Je voulais juste m'échapper une seconde, une minute. Et je suis tombée. Radicalement tombée sur le sol givré de cette nuit d'hiver. Il m'a regardée. Une seconde. Une minute. Et plus tard, je suis tombée à nouveau...
Christobel et Scott, deux êtres...
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Scott, quatre ans plus tôt ...
Mon sac sur le dos, je cours le plus vite possible, à m'en étouffer, m'en asphyxier. Je peux presque sentir la pollution venir détruire mes poumons alors que mes pieds s'acharnent à aller plus vite sur les pavés irréguliers de la ruelle. Je dois avoir ce bus, je dois l'avoir. C'est primordial, vital. C'est ma seule chance d'échapper à cet enfer, à cet étau qui s'est refermé sur moi. Je dois aller plus vite.
La sueur perle sur mon front, et ma gorge me brûle. Je dois aller plus vite. Je peux apercevoir le bus rouler le long de la rue perpendiculaire à la mienne. Il doit me voir. Il doit s'arrêter. Ou je suis fini. J'accélère mon allure. Mon sac frappe avec violence mon dos déjà amoché par les coups, mais je n'y pense pas, je me concentre sur mes pas. Toujours plus rapides, toujours plus pressants. Quand j'arrive au bout de la rue, je dérape sur le béton alors que je tourne à droite. Je me relève aussitôt, pas le temps de penser à autre chose qu'à ce bus. Quand je le vois ralentir sa course et stopper net devant l'arrêt de bus, je remercie le ciel, le sang battant dans mes joues et le souffle court. J'irai presque serrer dans mes bras cette vieille femme qui attendait à l'arrêt dans la nuit sombre. Des larmes de soulagement coulent sur ma peau moite, alors que je me dirige vers l'entrée du transport. J'essuie cette eau salée avec la manche de mon imper et monte les marches. Le chauffeur me dévisage d'un air surpris alors que je lui tend un billet, encore essoufflé. Puis en échange, il me donne mon ticket tant attendu vers la liberté que je récupère d'une main tremblante.
Je déambule parmi les rangées de sièges vides. Sauf un est occupé par la vieille dame. Je m'assied près de la fenêtre, et respire à fond en posant mon sac à côté de moi. Mon dos me fait souffrir, et j'encaisse difficilement. Mais alors que j'observe mon reflet dans la vitre, et que mon souffle y dessine de la buée, je sais qu'à présent tout ira bien. Parce que le cauchemar est derrière moi.
Après dix-sept ans enfermé dans cet enfer, je suis enfin libre.
