Chapitre 18 - Brin de réglisse

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Là-bas.

La porte de l'atelier s'ouvrit brutalement et alla claquer sur le mur opposé.

— Y a quelqu'un ?! retentit la voix de stentor de Judith, juste avant que sa figure n'apparaisse.

Assis sur l'établi central du bureau de Santa, Nathan et Léo patientaient avec l'air plus plus innocent du monde. De la part de Nathan, c'était habituel, mais que Léo s'y mette aussi fit flairer anguille sous roche à la jeune femme.

— Regardez-moi cette belle brochette de clampins ! s'exclama-t-elle en pénétrant à grand bruit dans l'atelier. Ça va, on vous dérange pas trop ? Ça ne vous ennuie pas de tirer au flanc alors que papa est toujours prisonnier des ombres ?

— On était coincés dans une distorsion spatio-temporelle, expliqua tranquillement Léo.

— Ah, n'essaie pas de m'avoir avec ton blabla scientifique, prévint Judith en se plantant poings sur les hanches devant eux.

D'un regard mi-suspicieux, mi-moqueur, elle les détailla lentement tour à tour, alors qu'ils tentaient de rendre leur expression plus ingénue encore sous l'inspection minutieuse dont ils faisaient l'objet. Pas dupe pour un sou, leur aînée se retourna vers Nans, qui était entré à sa suite, et quêta sarcastiquement son avis :

— Qu'est-ce que tu en dis, Nans ? Tu ne trouves pas ça inadmissible que l'on soit les seuls à trimer dans cette famille ?

— Intolérable, marmonna l'interpellé avec un sourire amusé.

— J'ai désactivé les défenses de l'Atelier et sauvé votre cul de la désintégration, tout de même, pointa Léo d'un ton nonchalant. Mais pardon de ne pas être à ton illustre hauteur, Judith Claus.

De son côté, Nathan avait gardé son regard vissé sur son aîné, mâchoire décrochée sous l'ébahissement. Depuis combien de temps n'avait-il pas vu son frère debout sur ses jambes ? Des mois ?

— Nans, tu... ça va ? balbutia-t-il.

— Noël et ses miracles, justifia seulement le concerné, en haussant les épaules.

Une moue cynique en bouche, Judith ne se laissa pas distraire par le changement de sujet et souleva d'un index narquois le menton de Léo, pour dévoiler l'ecchymose rougeâtre qui ornait son cou.

— Et j'imagine que tu t'es fait ça en te cognant aux touches de ton clavier alors que tu « désactivais les défenses de l'Atelier », hm ? persifla-t-elle.

— J'ai trébuché, déclara Léo sans ciller.

À côté de lui, le rictus stupide qui s'étala sur les lèvres de Nathan ôta le peu de crédibilité qu'aurait pu espérer contenir son mensonge.

— Prends-moi pour une truite, soupira Judith d'un ton blasé.

Toutefois, elle lâcha l'affaire et laissa les deux garçons tranquilles, s'écartant de l'établi pour aller fouiner dans les méandres de la pièce. Nans lui emboîta le pas, s'arrêtant seulement pour articuler en silence le mot « enfin » en direction de Nathan, dont le rictus bêta s'agrandit un peu plus.

— RAS, annonça Judith lorsqu'elle eut fait le tour de l'atelier, sans laisser le temps à Léo de soulever le fait qu'ils avaient passé suffisamment de temps dans cet endroit pour savoir que rien de dangereux ne s'y planquait. – Vous n'auriez pas croisé Victo et Charlie, par le plus grand des hasards ?

Les deux garçons secouèrent négativement la tête, sous le soupir de leur aînée.

— Évidemment, marmonna-t-elle.

From Christmas with LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant