Nos Heures Dorées

49 - Basic Instinct

— Bonsoir... ?

Azrim. Je travaille pour le roi.

Je remarque sa broche dorée en forme de couronne. J'essaie d'apercevoir ses yeux mais je ne vois que deux lueurs rouges. C'est bien un démon. Enfin je crois, rien ne semble humain chez lui.

— Comment connaissez-vous mon prénom ?

Nous avons passé un pacte tous les deux, il y a quelques mois.

Mon tatouage à l'épaule commence à me brûler.

— Je pense que je m'en souviendrais, non ?

Êtes-vous sûr de vous souvenir de tout ? Vraiment tout ? N'y a-t-il pas quelque chose en moins dans votre vie ? Un vide ?

Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que l'on se connait ?

— J'avoue avoir une mémoire vacillante, surtout en ce moment. Pourquoi aurais-je passé un pacte avec un démon ?

Peut-être pour sauver ce qui vous est cher, mon phénix.

Je devrai avoir peur de ce démon, de son aura malveillant mais pourtant ai-je envie de me rapprocher de lui... suis-je devenue folle à force trainer avec Iron ?

— Je suis un peu perturbée...

Tu ne pourras pas ignorer longtemps l'attirance que tu as pour « moi ». Notre contrat ne reprendra que lorsque tu te souviendras de ce que tu as perdu. À ce moment-là, je t'accueillerai les bras ouverts, mon délicieux amour.

Il se rapproche de mon cou et l'embrasse délicatement avant de disparaître tel de la fumée. Des frissons de plaisir me traversent, une sensation que mon corps connait et désire depuis des mois... Est-ce que ce type est vraiment un démon ? Où suis-je dorénavant attirée par les démons ?

☲

Je dors extrêmement mal ces temps-ci. Mes pensées divaguent et mes souvenirs sont de plus en plus flous... Impossible de me rappeler précisément ce que j'ai vécu lors de mon arrivée à Solistis jusqu'au moment où Arthur m'a engagé.

Les mots de cet Azrim me trottent dans la tête. J'ai fait un pacte avec lui, mon tatouage et mes picotements en sont apparemment la preuve, mais un pacte pour quoi ? Qu'est-ce que j'ai perdu et que je dois retrouver ?

J'avance dans les couloirs de l'administration centrale magique avec la plus grande lassitude du monde : j'ai dû récupérer un « permis d'exercer la magie sur un territoire voisin » et cela m'a pris toute la matinée. Les joies de l'administration.

Je ne t'appartiens pas ! Je ne suis pas ta chose !

Je m'arrête devant la porte d'un bureau banal. Quelques bribes de souvenirs me reviennent en mémoire... Juste des mots et des sensations. Je toque à la porte et entre. Un vieux monsieur en costume me regarde avec étonnement.

— Je... Excusez-moi monsieur mais est-ce que je suis déjà venue vous voir par le passé ?

— Je ne pense pas, mademoiselle.

Mauvaise intuition... J'observe son bureau et remarque une trace de bois brûlé.

« Ah ça ? » me dit-il un peu embarrassé, « Des chenapans ont joué avec le feu dans mon bureau pendant les vacances d'hiver. Si je pouvais les attraper ! »

Son téléphone sonne, il répond et commence à se lever pour quitter son bureau et me fait signe de rester, même si je n'ai aucune raison de le faire.