Daran engloutit sa bière avec hâte, avant de se lever d'un bond et de dégainer sa dague. Il regarda les Arcaniens en face de lui, et frappa du pommeau.
Ceux-là étaient du même bois que lui. Des plus jeunes, et plus saouls... non, pas plus saoul. Daran savait juste qu'il tenait mieux l'alcool. Leurs peaux grises pâles, leurs yeux pugnaces, leurs cheveux aux couleurs vives coupés raz, et leurs uniformes de soldat de l'Empire Arcanien, ne trompaient pas. Première permission pour eux. Lui aussi avait une forte tendance à mettre le grabuge, quand il avait leur âge...
L'unique serveuse soupira longuement. Encore une bagarre... Il n'y avait pas assez de guerres dehors, il fallait qu'ils en ramènent dans sa taverne... Elle n'essaya même pas de les arrêter, tant la scène était aussi frustrante que répétitive.
Après avoir échangé autant de mandales qu'il le leur fut possible, les combattants alcoolisés s'assoupirent. Daran, seul éveillé, observa les dégâts occasionnés. Gêné, il gratta sa barbe bleu roi naissante, assortie à ses courtes mèches de cheveux. Puis ses yeux cobalt fixèrent son poing un instant. Ses phalanges grises sombres étaient entachées de sang rouge vif. Il s'approcha de la tavernière, résolu, et se penchant à son oreille :
« Emiri, je te promets de tout ranger demain matin.
- Tu me prends pour une native d'Iliréel ? s'écria la femme. Tu me fais le coup à chaque fois ! Tu bois, tu casses tout pour une broutille, tu t'excuses en promettant de tout ranger pour rester la nuit avec moi... Et tu finis par partir en prétextant une mission secrète, sans honorer ta parole et surtout, surtout ! Sans payer tes consommations ! »
A cette heure tardive, les derniers occupants de la taverne ne remarquèrent rien de la dispute. L'homme passa sa main à la taille de sa conquête furibonde, et l'attirant contre lui, murmura :
« Cette fois je ne m'enfuis pas. Et j'honore toutes mes paroles, d'accord ? Je le jure par Adrizel, la lumière. »
La concernée fit mine de réfléchir, et s'avoua vaincue. Mais elle jura au passage que s'il mentait, cette fois-ci, il le regretterait amèrement.
Victorieux, il l'embrassa tendrement.
***
Le palais de Silcèn reflétait une architecture féodale des plus classiques provenant des temps de l'Ombre. Si la cité avait été reconstruite nombres de fois de par les guerres, la bâtisse du gouverneur de la ville, elle, restait fière et haute, vierge de toute reconstruction. Si l'on omettait quelques trous colmatés çà et là. Quelques rénovations. Et quelques gravures pornographiques que les jeunes des bas quartiers s'amusaient à laisser le plus haut possible sur les tours. Sûrement une épreuve de courage pour eux.
Devant l'immense bloc de pierre cendrée, s'étendait un rempart protecteur, qui coupait les nobliaux du peuple en cas de soulèvement. Au niveau de l'entrée principale, deux tours de guet étroites faisaient grise mine. Plus personne ne s'y postait, le chemin de ronde donnait une bien meilleure visibilité.
La porte antique s'ouvrit péniblement, dérangeant le silence de l'heure tardive. Un homme la passa à pas rapide. Un long sabre battait son flanc au rythme de sa marche. Un deuxième, plus petit, était fixé au-dessus de l'autre. Les deux armes, d'aspect simple, mais assurément de bonne facture, auraient dissuadé bien des ennemis d'attaquer.
Pourtant, une ombre, au coin d'une ruelle adjacente, attendait sournoisement.
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On l'appelle L'Embrumeuse
FantasiaElle danse, la petite mendiante. Elle tourne, elle saute, elle vibre. Sur le son de ses bracelets de grelots, elle virevolte devant les yeux des badauds. Mais ceux-là ne sont pas plus attirés par la symphonie métallique que par les entrechats légers...