! Ton ami a pris peur. Mais saches que le contremaître est un grossier personnage, prêt à en venir aux mains. J'ai donc préféré le mettre de côté et te chercher moi-même, vois-tu. Je n'apprécie guère le manque de politesse.

- Je vois... articula le grand frère, relâchant un peu sa garde. C'est vrai que c'est un grossier personnage.

- Bien, laisse-moi t'expliquer. Je suis un mécène, un grand mécène, dans mon peuple. J'ai appris par les rumeurs l'existence de ta jeune sœur, et je voulais tout deux vous inviter. N'est-ce pas ce que tu as toujours rêvé ? Vous viendriez avec moi tous les deux à Oritade, vous recevriez une instruction, et vous pourriez devenir de grands artistes ! »

Tristan leva un sourcil. Il laissa échapper un sourire, et une chaleur emplissait son cœur mais... C'était trop beau pour être vrai. Il aurait voulu y croire, seulement, quelques chose clochait, il en était persuadé. Gir n'était pas si impressionnable. Il décida de jouer le jeu pour voir si l'Elpiv était sérieux.

« Vraiment ? Mais pourquoi nous ?

- Parce que vos spectacles ont traversé les frontières de l'Isla Roï triste des Arcaniens. Répondit l'autre, avec un rictus carnassier.

- Et qui ferait notre instruction ?

- Des instructeurs d'Oritade, la belle capitale d'Arcana.

- Et on apprendrait à lire ?

- Bien sûr jeune arcanien...

- Et on aurait de nouveaux vêtements ?

- Oui, ceux-là sentent bien trop mauvais...

- Et on serait nourri tous les jours ?

- Mais oui, bien sûr. Tu as vraiment beaucoup de question comme ça ?

- Et tout ça sans rien en retour ?

- Non, rien... tu m'agaces un peu, jeune arcanien. Ma patience à des limites... »

L'adolescent fit la moue. Il ne pouvait pas y croire. On ne pouvait leurs offrir de telles chose sans rien... S'il avait suivi tous les soi-disant altruistes qui voulaient entretenir sa sœur « sans rien en échange » à chaque fois... Ceux-là aussi ils ne les comptaient plus.

On l'appelle L'EmbrumeuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant