Soumets-toi

But nobody came

- Va tourner en rond dans ta chambre, Alex'...

- Je ne te laisses pas tout seul ! Non mais tu as vu ta tête ? Depuis qu'on est arrivé hier soir tu as à peine décroché vingt mots et deux sourires !

Aiden soupira et se rallongea dans son lit pour éviter d'attraper le tournis en regardant son ami faire les cent pas devant lui. Évidemment qu'il n'était pas bien, son maître allait peut être mourir et il ne le saurait que quand Christian les rejoindrai à l'hôtel. Il ne pouvait pas faire sa pipelette et sourire à tout bout de champ, c'était impossible. Ils étaient arrivés tard dans la soirée, la veille. Même s'ils avaient une chambre chacun, Alexei avait refusé de laisser le brun et ils avaient donc dormi ensemble pour se réveiller beaucoup trop tôt aux yeux du manager.

- Je sais, s'exclama soudainement le blond en arrêtant de bouger dans tous les sens, on petit-déjeune puis on va skier !

- Tu es sûr de vouloir sortir, grommela le plus vieux en précisant devant le regard interrogatif du mannequin, nos parents sont ici aussi je te rappelle. On risque de les croiser.

- C'est pour ça qu'on doit partir tôt ! Allez, j'appelle la réception pour demander un petit-déj' ! Brioche et Nutella avec un chocolat chaud pour toi, comme d'habitude ?

- Non, un café noir, répondit sèchement Aiden, ça suffira.

- Hum... très bien...

Le manager n'écoutait déjà plus ce que racontait son ami. Il plonga dans ses pensées pour revenir au matin où il s'était réveillé chez Morgane après que Jean l'ait touché quand il lui avait demandé de tartiner ses parts de brioche avec le couteau qui devait le tuer. Un sourire nostalgique étira finement ses lèvres et il ferma les yeux pour savourer le souvenir. Avant que son cœur ne se serre violemment à l'idée qu'ils n'auraient plus jamais de joutes verbales telles que celle-ci. Il étouffa difficilement un sanglot. Alexei l'entendit à peine à cause du groom qui venait d'entrer déposer leur petit-déjeuner sur la table alors il put reprendre ses esprits avant de rejoindre son meilleur ami et manger en sa compagnie.

Une fois leur repas avalé et leurs vêtements enfilés, les deux amis sortirent de la chambre et allèrent à la réception de l'hôtel pour demander des skis. Mais au moment où ils arrivèrent dans le hall, rigolant des dernières bêtises de Historia, un petit garçon aux cheveux blonds tirant vers le blanc courut dans leurs jambes en rigolant alors qu'une femme marchait à grand pas vers lui malgré ses escarpins d'au moins vingt centimètres en criant :

- Nicolas ! Reviens-ici tout de suite ou tu restes à l'hôtel aujourd'hui ! Et dit pardon aux messieurs !

- C'est rien, maman, dit calmement Alexei en attrapant le garçon d'une dizaine d'années au vol pour le reposer dans les bras de la femme.

- Alexei... C'est bien toi, demanda la cinquantenaire au cheveux teint en blond platine et aux yeux océans comme l'un de ceux du mannequin.

- Non, je suis son sosie officiel. Évidemment, que c'est moi. Bref... tu viens Aiden ?

- Attends, Alex', il faut qu'on te dise... ta grand-mère est malade, annonça un homme assez grand aux cheveux noirs et aux yeux marrons comme le plus jeune de la famille que sa mère maintenait contre elle pour l'empêcher de regarder son frère, il serait bien que tu ailles la voir. Elle est toujours à la même maison de retraite.

- Je verrais avec mon Maître, répondit le plus innocemment du monde le mannequin en adressant un sourire provoquant à ses parents.

- Alex', chuchota Aiden derrière lui pour tenter de le calmer mais il vit que c'était inutile au regard de son ami qui brillait avec amusement en voyant la mâchoire de son père légèrement se décrocher et sa mère boucher les oreilles de Nicolas dans ses bras.

- Qu'est-ce que tu as dit, petit idiot, siffla la femme en tailleur stricte, ses yeux lançant des éclairs.

- Ah oui, vous avez loupé quelques petits trucs. Je suis marié, maintenant, et je fais parti de la communauté BDSM. Oh ! J'allais oublié, je suis devenu mannequin érotique pour mon mari.

- Bon, Alex', ça suffit. On y va.

- Qu'est-ce que cette histoire de communauté BDSM, demanda une autre personne qui se trouva être la mère de Aiden et qui avait écouté toute la conversation, tu n'en fais pas partie, mon lapin, n'est-ce pas ?

- Bordel, mais laissez-moi gérer ma vie sexuelle en paix, grogna le brun avant de tirer son meilleur ami derrière lui et remonter dans l'ascenseur pour retourner à sa chambre.

Dès que la porte fut fermée, il se tourna vers Alexei pour lui demander ce qu'il lui avait pris. Les yeux vairons de ce dernier lui criait qu'il se fichait de ce qu'il pouvait penser. Il se sentait libéré et ça lui faisait du bien. Il commença à exploser de rire en se remémorant les visages de ses parents avant de sentir une larme couler le long de sa joue et il chuchota :

- Ma mamie est malade. Et mon petit frère a tellement grandi.

- Tu devrais aller la voir... C'est peut être grave.

- J'irais quand on rentrera... je suppose qu'on ne sort plus ?

- Tu veux vraiment les croiser à nouveau ?

- Non... enfin, si, peut-être Nicolas. J'aimerais pouvoir garder contact avec lui.

Aiden s'allongea sur le lit aux côtés de son meilleur ami et fixa le plafond au-dessus d'eux. Ils n'avaient plus qu'à attendre le retour de leurs maîtres, désormais.

~~~

Alexei sursauta violemment en sentant son lit s'affaisser. Il se tourna vers la personne qui venait tout juste de monter près de lui alors que la chambre était toujours plongée dans l'obscurité. Il tâtonna à la recherche de l'interrupteur mais des bras l'enlacèrent fermement avant qu'il ne le trouve, le serrant avec désespoir contre lui.

- Chris', c'est toi ?

- C'est moi, mon chaton, chuchota une voix grave qu'il reconnaîtrait entre mille.

- Tu... tu es revenu... enfin...

Il posa ses lèvres pulpeuses contre celles de son dominant en s'accrochant au pull de ce dernier qu'il sentait sous ses doigts. Il sentait que le plus vieux n'était pas totalement avec lui. Il posa la main sur sa joue et sentit des larmes le long de cette dernière. Il essaya de nouveau d'allumer la lumière mais Christian le retint et souffla faiblement :

- Je ne veux pas que tu me vois comme ça...

- Chris ? Qu'est-ce qui se passe ?

- Jean... a disparu.

- Quoi ? Comment ça ?

- Il avait un autre plan, dont il ne m'a pas parlé. Quand j'ai remarqué qu'il ne me répondait pas je suis allé voir chez lui. Il avait laissé une lettre où il me donnait l'adresse d'un rendez-vous pris avec son père. Mais... là-bas il ne restait qu'un immeuble en flamme et aucune trace de mon cousin ou de mon oncle. Je ne sais pas lequel a survécu...

Alexei frissonna en sentant les larmes du châtain s'échouer dans son cou, incapable de dire quoi que ce soit. Christian le serrait contre lui avec force, tentant de réorganiser son esprit, et imaginant le discours qu'il devrait tenir sous peu devant Aiden. Si Jean ne donnait pas de nouvelles, c'était sûrement mauvais signe... beaucoup trop mauvais signe.

Les deux amants restèrent étroitement enlacés pendant de longues heures jusqu'à ce que des coups frappés à la porte ne force le mannequin à se lever. Il alla ouvrir à son meilleur ami, lui jetant un regard effroyablement triste, et l'invita à entrer. Le brun haussa un sourcil en s'exécutant. Il allait demander à son meilleur ami ce qui lui arrivait quand il remarqua Christian, le visage fatigué et ravagé, dans l'encadrement de la porte.

Avant que l'un d'eux ne puisse dire un mot, Aiden s'effondra au sol et hurla à s'en déchirer les poumons, comprenant que son maître ne viendrait pas.