Chapitre 4 - Sans adieu

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3 décembre 2014, 16h59, salon des Claus.

— Putain de bordel, qu'est-ce qu'il se passe ?! s'exclama Charlie.

Léo avait levé les mains loin de son clavier, comme pour se décharger de toute responsabilité, et fixait d'un air perplexe son écran qui continuait de miauler son tocsin lancinant en continu. Il lui fallut quelques secondes pour se reprendre et penser à baisser le son au minimum.

— Je suis allé faire un tour dans les systèmes de sécurité de Santa... expliqua-t-il en tentant quelques pianotages hésitants sur son ordinateur. Quelqu'un sait pourquoi ils étaient tous désactivés ?

— Ils n'étaient pas désactivés, rétorqua aussitôt Charlie.

— Ah, je peux t'assurer que si.

L'aîné Claus blêmit violemment.

— Oh merde, jura-t-il. Oh putain de merde.

— Tu l'as dit, marmonna Léo.

Les quatre frères et sœurs délaissèrent aussitôt leurs activités respectives pour se jeter à côté de l'informaticien. Charlie manqua de bousculer le jeune homme dans sa précipitation, qui se réceptionna contre Nathan, venu s'asseoir à son autre côté. Judith s'approcha pour zieuter par-dessus son épaule, le visage défait par l'appréhension, et même Victorine posa son Rubik's Cube et se traîna lentement jusqu'au petit tas de gens rassemblés autour de l'ordinateur.

— Je ne sais pas si c'est un oubli de votre part ou si on vous a piratés, mais quelqu'un en a profité pour s'infiltrer ici, reprit Léo. Plusieurs quelqu'un, à en juger par les relevés.

Les Claus fixèrent l'ordinateur en écarquillant de grands yeux, sans comprendre grand chose au charabia étalé sur l'écran. L'alarme continuait de tourner en boucle dans les hauts-parleurs du portable, un bruit de fond très désagréable.

— Des ombres ? suggéra Charlie.

Judith se mordit la lèvre.

— Qui d'autre ? maugréa-t-elle.

— Combien ?

— Je ne sais pas exactement, répondit Léo en secouant la tête. Beaucoup.

— Qu'est-ce qu'on va faire ? s'effara Nathan, dont les doigts s'étaient inconsciemment crispés autour du genou du blondinet.

Celui-ci le foudroya du regard.

— S'il te plaît, enlève ta main, requit-il d'un ton glacial.

Le jeune homme s'exécuta aussitôt, un éclair gêné passant sur son visage.

— On peut se battre, vous croyez ? médita Charlie à voix haute. Il avait bondi sur ses pieds et s'était mis à arpenter la pièce d'un pas agité. ‒ Non, pas si elles sont vraiment nombreuses, c'est trop risqué. On pourrait tous crever ici et il n'y aurait plus personne pour aller chercher papa au Pôle. Et cet endroit n'est pas franchement défendable. Bordel. ‒ Il jura deux ou trois fois à nouveau. ‒ Elles seront là dans combien de temps ?

Léo tapota sur son clavier.

— Vingt minutes ? évalua-t-il. Non, c'est un peu trop optimiste. Disons plutôt quinze minutes.

Une autre injure s'échappa de Charlie et Judith, en chœur, cette fois.

— Un quart d'heure, souffla la jeune femme. Voilà qui ne nous laisse pas vraiment le temps de nous organiser.

— On se casse, déclara l'aîné.

Il avait arrêté de faire les cent pas, et sa mâchoire s'était scellée dans une expression déterminée. Ses frangins levèrent vers lui des yeux ahuris.

From Christmas with LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant