Je voulais juste m'échapper une seconde, une minute. Et je suis tombée. Radicalement tombée sur le sol givré de cette nuit d'hiver. Il m'a regardée. Une seconde. Une minute. Et plus tard, je suis tombée à nouveau...
Christobel et Scott, deux êtres...
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On m'a souvent répété depuis mon enfance, de penser avant d'agir. Penser avant d'agir. Et pourquoi pas agir, puis penser ? Laisser faire son instinct avant que nos pensées n'envahissent chaque pore de notre peau et nous plongent dans des émotions contradictoires. Je n'ai pas fait ce qu'on m'a toujours dit, conseil ou non, je suis partie. Comme ça. J'en avais besoin . Besoin de ressentir le monde extérieur,observer les gens derrière leurs fenêtres, écouter les bruits de la nuit, oublier ceux qui m'enfermaient dans une atmosphère trop pesante. Faire le vide dans mon esprit. J'en avais besoin, oui, tellement. Je voulais hurler, courir à m'en exploser la poitrine, ressentir la vie vibrer à l'intérieur de mon être, de ce corps qui porte mon âme. Mais arrivée dans le silence, je n'ai pas voulu le briser, il était si beau. Si seul. Si accueillant. Je l'ai accompagné, j'ai marché avec lui, mes pas s'enfonçant dans la neige. Je sentais le froid me figer la peau, je sentais mes poumons me brûlaient, réclamant de l'air chaud, mais je ressentais le besoin de continuer. Et je l'ai fait, jusqu'à franchir une limite. Une limite que j'avais bien trop dépassé auparavant. Et je suis tombée. Tombée radicalement sur le sol, le verglas se brisant sous mon poids. Tomber, succomber à la gravité. Réfléchir avant d'agir, pour ne pas regretter, pour aimer nos choix, pour se tromper et apprendre. Je n'ai pas réfléchis. A quoi bon ? J'ai laissé faire mon instinct, cet instinct qui me pousse à rester ici. Dans cet appartement de briques, avec cet inconnu, dont je ne connais que le nom. Et pourtant... J'ai appris à défier la gravité, je me suis envolée. Loin de ceux qui m'ont pris ma liberté, loin de ceux qui m'ont collée un nom sur la figure et m'ont dit de me débrouiller avec, mes bagages dans les mains. De ceux qui m'ont mis à la porte, de ceux qui m'ont ouvert la leur. Alors une fois, pour une petite et simple fois, c'est moi qui suis partie. Je ne leur dois rien. Rien. Dans quelques mois, ils diront que je peux officiellement quitter cette cage, fermée depuis trop longtemps, mais j'en ai décidé autrement. Je m'en vais.
Christobel. Je ne sais même pas d'où je tiens ce prénom. Qui appelle son enfant ainsi ? Personne, puisque ce ne sont certainement pas ceux avec qui je partage mes gênes, ces inconnus sans visages qui me l'ont offert. Lorsque cet étranger l'a prononcé, c'est comme si, je ne sais pas ... Il m'avait donné une identité, dans ses yeux, j'étais quelqu'un. Pas une simple fille à problèmes qui va de foyer en foyer. Non, il m'a respectée. Et pour ça, je remercie mon instinct de m'avoir poussée à partir, parce que je suis tombée sur lui, loin du verglas froid et éphémère.