Insomnia

9.2K 600 35
                                    

Appuyé contre le balcon, Aiden fixait les lumières de la capitale en fumant une cigarette. Ça faisait déjà trois jours qu'il était puni et il s'en sortait plutôt bien. Il fallait dire qu'il avait porté pendant une longue année une cage de chasteté beaucoup plus lourde et gênante que celle que lui imposait Jean. Et puis... sa punition était facilitée par le fait qu'il n'arrivait plus à se sentir excité. Enfin, cela ne le réjouissait pas véritablement, loin de là. Il avait beau essayer, il n'y arrivait plus. Même quand son maître sortait nu de la douche et se dandinait devant lui alors qu'il savait parfaitement à quel point son corps était attirant, alors qu'il savait que ce corps l'avait déjà excité avant qu'il ne devienne ce qu'il était. Il avait bien remarqué que le châtain essayait tout pour le faire bander et voir ensuite son visage frustré de ne pas pouvoir le faire à cause de la prison entourant son sexe. Mais cela se soldait toujours par un échec qui remplissait les magnifiques yeux émeraude de tristesse. Ce soir, il n'avait même pas essayé. Il était parti au club en disant qu'il devait travailler et l'avait laissé seul à l'appartement. Seul avec ses doutes, sa tristesse et ses cauchemars.

Il termina sa cigarette et regarda ses doigts rougis par le froid et écrasa le mégot dans le cendrier. Il retourna à l'intérieur de l'appartement et jeta un œil à l'horloge digitale de la box internet, soupirant longuement en constatant qu'il était deux heures du matin. Il s'était couché tôt pourtant, vers vingt-deux heures, mais un mauvais rêve l'avait réveillé en sursaut à minuit et il ne parvenait plus à se rendormir. Il avait beaucoup trop peur d'en faire un à nouveau si il fermait les yeux. Il retourna tout de même à la chambre et se roula dans les couvertures pour se réchauffer. Il savait qu'il ne trouverait pas le sommeil. Il manquait quelqu'un près de lui pour cela... habituellement, quand il se réveillait en pleine nuit, le souffle chaud et paisible de Jean s'échouait sur sa nuque et le berçait, l'aidant à se rendormir même s'il faisait tout de même d'autres cauchemars. Il soupira et se tourna dans le king size pour éviter de croiser les chiffres qu'indiquait le radio-réveil. Il fixa le plafond blanc comme si ce dernier avait la réponse à tous ces maux, dont le principal était sont excitation totalement disparue. Il voyait bien la déception dans le regard de son maître quand ce dernier tentait de le faire bander sans y parvenir. Il savait bien que ce n'était pas dû seulement à la présence de la cage. Même la plus minime des érections matinales l'avait quittée sans demander son reste...

Il sursauta quand il entendit la porte de l'appartement s'ouvrir et ne mit pas longtemps à se glisser de nouveau hors des couettes chaudes dans le but de voir qui venait d'entrer, tirant très légèrement sur le bas de son t-shirt pour faire passer sa nervosité. Alors qu'il arrivait dans le couloir, il tomba nez à nez avec un châtain aux magnifiques yeux verts illuminés par les lumières de la ville qui passaient par les baies vitrées du salon. Il reconnut aisément Jean mais ce dernier parla avant qu'il puisse ouvrir la bouche :


- Je t'ai réveillé ?

- Non, je ne dormais pas, répondit Aiden en grimaçant à l'odeur de rhum que dégageait l'haleine du gérant.

- Tu as fait un cauchemar ? Ça faisait longtemps...

- Tu pues l'alcool, Jean.

- Je sais... J'ai pris quelque verres avec un Dom du club.

- Vraiment ? Je pensais que tu étais parti là-bas pour travailler.

- Tes reproches sont très mal placés, Aiden. Tu ne sais pas de quoi j'ai parlé avec lui. Tu me racontes ton cauchemar ? 

- Il n'y a rien à dire. 


Le plus jeune tourna les talons et regagna la chambre sans se soucier du long soupir résigné que laissa échapper son maître avant de le rejoindre dans la pièce. Jean le trouva en boule dans le lit, son regard fixant un point invisible sur le mur d'en face. Mais il ne fit aucun commentaire et se contenta de retirer son costume pour rester en caleçon. Ça faisait trois jours qu'il le voyait ainsi, insensible et inatteignable, et ce malgré tous ses efforts. Il ne savait plus quoi faire pour retrouver le Aiden un peu rebelle qui l'avait fait craquer. C'était pour cela qu'il était allé demander conseil à des amis dominants du club qui avaient pour soumis d'anciens traumatisés. Il lui avait donné de nombreuses idées, dont une qu'il pourrait mettre en application dès maintenant s'il le voulait. Après tout, son petit manager méritait bien une punition, non ?


- Loup. C'est la quatrième fois que tu me manques de respect aujourd'hui. Et je ne compte pas les derniers jours. Je commence à perdre patience.

- Mm... on peut en...

- Non. Retire ton t-shirt et met toi à genoux.


Le brun se redressa vivement, prêt à protester. Mais le regard que lui lança le gérant du club suffit à le faire taire. Il avait compris que ce n'était pas une vrai punition, il avait une idée derrière la tête pour essayer de l'aider et il ne pouvait pas refuser cela. Il s'exécuta donc et retira son t-shirt tout en se mettant en position. Le châtain s'accroupit devant lui en lui montrant deux petites pinces chinoises reliées par une magnifique chaîne en argent et expliqua :


- Puisque tu sembles parti pour une nuit blanche, je vais te les poser vingt minutes puis te laisser faire une pause de trente. Je te les remettrai si tu ne dors pas.

- Très bien, maître.

- Oh... pendant que tu les portes, j'aimerais que tu fasses un peu de ménage...


Aiden se retint de lever les yeux au ciel. Il savait très bien que ces pinces étaient conçues pour stimuler un peu plus son téton dès que l'on tirait dessus. Toutefois, il ne protesta pas et remit son haut pour ne pas attraper froid. Il sortit de quoi faire le ménage et dut se mordre la lèvre quand le balais tomba sur son torse, tirant sur la chaîne au passage. Un sentiment endormi se réveilla en lui. Une légère, très légère pointe de plaisir. Pas assez pour l'exciter mais assez pour lui faire comprendre que oui, il était toujours capable de ressentir du bien être.

Il se tourna vers Jean, qui lui lançait un petit regard amusé, et le remercia de ses pupilles noires brillantes de bonheur.

Soumets-toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant