Chapitre 25

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Le soir même, Andreas donnait rendez vous à Kentin. Puisque ce dernier vivait loin du lycée, il avait fait tout le chemin jusqu'à sa maison, une sorte de chalet en pleine forêt, non loin d'un ruisseau tranquille. 

Kentin attendait son petit ami, assis sur le perron. Enfin, il vit une silhouette progresser entre les arbres. 

"Andreas !" s'exclama t-il, tout heureux. Mais lorsqu'il s'approcha de lui, il comprit que ce n'était pas son cas. Son visage affichait une colère sourde. 

"Qu... qu'est ce qui ne va pas ?" bégaya t-il, dans l'incompréhension la plus totale. 

-A ton avis ? répliqua froidement Andreas. 

-D'accord mais ça va s'arranger... tu as envoyé le sms pas vrai ? 

Il hocha la tête. 

"Alors tout va bien. On va gagner, tout le monde saura qu'on est pas gay et on pourra traîner ensemble sans problème..."

-NON ! hurla subitement Andreas. 

Kentin sursauta.

"C'est justement ça dont je ne veux pas !" reprit-il en fulminant. "Merde, qu'est ce qui ne tourne pas rond chez toi Kentin ? Qu'on ne soit pas démonstratifs au lycée, passe encore, mais qu'on en soit au point où tu m'ignores ? Où on ne peut même plus se dire bonjour ?" 

-Mais... si on se montre tous les deux... les autres...

-Ferme là ! cracha Andréas, arrête ça ! 

Il se tourna sur le côté, cachant son visage de ses mains. Kentin sentait les larmes lui monter aux yeux. Qu'est ce qui lui prenait ? Il faisait tout son possible pour que personne ne sache, parce qu'il ne voulait pas qu'ils souffrent. Après quelques minutes, Andréas se tourna vers lui. Il pleurait. 

"Tu veux qu'on arrête ?" murmura t-il. 

Le cœur de Kentin explosa. Il sentait sa poitrine hurler d'une douleur si vive alors qu'il émettait l'hypothèse. 

"Désolé de ne pas marcher dans ta combine. Mais je ne pourrais pas. Sortir avec ces filles, coucher avec... ce n'est pas moral, et puis tu pourrais prendre leur virginité alors que tu sais que je t'aime ?"

Kentin hoqueta à ces mots. 

"Ce sera sans moi."

Qu'est ce qu'il devait faire ? Quelle solution ? Pourquoi posait-il autant de difficulté ? 

"Qu'est ce que tu choisis ?" répéta Andréas "On peut tout arrêter là, si tu ne te sens pas d'assumer." 

Kentin fixait désespérément le sol. Il retournait toutes les hypothèses dans sa tête. La vie sans Andréas, la vie où tout le lycée était au courant pour sa relation intime avec un garçon... Il devenait de plus en plus anxieux. 

Il songea à le quitter, il y avait déjà songé. Mais cette douleur s'amplifiait plus encore. 

Encore un stupide cliché, pourtant c'était vrai. Il ne voulait pas quitter Andréas, il ne s'en sentait pas capable. Était il amoureux ? Idioties, l'heure n'était pas à l'introspection de ses sentiments, tout ce dont il avait besoin de savoir était à quel point pouvait-il être loin du garçon. Impossible. 

"Je..." geint-il en tendant la main vers son petit ami.

Mais une autre douleur le retint. Il voyait des flash de ce qui pourrait arriver si le lycée apprenait pour eux. Il sentait par avance les moqueries, la solitude, les regards. Il perdrait tout. Cette routine qui était la sienne depuis toujours, elle se verrait emportée par le mépris. On connaîtrait son nom, mais au lieu de sourires ou de regards admiratifs, il porterait à ses côtés le dégoût. Cette crainte paralysa sa main. 

Virginity GameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant