Hylané lança une œillade séductrice à Berem, ce tracal abject qu'elle avait toujours honni. Il entra dans l'arrière-cuisine, et s'appuya contre la table au centre de la pièce. Ses longues ailes s'étalaient sur les planches à découper, et son regard avide devenait de plus en plus effrayant.
La jeune arcanienne se concentra du mieux qu'elle le put pour ne pas laisser transparaître sa peur. Elle dansa doucement autour de lui tout en détachant ses cheveux. L'air de rien, elle se glissa vers le chaudron au potage bouillonnant.
« Détache ma ceinture, petite catin. »
L'ordre était ferme, et prononcé avec un ton qui la fit frémir. Elle retint une grimace de dégoût, avant de se raviser. Le couteau qu'elle avait caché dans sa manche allait la trahir, elle continua donc sa danse lancinante, puis s'appuya contre le plan de travail ou elle laissa glisser la lame, pendant qu'elle jouait de son autre main pour délasser les attaches de son col.
Le tracal n'avait d'yeux que pour cette poitrine qui devenait peu à peu visible, et il ne se rendit compte de rien. Elle s'avança vers lui et détacha la boucle de ceinture argentée de la créature. Elle fit glisser l'habit sur ses chevilles, tout en griffant légèrement la peau de ses cuisses. Elle libéra un attribut déjà prêt à livrer bataille, et eut bien du mal à garder caché sa gêne. Ondulant toujours des hanches tout en remontant sur ses jambes, elle recula soudain quand il tenta de l'étreindre. Les mains en avant, elle se défendit, voulant sa voix malicieuse :
« Non, l'Myr, pas tout de suite. Laisse-moi à mon tour t'offrir un spectacle qui, j'en suis sûre, va te surprendre... »
Elle recula encore vers l'âtre et saisit le couteau. Le tracal se redressa, suspicieux, et se rasséréna quand il vit l'arcanienne déchirer le bas de sa robe jusqu'à la hanche à l'aide de la pointe. Elle avait à présent une robe fendue sur le côté qui laissait voir sa peau gris pâle. L'homme oiseau siffla un son étrange, qu'elle interpréta comme du contentement. Elle reposa son arme à côté du feu, rassurée que son subterfuge fonctionne. Ainsi, elle aurait plus d'aisance pour bouger quand l'occasion se présenterait.
Elle prit le temps d'observer celui qui dans quelques secondes deviendrait son pire ennemi. Il avait l'air ridicule, les pantalons sur les chevilles, les fesses appuyées sur la table... Elle ne put réprimer un sourire moqueur, qu'il vit sans mal. Il allait prendre ombrage quand elle lança vivement :
« Je ris mon bon tracal, car depuis le temps que l'on se connaît, je ne vous ai encore jamais autant vu à nu. Passons donc à la suite. »
Toujours dans l'attente, et sous le charme de la femme, la créature baissa encore une fois sa garde. Il jeta sa tête en arrière en poussant un soupir, bougea ses épaules comme pour se détendre ce qui étala un peu plus les longues ailes sur le plateau de bois de la table.
Hylané saisit l'opportunité. Elle empoigna à deux mains la marmite de bouillon et la lança sans crier gare sur l'autre qui ne s'y attendait pas le moins du monde. Le liquide gicla sur la peau et les plumes. Berem hurla à plein poumon, ses parties les plus sensible ébouillantées.
Elle attrapa le couteau de cuisine et se jeta lame en avant. Elle pensait avoir une chance face à cet adversaire coriace grâce à son action d'éclat.
Il vit la lame s'abattre et para de ses restifailes au dernier moment. La douleur se faisait lancinante, mais son envie de vivre surpassait tout. Il repoussa celle qu'il appela traînée et frappa dans le vide.
La jeune arcanienne était heureuse d'avoir échancré sa robe. Elle avait réussi à esquiver de justesse la riposte du tracal. Proche de lui, elle lança sa main armée en avant avec l'énergie du désespoir, et se rua vers la porte.
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On l'appelle L'Embrumeuse
خيال (فانتازيا)Elle danse, la petite mendiante. Elle tourne, elle saute, elle vibre. Sur le son de ses bracelets de grelots, elle virevolte devant les yeux des badauds. Mais ceux-là ne sont pas plus attirés par la symphonie métallique que par les entrechats légers...