1er décembre 2014, 7h37, New York.
Judith grommela en tournant la cuillère de son chocolat chaud. Une fine couche de neige était tombée sur la ville pendant la nuit et elle était à court de café : voilà une journée qui démarrait de façon proprement merdique. Connaissant ses affinités fantastiques avec la poisse, elle se doutait que cela ne ferait qu'aller de mal en pis.
Tout en continuant de maugréer dans sa barbe, elle enroula ses mains autour de sa tasse et sirota une gorgée de chocolat. Son nez se plissa quand elle déglutit. La boisson était affreusement sucrée et pas énergisante pour deux sous : cela lui donnait plus envie de se pelotonner sous une couverture au coin du feu et végéter toute la sainte journée, que de s'extirper de la gangue pâteuse du sommeil pour affronter son travail. La seule idée de mettre le nez dehors pour braver l'hiver la drainait de toute motivation.
S'il y avait une chose que Judith détestait plus que le matin, c'était bien la neige.
Ou du moins le pensait-elle jusqu'à ce qu'elle entende la cloche de l'entrée retentir. Le carillon joua cinq petites notes joyeuses qui résonnèrent dans le silence de l'appartement, provoquant un haussement de sourcil circonspect chez la jeune femme. Mince, elle n'attendait pourtant personne – certainement pas aussi tôt le matin ! Il n'était même pas huit heures, bordel ! Quel genre d'énergumène pouvait estimer acceptable de venir la déranger au saut du lit ?
Correction : s'il y avait une chose que Judith détestait plus que la neige, c'était bien les emmerdeurs. Particulièrement ceux qui venaient sonner chez elle à des heures indues.
En ronchonnant de plus belle, elle glissa ses pieds dans ses pantoufles, se hissa hors de sa chaise et se traîna jusqu'à sa porte avec toute la mauvaise volonté du monde. Sans cesser de râler, elle récupéra ses clefs abandonnées sur la console et jeta un œil à travers le judas.
Ce qu'elle y vit la glaça sur place.
Elle s'écarta vivement du battant, sans oser un deuxième regard dans la lentille, comme si le simple fait de ne pas confirmer ce qu'elle avait cru apercevoir rendrait la scène moins réelle. Un juron sonné s'échappa de ses lèvres alors qu'elle se tenait, indécise, dans son entrée, la main immobilisée dans les airs à mi-chemin de la poignée de la porte.
Que faisait-elle, maintenant ? La première idée qui lui vint fut d'ignorer la situation, de tourner les talons et de s'enfermer à double-tour dans sa chambre jusqu'à ce que son visiteur soit parti. Voire de s'enfuir par la fenêtre. Tentant. Judith n'était pas une grande partisane de la stratégie de l'autruche, mais dans ce cas particulier, elle ne se sentait pas le courage de faire face au problème. Pas de si bon matin, en pyjama, la moitié de son cerveau encore noyée dans les vapes, alors qu'elle ne s'était absolument pas préparée à devoir affronter ce genre de scénario.
Mais finalement, ce fut la curiosité qui l'emporta. Ses doigts se refermèrent prudemment sur la poignée et elle ouvrit le battant.
Depuis le paillasson, un jeune homme au sourire indécemment grand leva une main et agita les doigts dans sa direction, dans une mimique folâtre de salut. Ses cheveux bruns bouclaient et s'emmêlaient abstraitement sur le haut de son crâne, constellés de quelques flocons de neige épars qui commençaient déjà à fondre, et ses larges yeux sombres pétillaient avec l'espièglerie infernale d'un enfant de cinq ans.Il arborait un sacré tannage pour la saison, le genre qui laissait penser qu'il passait ses journées sur les pistes de ski, la trace grotesque du masque en moins.
Nathan.
— Hello, Jude, la salua-t-il joyeusement.
Elle lui claqua la porte au nez.
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From Christmas with Love
Adventure1er décembre 2014, Pôle Nord. Le Père Noël a été enlevé. Bon gré mal gré, ses six enfants s'arment et se vêtissent pour se lancer sur ses traces, au cœur de la banquise glaciale, afin de secourir Santa et de le ramener à la maison avant la date fati...