Chapitre 12

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Matt embrassait Stessie depuis une heure. Du moins, il tentait maladroitement de se montrer pro et assuré. Il s'habituait peu à peu, mais son inexpérience entachait à la projection du séducteur invétéré qu'il se faisait de lui même. 

Peu importait, à vrai dire. Stessie poussait de petits gémissement en caressant son torse et elle semblait plus que séduite. 

Allongés sur son lit, ils passaient ainsi leur samedi après midi. Un peu à bout de souffle, Stessie se blottit contre lui, la tête sur son bras. 

"Matt..." murmura t-elle. 

-Hum ? émit il, distraitement en caressant les cheveux blonds de la jeune fille. 

-Je voulais te dire... Je me sens bien avec toi, vraiment. Tu me fais éprouver beaucoup de choses. 

Sur ces mots, elle leva deux grands yeux bleus vers lui. Beaux étaient ils, pensa le garçon. Pourtant, de larges cernes violette transparaissaient au travers de la peau fine de l'adolescente. 

Il pensa que Cassidy aussi possédait de jolis yeux. Mais malgré le bleu, couleur claire et légère, le regard de Stessie n'exprimait rien d'autre qu'une impression fade, terne. 

"Malgré ça, je ne me sens pas encore... prête, enfin tu comprends ?"

Matt l'observa quelques instants, puis sourit. 

-Ne t'inquiètes pas. On prendra notre temps.

Immédiatement, elle parut se détendre et lui rendit son sourire. Elle s'approcha de lui, et l'embrassa tendrement en chuchotant :

"Merci."

Matt rouvrit les yeux. Il caressait encore ses cheveux. Alors qu'elle s'installait de nouveau contre son bras, il réalisa qu'entre ses doigts demeurait une mèche blonde. 


Tout le monde aimait Kentin Hamilton. Enfin, tout le monde connaissait son nom. Il était toujours entouré, par de vrais amis, comme des faux culs. Pourtant, ce matin, Kentin ne voulait voir personne. Seul, enfermé dans les toilettes, il s'appliquait à respirer profondément pour ne pas rendre le peu de nourriture ingérée ce matin.

Il avait le visage blafard, la mine d'un condamné. Des tremblements nerveux l'agitaient régulièrement, on aurait dit un fou. Il pouvait sentir la sueur couler le long de son échine. D'une main frémissante, il sortit son téléphone. Il avait beau lire, relire, encore et encore, rien ne changeait. Il croyait devenir fou. Le garçon se leva, lentement, au son de la cloche. Passant son visage sous l'eau froide, il essayait de se calmer. Ce n'était pas le moment de fléchir. 

Toute la journée, les gens venaient le voir, pour savoir "ce qui lui arrivait". Kentin les repoussait du mieux possible, en donnant le change. La vérité, c'est qu'il tremblait d'angoisse. La journée passait trop vite. Dès qu'il tournait la tête une seconde, l'horloge avalait un quart d'heure. Alors, il fixait constamment la course des aiguilles pour s'assurer qu'elles ne l'amènent pas trop vite au moment fatidique. 

Malheureusement, à dix sept heures, les cours s'achevaient. Le garçon rassembla ses affaires, et quitta la salle de classe, chargé par l'impression de porter un fardeau gigantesque. Comme prévu, il aperçu la jeune fille aux cheveux violets, assise dans le préau. Elle écoutait probablement de la musique sur son téléphone, un cahier ouvert entre ses mains. Il s'avança vers elle. 

"Cassidy..." commença t-il. 

Elle leva ses yeux bruns vers lui, affichant subitement une mine attristée. 

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