Chapitre 15 - Aiguilles à découdre

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Tristan était tétanisé. Un rideau d'ombre l'entourait, et les aiguilles noires de l'Elpiv ne perçaient pas cette protection. Mais il ne pouvait pas s'empêcher de se protéger avec ses bras à chaque assaut, par réflexe.

De sa cage salvatrice, il voyait le combat titanesque. L'arcanien à la peau d'ébène qui venait d'arriver était un véritable lion. Il combattait avec fougue, ses deux sabres dans les mains. L'adolescent n'avait jamais vu des armes de telle facture.

Un seul tranchant, légèrement courbe, la garde ronde et petite... Les mouvements vifs et fluides, entourés d'éclats enflammés...

L'Elpiv n'était pas en reste. Il avait lâché une multitude d'aiguilles acérées, longue autant qu'un avant-bras, et les faisait tournoyer sans relâche. De manière aléatoire, elles s'abattait sur son adversaire, ou sur le nuage ombrageux qui servait de bouclier au jeune mineur.

Ils enchaînaient les esquives avec tant de facilité que l'on aurait cru un ballet mesuré avec soin.


« Tôt ou tard, tes défenses s'amenuiseront Lame Nocturne ! Et j'accrocherai ton nom à mon tableau de chasse ! »


Balasin semblait avoir crié plus pour se rasséréner, que pour intimider son ennemi. Il perdait du terrain, et bien qu'il rivalisait d'adresse, ses aiguilles perdaient de la vélocité. Sur son front, ses veines devenaient visibles, les palpitations s'y voyait, son souffle se faisait court. Sa concentration lui coutait beaucoup trop de force. Tenter la magie du sang sur l'arcaniste d'ombre était vain, ses défenses magiques étaient bien trop puissantes. Il fallait le battre de manière plus... traditionnelle.

Pourtant, il savait être un excellent bretteur, et restait persuadé qu'il pouvait vaincre ce mercenaire de la Dame... Mais à chaque passe d'arme, il voyait de près ce katana à la lame de tranôme dans la dextre ennemie, qu'il sentait être plus qu'un simple objet.

Par deux fois quand il feinta de biais, il jeta un regard sur cet inquiétant artefact, et y vit comme une étrange entité bouger à l'intérieur. Il savait que ce genre de pièces existait, mais était incapable d'expertiser les risques avec précision... Il lui fallait à tout prix éviter d'entrer en contact avec cette... chose.

L'Elpiv lança une de ses armes de sphilence vers le visage adverse. Il savait que l'autre parerait sans difficulté. Au moment pile du contact, il liquéfia la matière lié à lui. Le liquide huileux recouvrit une partie du tranchant et quelques gouttes s'échappèrent dans les yeux de l'arcanien.

Seynan ouvrit soudain d'immenses ailes de brumes et d'os, qui atteignaient le plafond, et s'en enveloppa un instant. Quelques aiguilles s'y fichèrent avant de tomber au sol, inertes, comme si l'obstacle n'existait pas. D'un revers de manche, il essuya la sphilence douloureuse qui lui embuait les yeux, et rouvrit son cocon, profitant de toute son envergure. Il lança un sourire au Tisseur du Néant en face de lui.


« Ingénieux, mais pas encore assez, pourriture d'Arcana.

- Par l'Abyme elle-même, mais tu n'es pas qu'un simple Mercenaire à ce que je vois ! Lança Balasin, fébrile. J'ai à faire à un véritable Archange de la Dame ! Mais quel honneur. Je pensais faire de toi une marionnette, mais le plaisir de savoir que ta reine pleurera la vision de ta tête séparée de ton corps m'est encore plus agréable. »

Tristan fut saisi d'un choc à la vue du spectacle. Il n'en croyait pas ses yeux. Ses immenses ailes fantomatiques... il les avait déjà vus. Il lui avait fallu rassembler toute son attention pour retrouver ce souvenir... Et ne pas vomir, quand les premières images, qui avaient alimenté ses pires cauchemars, revinrent.

On l'appelle L'EmbrumeuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant