partie 14

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Ça fait exactement sept jours que le grand père de Aicha est mort et elle ne cesse de pleurer. J'ai tellement mal quand je la vois ainsi que mon cœur risque d'exploser. La maison était bondée ses derniers jours et a perdu au fil des jours l'éclat de sa blancheur.
Enfin les invités se retirent un à un. 
Certains n'étaient là que pour la nourriture et l'argent et d'autres ne cessaient de poser des questions sur moi et du pourquoi je suis là depuis tout ce temps.
Depuis l'effroyable nouvelle, Ibrahim et moi, nous nous sommes installés là-bas selon les souhaits du vieux sage.
J'ai appris au fil des jours que c'était un homme connu et respecté. Beaucoup d'hommes célèbres et riches sont venus du monde entier pour présenter leurs condoléances.
Tous ont fait des témoignages touchants sauf une Tante d'Aicha qui a dit que c'était un homme qui a sacrifiée une vie innocente pour conserver la pureté de sa famille.
Elle ne cessait de me fixer en disant ses mots et on l'a fait sortir de la maison.
Aicha m'a avouée plus tard que c'était la sœur de sa mère mais qu'elle a coupé le pont avec eux après la mort de ses parents.
Ma tante aussi est venue mais ne m'a adressée parole, elle s'est juste entretenue avec Ibrahim et Aicha puis est partie en me jetant un regard noir.
Aicha, ma pauvre et belle Aicha a vieilli et maigri durant ces quelques jours. Elle s'était littéralement effondrée et je la comprends. Je serai pire qu'elle si Ibrahim le seul être que j'ai sur terre s'en allait.
Depuis lors je dors avec elle mais elle ne fait que pleurer et prier.
La mort a encore frappé !
Un homme riche est parti mais pourtant n'a rien emporté avec lui !
Pour elle nous sommes tous égaux !
Elle prend qui elle veut et quand elle veut !
On ne peut que subir et se remettre à Dieu !
Bou sokhla nieupay gnakk. (Traduction svp)

Elle s'est enfin endormie après une pluie de larmes. Je me sens impuissante face à sa douleur et pourtant je souffre de la perte de cet homme qui m'a sauvé la vie.
Je suis sur que s'il n'était pas intervenu, je serai six pieds sous terre depuis for longtemps.
Je serai peut être morte depuis longtemps, personne m'aurait pleuré sauf peut être Ibrahim quand il aurait récupéré ses esprits. Ce serait trop tard oui mais il m'aurait pleuré. 
Cet homme est surement au paradis. En tout cas il le mérite pour tout ce qu'il a fait pour moi, pour nous.
Je me rends compte que je ne l'avais pas pleuré, trop occupé à consoler Aicha et gérer les invités. Je n'avais pas fait mon deuil.
Mes larmes se mirent à couler suivies de longs sanglots qui me font sortir de la chambre en courant.
Je me réfugie sur la terrasse, m'assis à même le sol et laisse aller mon amertume.
C'est comme si j'avais une boule au fond de la gorge qui m'empêche de respirer.
Mon cœur est transpercé par un millier de lames. Jamais je n'ai eu autant mal, je n'arrive plus à respirer et un long cri sorti au tréfonds de mon âme.
Puis le calme et la paix m'envahirent.
Ibrahim arriva en courant, s'assit derrière moi, posa ma tête sur sa poitrine et m'enveloppa avec ses mains. Je ne sais combien de temps on est resté ainsi jusqu'à ce que Morphée m'amène dans son monde. .
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Le soleil tapait fort sur mon visage me réveillant ainsi. J'ouvris doucement mes yeux et me rendit compte que j'étais couchée sur Ibrahim, sur le sol dur de la terrasse. Je me levai prestement ce qui le réveilla et courut voir Aicha dans sa chambre. Elle n'y était pas mais des bruits de casseroles m'indiquèrent sa position.
Je la trouvai entrain de préparer le petit déjeuner en fredonnant une chanson de Maher Zain. Elle me sourit tendrement et me fit la bise.
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- Bonjour Khadija tu as bien dormi ?
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Je retournai dans sa chambre pour me brosser les dents et me laver le visage et la retrouvai
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- Bonjour, comment tu vas aujourd'hui ?
- Ça va très bien et toi ?
- Ça va ! tu as meilleure mine aujourd'hui
- Il m'a parlé hier nuit. Je dois prier pour lui non pleurer. Il m'a assuré qu'il va très bien et que je ne devais plus pleurer.
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Ses paroles firent monter mes larmes et je la pris dans mes bras.
Au même moment mon ventre gargouilla et Ibrahim fit son entrée. 
Je la relâchai et elle remonta son voile en baissant la tête.
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- Bonjour Aicha comment tu vas ?
- Je vais bien merci et toi ?
- Ça va bien aussi. Euh les invités sont tous partis, il faut appeler une équipe pour qu'il nettoie la maison et range tout.
- D'accord je vais le faire. Vous pouvez prendre d'abord votre bain, le petit déjeuner sera servi dans 30minutes.
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Ibrahim sortit et je le suivis jusque dans la chambre qu'il occupe.
Son attitude ne me plait guère, il se comporte comme s'il est le propriétaire, le successeur du vieux. Il est trop strict avec elle à mon gout. On est des invités et pas les maitres de la maison.
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- Tu devrais lui laisser le temps et arrêter de te comporter comme le maitre de maison. Elle sait ce qu'elle doit faire.
- ...
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Il a perdu sa voix ok !
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- On rentre quand ?
- On s'installe définitivement ici. Fit-il en se déshabillant
- Quoi ? mais...
- Je me comporte comme le maitre de maison parce que c'est ce que voulait son grand père. Je veux qu'on s'installe ici aussi parce que c'était son dernier souhait. Aicha le sait et est d'accord avec tout cela. Khadija je ne prendrai jamais à une orpheline ses biens et les biens ne lui appartiennent pas mais à quelqu'un d'autres. Tu le sauras le moment venu. Nos affaires sont déjà emballées, nous nous installeront dans son ancienne chambre.
- Sa chambre ?
- Oui c'est ce qu'il voulait !
- Est-ce qu'il voulait aussi que tu épouses Aicha ?
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Je ne sais même pas d'où m'est sortie cette question.
Il me regarda l'air amusé puis ferme et me répondit en se dirigeant vers la salle de bain
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- Elle est comme ta sœur et en plus je suis monogame pff
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Sa réponse me fit rire. Je me déshabillai et le rejoignit sur la douche.
Ce n'est surtout pas ce à quoi vous pensez !
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On est autour de la table entrain de manger et personne ne pipe mot. Aicha a la tête baissée depuis le début et Ibrahim fixe son plat puis son regard se porte sur la chambre de mon sauveur qu'on entrevoit. Je ne sais même pas s'il a fait son deuil, comment il vit les choses et tous ses changements. Il est triste ça se voit à des km. Son regard se tourne vers moi, il me sourit faiblement et commence à manger.
On n'a pas eu le temps d'en parler. Apres l'appel d'Aicha on s'est précipité ici et avec les préparatifs et tout on n'a pas eu de temps à nous.
J'aimerai tant lui parler, ou juste être à ses côtés pour qu'il sache que je le comprends, comprends sa souffrance, sa perte comme il l'a fait avec moi hier.
Je glisse ma main sous la table et la posa sur sa cuisse. Il me regarda et je lui souffla
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- Je suis là pour toi
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Il se contenta de sourire faiblement et se concentra sur son assiette. Je récupérai ma main et me tourna vers elle.
Je veux demander à Aicha ce qu'elle pense de tout cela mais je ne sais si c'est le bon moment puisqu'Ibrahim est là. Elle ne parle jamais en sa présence, baisse toujours la tête et ne l'a jamais regardé dans les yeux ou touché.
Il faut y remédier. Si on doit vivre sous le même toit, il faut au moins qu'il y'ait une certaine complicité, une harmonie.
Je me lance !
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- Aicha tu me considères comme ta grande sœur non ?
- Bien sur Khadija
- Alors stp soit plus expressive avec Ibrahim et vice versa. Vous êtes comme deux muets et je n'aime pas cela. Tu es ma sœur, lui c'est mon mari donc c'est ton beau frère, ton frère. Il n'y a pas de quoi en faire tout un tas. Ce n'est pas un inconnu, c'est ton beau-frère alors plus de protocole et c'est valable pour toi aussi Ibrahim.
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Elle me sourit faiblement, puis jeta un regard vers Ibrahim qui lui sourit aussi avant de relever la tête pour de bon
- D'accord
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Je ne sais pas si c'est le vieux ou ses parents mais ils lui ont donné une éducation exemplaire. Elle est tellement... pure.
Oui pure c'est le mot parfait pour la définir.
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- J'aimerai te poser une question ?
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Ibrahim me regarda, devinant surement où je voulais en venir.
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- Oui vas y
- Ça ne te dérange pas qu'on vienne vivre ici ? et qu'on s'installe dans la chambre de ton grand père ?
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Elle resta un moment silencieuse, cherchant peut être ses mots, puis me sourit
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- Depuis ses derniers jours je ne cesse de me demander si vous, vous allez accepter de venir vous installer ici. Ça fait plus de deux mois que je l'avais suggéré à mon grand père mais il disait que vous avez besoin d'intimité et qu'avec lui dans les parages vous ne serez pas totalement à l'aise. Je suis plus qu'heureuse que vous vous installez ici.
- Tu ne sais à quel point ça me soulage.
- Non c'est moi qui suis heureuse de t'avoir... de vous avoir ici. Je n'aurai supporté la solitude. Je me chargerai de préparer la chambre
- Non ne...
- Je le fais volontiers en plus tu es enceinte tu as beaucoup enduré ses derniers jours. Il te faut du repos je me charge de tout. Tu vas t'allonger après et nous laisser faire, moi et les employés. N'est ce pas Ibrahim
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Elle sait que j'allais protester alors elle appelle en renfort Ibrahim. Et elle vient de lui adresser la parole sans passer par moi.
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- Elle a raison tu dois te ménager
- Rester clouer au lit toute la journée ne fera que me fatiguer encore plus
- Tu veux qu'on sorte ? je reprends le boulot demain alors...
- On ne peut pas la laisser toute...
- Khadija je vais très bien en plus je ne serai pas seule. Y'aura les employés ici avec moi. Et même si vous restez, on ne se verra pas beaucoup parce que je serai trop occupée. Vas-y, vas penser du temps avec ton mari. Je vais très bien je te jure
- D'accord mais demain on passera la journée ensemble
- Je reprends les cours demain mais samedi incha Allah ce sera notre journée c'est promis.
- D'accord. Ibrahim on va ou alors
- Là où tout a commencé
- A l'appartement
- Non là où tout à vraiment commencer.
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Je n'ai toujours pas d'ordi mais fallait que ça sorte de ma tête sinon...
Désolée encore et je ne sais quand je posterai encore mais à chaque fois que j'aurai l'occasion je le ferai
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De femme soumise à CruellaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant